La tentative de Yolanda Diaz de placer le Maroc en douce dans sa campagne électorale échoue

Les partis politiques qui ont le "sens de l'Etat", y compris les nationalistes basques et catalans, bien que ces derniers le fassent dans une optique mi-ethnique, mi-régionaliste, n'ont pas réussi à entrer dans le "torchon" lancé par Yolanda Diaz pour introduire "la question marocaine" dans les débats de la campagne électorale pour les élections municipales et régionales autonomes qui est déjà en cours.
La vice-présidente du gouvernement a voulu introduire l'épineux dossier des relations entre l'Espagne et le Maroc, avec au centre la question du Sahara occidental, afin de forcer les grands partis à s'impliquer et à prendre position. Cette question divise la société espagnole depuis près d'un demi-siècle et constitue un affrontement permanent entre toutes les factions de l'arc politique parlementaire et extra-parlementaire.
Cependant, malgré la brutalité de ses accusations, qualifiant le roi Mohammed VI de "dictateur" et menaçant de "rompre les relations actuelles qui existent entre les deux pays depuis un an" si elle venait à gouverner, aucun parti ne l'a soutenue. Si la numéro deux du gouvernement voulait mettre en porte-à-faux ses partenaires au gouvernement, le PSOE, et leurs soutiens extérieurs, les Catalans et les Basques, les nationalistes et les républicains, elle n'a pas réussi.
Certainement, ces formations politiques qui se sont tues n'ont pas la même perception de leur voisin du sud, ni des possibles solutions viables au conflit du Sahara occidental, mais dans toutes, du moins jusqu'à présent, l'idée a prévalu que "ce n'est pas un problème qui concerne les élections municipales et régionales". Pedro Sánchez l'avait déjà fait quelques jours plus tôt en ordonnant qu'un citoyen brandissant un drapeau du Front Polisario soit expulsé de la salle d'une réunion du parti. Ce n'était ni le lieu ni l'heure. Cela n'enlève rien au fait que le gouvernement de Sánchez maintient l'aide aux camps de réfugiés sahraouis en Algérie, qui passe de 8,3 millions d'euros en 2022 à plus de 12 millions en 2023. Bref, le Maroc, le Sahara, l'Union européenne, les États-Unis et la guerre en Ukraine ne sont pas du ressort des maires ou des présidents de région, mais de la politique étrangère de l'État.
Ce n'était cependant pas le seul objectif de Diaz en évoquant la "question maroco-saharienne". La dirigeante de la récente formation politique SUMAR, qui fait ses débuts dans ces prochaines élections, a voulu porter un coup fatal à ses rivaux d'Unidas-Podemos, qui croyaient jusqu'à présent détenir le monopole des mobilisations populaires "en solidarité avec le peuple sahraoui", en se présentant comme le champion de la liberté des "peuples opprimés et colonisés". Et ce, parce que Yolanda Diaz aspire à réunir tout l'arc extrême, de la gauche radicale socialiste aux anarchistes et républicains anti-système, dans un nouveau Front populaire sous sa houlette. Yolanda Diaz sait qu'elle ne pourra jamais donner le "sorpasso" lors d'une élection générale, mais elle veut être la seule interlocutrice du PSOE pour répéter un futur gouvernement de coalition, tant que les urnes le lui permettront.