Le jeu dangereux du gouvernement belge

Le 5 juillet, le président français Emmanuel Macron a réitéré les propos tenus lors des dernières négociations à Vienne en février 2022 sur le dossier nucléaire iranien, regrettant que Téhéran "refuse" toujours de conclure l'accord sur la table concernant son programme nucléaire. Il a également promis de faire "tous les efforts" pour ramener l'Iran "à la raison". Néanmoins, avec tout le respect que je dois au président français, il était naïf de penser que le régime iranien irait à Vienne pour conclure un accord nucléaire, notamment en revenant sur le JCPOA et toutes ses obligations techniques et juridiques qu'il viole depuis deux ans.
L'objectif déclaré du JCPoA est d'arrêter le développement nucléaire de l'Iran. Toutefois, le régime islamique a déjà démontré à de nombreuses reprises qu'il ne cédera pas à son désir d'acquérir des armes nucléaires. En effet, la République islamique a toujours été confrontée à deux options : soit elle renonce à la construction d'une bombe atomique et donc à l'isolement régional et international, soit elle interagit et commerce avec les pays occidentaux et poursuit le développement économique de l'Iran.
Opter pour la seconde alternative signifierait clairement que le régime théocratique opte pour une coexistence pacifique avec ses voisins et, par conséquent, pour la fin des interférences régionales et de la répression interne et, enfin, pour l'éradication de la pauvreté dans le pays. C'est le doux rêve d'un diplomate occidental qui résiste à comprendre les fondements idéologiques d'un régime qui a constitutionnellement institutionnalisé la répression interne, le terrorisme, la prise d'otages et le bellicisme à l'étranger ; un régime né de dogmes religieux médiévaux, incapable de satisfaire les besoins économiques, politiques et culturels d'un peuple.
Par conséquent, dans le cadre de sa propre survie, il doit recourir à la répression interne et au terrorisme et utiliser le chantage et le bellicisme pour couvrir cette répression interne. Il existe des preuves solides que l'Iran ne renoncera jamais à la bombe atomique. La dernière en date est la nomination d'Ebrahim Raissi au poste de président de la République islamique. L'homme, dont le passé d'organisateur zélé des massacres de l'été 1988 au sein de la commission de la mort ne laisse aucun doute sur sa férocité et ses convictions, est le véritable bras armé (fidèle parmi les fidèles) du guide suprême, renforçant chaque jour un peu plus la répression contre les jeunes rebelles ou les femmes "mal voilées".
Les dernières élections présidentielles ont eu lieu à la suite de l'intention déclarée d'Ali Khamenei de créer un gouvernement du Hezbollah après les troubles de 2019. La mise en place de ce gouvernement belliqueux, totalement soumis et obéissant, a été rendue possible par deux facteurs prépondérants : la peur quasi-panique résultant du soulèvement de la population au cours de l'année 2019 et la volonté farouche d'obtenir l'arme nucléaire. En effet, l'arrivée au pouvoir d'Ebrahim Raïssi doit être décrite avant tout comme une formation de guerre, visant, d'une part, à faire face aux soulèvements populaires et, d'autre part, à maintenir le contrôle des programmes nucléaires et de missiles, le bellicisme régional et l'"aventurisme" international.
Ebrahim Raïssi était le candidat idéal pour diriger cette mission. Il est reconnu dans le pays comme l'agent le plus obéissant et le plus répressif de Khamenei. Si le Guide suprême de l'Iran voulait vraiment un accord avec les 5+1, il aurait dû le signer avant la fin de la présidence d'Hassan Rohani et le départ de Mohammad Javad Zarif.
L'accord actuel entre le gouvernement belge et le régime iranien est censé être signé pour permettre l'échange de citoyens européens condamnés en Iran pour espionnage. En fait, elle dissimule d'autres vérités. Dans un contexte international dominé par la guerre russe en Ukraine et les sanctions qui en découlent, la perspective du gaz iranien pousse les dirigeants européens à violer leurs idéaux, brandis à chaque élection. En effet, le gaz iranien permettrait à l'Europe d'échapper à sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.
Cependant, dans le passé, l'Iran a eu de nombreuses occasions de vendre son gaz sur le marché. D'une part, l'Iran conserve son autonomie idéologique et permet à la Russie de devenir le premier exportateur de gaz au monde. En contrepartie, Moscou interdit tout consensus global contre l'Iran au sein des Nations unies. En d'autres termes, cette option est une impasse pour l'UE et l'Occident, un échec déjà prévu depuis des années par Téhéran et Moscou. De plus, si Téhéran avait réellement voulu vendre son pétrole et son gaz sur le marché, il l'aurait fait dans le cadre d'un accord avec les pays occidentaux, accord grâce auquel il aurait obtenu toutes sortes de privilèges, mais à la condition qu'il cesse toute tentative d'obtenir une puissance nucléaire militaire. Inacceptable !
En fait, en retardant constamment les négociations, le régime iranien gagne du temps pour tenter d'atteindre le "point de non-retour", le point crucial qui lui permettrait d'obtenir la technologie complète pour la production d'armes nucléaires afin de réduire la pression internationale à son encontre et, si possible, de profiter de l'éventuel élargissement du fossé entre l'Europe et l'Amérique.
Dans ce contexte, le jeu que joue la Belgique est dangereux, car non seulement elle légitime le terrorisme du régime islamique, mais en même temps, en créant des facilités pour la vente du pétrole iranien, elle aide indirectement les politiques de répression et de bellicisme de l'Iran et, en fin de compte, elle facilite également l'accès à la bombe. La question qui se pose aux parlementaires belges qui voteront le jeudi 14 juillet est la suivante : savent-ils qu'en votant en faveur du projet de loi autorisant le retour du diplomate terroriste iranien et sa libération par le biais d'une amnistie, ils encouragent le régime à poursuivre ses actes terroristes et l'aident indirectement à construire une bombe atomique ?
Au sujet de l'auteur:
Nader NOURI
Ancien diplomate iranien (secrétaire puis conseiller de l'ambassade d'Iran à Paris de 1980 à 1985)
Secrétaire général de la Fondation d'études pour le Moyen-Orient (FEMO), basé à Paris
Co-auteur de l'ouvrage collectif "Où va l'Iran?" (sous la direction de François Colcombet, cofondateur du Syndicat de la magistrature, ancien député socialiste, Allier)