Reconstruire l'espoir : histoires de résilience et de renouveau à Aghbar

Alto Atlas, Marruecos
Haut Atlas, Maroc
En réponse au tremblement de terre dévastateur, la Fondation du Haut Atlas a lancé des initiatives vitales pour fournir un soutien psychosocial et renforcer les capacités des communautés touchées. Parmi ces initiatives figure un atelier de transformation de trois à quatre jours, inspiré du programme IMAGINE de la Fondation, qui est au cœur de sa mission

Cet atelier est spécialement conçu pour répondre aux profondes perturbations causées par le tremblement de terre, qui a gravement déstabilisé d'innombrables vies. Alors que les gens font face à la perte de leurs maisons, de leurs proches et de leur sentiment de sécurité, il est urgent d'atténuer les dommages physiques, sociaux, économiques et psychologiques qui en résultent. Le programme vise à aider les individus et les communautés à reconstruire leur vie, en mettant l'accent sur la santé mentale et l'autonomisation.

En offrant un soutien post-catastrophe, des outils pratiques d'autonomisation et des mécanismes d'orientation sûrs, cet atelier joue un rôle clé en guidant les participants vers l'établissement d'une « nouvelle normalité » et en restaurant l'espoir à la suite de cet événement catastrophique.

Les ateliers se sont déroulés dans un village de la commune d'Aghbar, située dans la province d'Al-Haouz, à quelque 170 kilomètres de Marrakech. Cette commune, qui fait partie des zones directement touchées par le tremblement de terre, est située dans une région isolée et difficile d'accès. Plus d'un an après la catastrophe, les habitants subissent toujours des conditions climatiques difficiles et vivent dans des tentes en plastique.

Après coordination avec les associations locales et notification aux autorités, les ateliers ont été organisés du 7 au 9 janvier 2025. Au total, 35 femmes ont participé activement aux sessions.

Au total, 100 ateliers ont été organisés dans le cadre de cette initiative, touchant des milliers de personnes et leur permettant de reconstruire leur vie.

L'atelier a offert aux femmes un espace sûr et un environnement favorable pour partager leurs émotions et leurs craintes après le tremblement de terre, apprendre des techniques pour surmonter le chagrin et le stress, reconnaître leur croissance personnelle malgré le traumatisme, explorer les possibilités de nouvelles initiatives et renforcer leur résilience pour commencer à reconstruire leur vie sur le plan émotionnel.

Les participants se sont engagés dans des discussions et des activités transformatrices qui ont donné la priorité à leurs propres besoins, un répit bien nécessaire dans leur routine quotidienne exigeante, qui est souvent remplie de tâches ménagères, de soins aux personnes âgées et aux enfants, de cuisine, de blanchisserie, d'agriculture et d'élevage.

Dans le cadre de ces ateliers, je suis retournée à Aghbar, cette fois pendant la rude saison hivernale. Le froid mordant s'est emparé de la région, les températures pouvant descendre jusqu'à 1 degré. Alors que nous nous rendions en ville tôt le matin pour l'atelier, nous avons vu des enfants et des personnes âgées rassemblés dans les premières lueurs du jour, cherchant à se réchauffer dans les doux rayons du soleil levant.

Les hommes travaillaient dur et de minces panaches de fumée s'élevaient lentement des tentes vers le ciel frais, témoignage silencieux de la vie qui persiste au milieu de l'adversité. Non loin de là, les femmes étaient occupées à leurs tâches, leurs mains façonnant habilement le pain Tanourt, une spécialité régionale très prisée. L'arôme réconfortant de la cuisson du pain se mêlait à celui, riche et familier, du café, traditionnellement infusé chaque après-midi.

Dans cette scène fragile mais résistante, l'esprit de la commune d'Aghbar transparaissait, rappelant de manière poignante la force et l'unité de son peuple.

Lors de ma première visite dans la région d'Aghbar, j'ai rencontré Zayna, une femme dont le sourire permanent rayonne de force et de chaleur, et qui est toujours prête à partager ses pensées. Mère et enceinte à l'époque, lorsque je l'ai interrogée sur l'avenir du village, elle m'a dit : « Nous voulons établir un avenir durable pour la communauté d'Igg, en particulier pour les femmes qui abandonnent l'école à un âge précoce ».

À mon retour à Aghbar, j'ai appris que Zayna avait donné naissance à une petite fille, qu'elle avait appelée Houria. Curieuse de ce nom, je lui ai demandé ce qu'il signifiait. Elle m'a expliqué : « Je veux que son nom l'inspire et la rende libre, dans ses pensées, ses décisions et ses actions. Le nom Houria est dérivé du mot « liberté ».

Zayna, Fadma, Lalla Aicha et la petite Houria : ces noms représentent plus que des individus ; ils incarnent la résilience, la force et l'espoir du peuple d'Igg. Chaque femme raconte une histoire unique qui reflète les luttes et les aspirations de sa communauté.

Zayna, toujours souriante malgré l'adversité, porte la vision d'un avenir plus radieux et plus durable pour son peuple. Fadma, les mains usées par des années de labeur, symbolise la force tranquille qui soutient les familles dans les moments difficiles. Lalla Aicha, sage et aimante, sert d'archive vivante des traditions et de la culture, reliant les générations en transmettant un savoir inestimable qui enracine la communauté dans son identité. Et puis il y a le bébé Houria, dont le nom signifie « liberté », symbole de l'innocence et de l'espoir inébranlable d'un lendemain meilleur.

Ensemble, ces femmes représentent les battements de cœur du peuple. Leurs histoires s'entremêlent avec le voyage de reconstruction du village après la dévastation, leur détermination à créer des opportunités pour leurs enfants et leur foi inébranlable en un avenir où les femmes et les filles ont une chance de s'épanouir.

Les femmes de la commune d'Aghbar nous rappellent que même face à la dévastation, il existe une force, une unité et un espoir. Leur résilience nous appelle à nous tenir aux côtés de communautés comme la leur, en les soutenant sur la voie d'un avenir meilleur.

Cet article présente les ateliers d'autonomisation psychosociale organisés par la Fondation du Haut Atlas à Aghbar, au Maroc. Ces ateliers permettent aux femmes de guérir, de reconstruire et de cultiver l'espoir, la résilience et un avenir durable à la suite du tremblement de terre dévastateur de 2023.

Mariam Ait Hfid est coordinatrice de programme à la Fondation du Haut Atlas au Maroc.