Des vacances en Espagne pour une perpétuité à Tindouf

Campamento de refugiados saharauis de Smara, en Tinduf, Argelia - REUTERS/BORJA SUAREZ
Camp de réfugiés sahraouis à Smara, Tindouf, Algérie - REUTERS/BORJA SUAREZ
L'Espagne accueille cet été plus de 3 000 enfants des camps de Tindouf, dans le cadre de ce qu'on appelle « Vacances en paix », où des familles espagnoles accueillent ces enfants, accompagnés de membres des milices du Front Polisario

Ces derniers bénéficient de toutes les facilités pour obtenir des visas, et les municipalités et le gouvernement espagnol se portent volontaires pour financer cette opération, qui se déroule sans interruption chaque été depuis le milieu des années 90.

Les médias espagnols présentent cette opération comme un geste humanitaire, dont l'objectif apparent est de permettre à ces enfants de passer quelques jours loin des conditions difficiles des camps de Tindouf. Cependant, cette initiative s'accompagne d'une véritable propagande médiatique et des visites sont organisées pour ces enfants dans des institutions politiques espagnoles. Leur présence dans le pays est mise à profit pour promouvoir le discours séparatiste, ce qui se traduit par de nombreuses manifestations, publications, déclarations et articles de presse.

Les organisations qui se qualifient elles-mêmes d'« Amis du peuple sahraoui » considèrent que ces enfants « sont les véritables ambassadeurs de leur cause, ce sont eux qui nous poussent chaque été à réclamer justice pour leur peuple ». Ces visites leur permettent de « promouvoir l'apprentissage de l'espagnol, deuxième langue officielle de la République arabe sahraouie démocratique », ainsi que de « consolider les liens historiques entre le peuple sahraoui et le peuple espagnol, et de sensibiliser la société espagnole à la souffrance des Sahraouis ».

Inutile de s'étendre davantage sur l'exploitation politique de cette opération, qui se présente sous une apparence humanitaire. Mais ce qui est intéressant, face à ce discours superficiel et démagogique, c'est que nous avons le droit de nous poser la question suivante : quels liens historiques ont uni le peuple espagnol au soi-disant peuple sahraoui ? Quand ce peuple espagnol, avec toutes ses tendances, s'est-il mobilisé pour exiger la fin de la colonisation des régions du Sahara, qui souffraient sous l'occupation espagnole ? Il est resté silencieux, acceptant l'occupation, et même les forces de gauche espagnoles se sont opposées aux revendications du mouvement national marocain. Elles n'ont adopté la position de « l'autodétermination du peuple sahraoui » que lorsque le dictateur Franco l'a proposée, dans le but de créer un État sahraoui sous tutelle espagnole. Cette manœuvre s'inscrivait dans le cadre de ses tentatives pour anticiper la récupération du Sahara par le Maroc.

Il est vrai que les « liens » entre le peuple espagnol et les séparatistes se sont renforcés après que le Maroc a mis fin à l'occupation du Sahara par l'État espagnol. Ainsi, les institutions de cet État, ses forces politiques, ses organes élus et ses associations civiles ont compensé l'occupation par un soutien direct aux séparatistes, en apportant une aide économique et matérielle aux milices du Polisario, en les soutenant diplomatiquement dans les forums et organisations internationaux, et en recrutant des médias pour qu'ils agissent comme leurs porte-parole.

Dans ce contexte, l'opération « Vacances en paix », à propos de laquelle la journaliste espagnole Patricia Medjidi Juez a écrit sur la plateforme X (anciennement Twitter) : « Au nom de la solidarité, des milliers d'enfants sahraouis ont été transférés en Espagne pendant des décennies grâce au programme « Vacances en paix ». Une initiative présentée comme humanitaire, mais qui, sous la supervision du Front Polisario, est devenue un instrument de contrôle et de propagande ».

Selon un rapport publié par le quotidien El Independente le 18 octobre 2021, plusieurs enfants sahraouis invités par des familles espagnoles ont fini par porter des uniformes militaires et des armes sous la supervision du Polisario : « Ils sont venus comme des enfants, ils sont revenus comme des combattants ».

Cependant, ce type de reportages est très rare dans la presse espagnole, à un moment où les journalistes espagnols ont la possibilité de visiter les camps de Tindouf et de documenter ce qui s'y passe, comme le recrutement d'enfants soldats, leur participation à des défilés et l'entraînement militaire qu'ils reçoivent. Tout cela est interdit par les protocoles internationaux qui interdisent la participation d'enfants aux conflits armés, et que l'Algérie a signés. Mais la grande majorité de ces journalistes ferment les yeux sur ces faits dangereux qui violent le droit international.

La journaliste se demande : « Qui a autorisé le transfert de ces enfants vers l'Espagne ? Il n'existe aucune information claire ou transparente sur la manière dont les enfants ont été sélectionnés, ni sur le fait que leurs familles biologiques aient donné leur consentement réel. Les familles espagnoles ne sont pas non plus informées des aspects idéologiques ou militaires qui entourent ces enfants ».

Ces faits confirment que « Vacances en paix » n'est qu'une autre facette de la propagande anti-marocaine qui prévaut encore en Espagne, dans le but de perpétuer le conflit au Sahara marocain. D'autres initiatives organisées dans ce pays, telles que l'aide économique aux séparatistes, les campagnes médiatiques, le soutien dans les forums internationaux et d'autres actions ininterrompues menées par des forces et des groupes qui ont soutenu l'occupation du Sahara par l'État espagnol, continuent d'agir pour que ce dossier ne soit pas définitivement clos. Cette fois-ci, en accueillant des enfants innocents pour les utiliser dans cette stratégie, afin qu'ils ne retournent jamais dans leur patrie, le Maroc, et qu'ils restent enfermés à vie dans la prison que sont les camps de l'humiliation et de la honte.