Du radicalisme à l'opportunisme : le front séparatiste du Polisario et sa dangereuse dérive en Espagne
Traditionnellement lié à la gauche radicale (du Parti communiste et Izquierda Unida, jusqu'à Podemos et Sumar), il a commencé à explorer de nouvelles alliances, y compris avec des secteurs d'extrême droite, dans une tentative claire de survivre dans un contexte politique de plus en plus instable.
À cette réorientation tactique s'ajoute sa proximité historique avec des formations indépendantistes telles que l'Esquerra Republicana, la CUP ou EH Bildu, avec lesquelles il partage un discours de confrontation contre l'unité de l'État.
Aujourd'hui, le contexte espagnol, marqué par une forte tension, un affrontement croissant entre le PSOE et le PP et l'affaiblissement des partis indépendantistes, a conduit le Polisario à chercher de nouvelles voies, même si cela implique de flirter avec le populisme de droite.
Dans ce contexte, les militants pro-Polisario mènent une dangereuse campagne de diffamation et de peur contre le Maroc (le Maroc veut envahir l'Espagne, comme il l'a fait avec le Sahara). Ils utilisent un discours chargé de haine, de racisme et de xénophobie, dirigé en particulier contre les citoyens marocains résidant en Espagne.
Un discours qui converge avec celui des agitateurs sociaux de droite.
On en est arrivé au point où des affiches ont été placardées dans les rues d'Almería par des partis d'extrême droite avec des images manipulées qui opposent symboliquement des femmes en burqa (attribuées au PP et au PSOE) à des jeunes filles modèles prétendument liées à VOX.
Cette stratégie vise à manipuler et à polariser l'opinion publique, à semer la peur et à déformer la vérité.
Le plus alarmant est que même des médias considérés comme sérieux et responsables se font l'écho de ces discours toxiques, alimentant, volontairement ou non, une spirale de haine qui met en péril la coexistence démocratique.
Il ne faut pas oublier que la législation espagnole est claire : l'article 510 du Code pénal punit sévèrement l'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination pour des raisons de race, de religion ou de nationalité.
En outre, la loi 15/2022 sur l'égalité de traitement renforce le cadre juridique pour protéger les victimes et garantir la cohésion sociale.
Le Front Polisario et ceux qui le soutiennent de manière radicale doivent savoir qu'ils s'aventurent sur un terrain très dangereux. Dans une démocratie comme la démocratie espagnole, qui a adopté des lois sur la mémoire historique et démocratique afin de panser les blessures du passé, il n'y a pas de place pour ceux qui tentent de ressusciter les discours de la peur et de la haine.
La réalité est que nous ne sommes plus face à un prétendu mouvement de gauche qui prétend défendre des causes nobles. Nous sommes face à un groupe qui, pour maintenir sa présence, est prêt à dynamiter les principes fondamentaux de l'État de droit, semant la division et la confrontation entre les citoyens.
Face à cela, la société espagnole, mûre, pluraliste et démocratique, saura répondre avec fermeté, bon sens et légalité.
Machij Elkarkri . Analyste politique et militant socialiste
Article précédemment publié dans Mares 30