La guerre silencieuse : trahison, infiltration et effondrement interne de l'État iranien

Elles sont l'expression flagrante d'une guerre du renseignement non conventionnelle, dont les fils ont été patiemment tissés au fil d'années d'infiltration, de pénétration et de recrutement au plus profond du système iranien lui-même.
Cette guerre a atteint son paroxysme le 12 juin 2025, lorsque le conflit a éclaté au grand jour, mais ses racines remontent à bien plus loin, à une époque où l'ennemi ne frappait plus aux portes de l'extérieur, mais les ouvrait de l'intérieur, avec les clés de la trahison.
Revenons à ce moment où l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que le responsable du département de contre-espionnage du régime était un agent du Mossad. Cette déclaration nous place non seulement face à un scandale sécuritaire circonstanciel, mais aussi face à un séisme éthique et institutionnel qui ébranle les fondements de l'État et pose une question cruciale : qui protège l'État lorsque ses appareils de protection sont infiltrés ? Comment une nation peut-elle résister si le poison a atteint le cœur même de sa sécurité ?
Il ne s'agit plus simplement de l'assassinat de scientifiques nucléaires, du vol de dossiers secrets, ni même de l'assassinat de hauts responsables militaires. Ce ne sont plus des actions spectaculaires dignes d'Hollywood, mais les résultats inévitables d'un pays dont les propres enfants sont devenus des outils au service de l'ennemi.
La trahison n'est pas un acte circonstanciel, mais un cancer qui s'enracine dans le corps de l'État, qui se nourrit de sa confiance et détruit sa sécurité de l'intérieur, sans avoir besoin d'armées ni de missiles. L'ennemi le plus dangereux d'une patrie n'a jamais été celui qui brandit une arme depuis l'autre côté de la frontière, mais celui qui parle la langue de son peuple, mange sa nourriture, vit parmi lui... puis lui plante un poignard dans le flanc, avec le calme de celui qui sait qu'il s'échappera.
Ce qui s'est passé et se passe aujourd'hui en Iran n'est pas seulement une affaire interne, mais un avertissement stratégique pour tous les pays qui construisent leur sécurité sur la force, qui diffusent leur idéologie et sèment des agents pour promouvoir la discorde, former et armer des groupes séparatistes ou terroristes, mais qui négligent de blinder leur propre maison de l'intérieur.
À l'ère des guerres non déclarées, la puissance ne se mesure plus au nombre de soldats ou à la portée des missiles, mais à la capacité de l'État à détecter les traîtres internes avant qu'ils ne deviennent des ponts vers la destruction. L'Iran est aujourd'hui un exemple frappant d'un État qui s'est corrompu de l'intérieur avant d'être frappé de l'extérieur, et dont la sécurité a été mise à nu non pas parce que l'ennemi est plus fort, mais parce que certains ont vendu leur patrie tout en portant l'uniforme militaire ou civil, en brandissant des cartes de sécurité et en opérant derrière des écrans et des dossiers confidentiels.
En conclusion, il s'agit d'une nouvelle guerre : une guerre des cerveaux, et non des canons ; une guerre des loyautés, et non des armes. Car lorsque les forteresses tombent de l'intérieur, toutes les autres guerres sont vaines, quelle que soit la technologie militaire dont vous disposez.
Lahoucine Bekkar Sbaai, avocat au barreau des cours d'appel d'Agadir et de Laayoune, chercheur en migration et droits humains et expert du conflit du Sahara marocain.
Traduction de l'arabe par : Abdessamad Benyaich