Israël et l'Iran : une guerre pour l'existence, pour l'impossibilité de coexister

Premier ministre Benjamin Netanyahu - PHOTO/Government Press Office Israel
Le conflit actuel entre Israël et l'Iran marque un chapitre inédit dans le long conflit qui les oppose depuis des décennies.  

Pour la première fois, les deux pays sont engagés dans une guerre directe et ouverte, après des années de confrontation indirecte dans des théâtres d'opérations tels que Gaza, le Yémen, le Liban, la Syrie et l'Irak.

Le programme nucléaire iranien représente la principale menace existentielle pour Israël, qui ne conçoit pas un avenir sûr avec un Iran doté de l'arme atomique. Cette perception est réciproque : le régime iranien considère également que sa survie est incompatible avec l'existence d'un Israël fort et dominant dans la région.

La guerre actuelle est l'aboutissement d'une longue stratégie israélienne visant à contenir et à affaiblir l'influence régionale de Téhéran, notamment par le biais de l'affrontement avec ses alliés et ses mandataires : le Hezbollah, les Houthis et le Hamas. Dans cette première phase, Israël a cherché à « couper les bras » de l'Iran avant de s'attaquer au cœur du régime. L'objectif final du noyau dur du pouvoir israélien, dirigé par Netanyahu, est clair : la chute du régime iranien. De son point de vue, il n'y a plus de place pour les deux États dans la même région.

C'est dans ce contexte que s'inscrit le message de Netanyahu au peuple iranien, dans lequel il a souligné que l'ennemi d'Israël n'est pas le peuple, mais son régime. Une manœuvre qui vise à diviser le front interne iranien et à encourager la délégitimation du pouvoir de l'intérieur.

Pour l'Iran, la sécurité du régime est aujourd'hui plus que jamais liée à l'obtention de l'arme nucléaire. Cependant, il a subi des revers importants : il n'a pas réussi à protéger ses scientifiques nucléaires ni à empêcher la pénétration du Mossad dans ses structures militaires, politiques et de renseignement.

Sur cet échiquier régional et international, d'autres acteurs jouent également leur carte. Le président américain Donald Trump, par exemple, ne partage pas entièrement la stratégie de Netanyahu. Sa priorité est d'affaiblir le régime iranien et de le contraindre à négocier sans conditions, mais sans pousser la région vers une guerre totale. Une position qu'il partage avec le président russe Vladimir Poutine, plus préoccupé par le conflit en Ukraine et conscient que l'affrontement entre Israël et l'Iran peut être utilisé comme moyen de pression en sa faveur. Il convient de noter que les relations entre Moscou et Téhéran s'étaient déjà détériorées depuis la guerre en Syrie.

La vérité est qu'aucun des deux pays ne sortira indemne de cette confrontation. Même si les blessures ne seront pas symétriques, tous deux paieront un lourd tribut. Il s'agit d'une guerre sans pitié, dans laquelle il n'y aura pas de vainqueur clair.

Nabil Driouch, écrivain et journaliste