Le retour de Donald Trump provoquera des turbulences en Méditerranée occidentale

El presidente electo de Estados Unidos, Donald Trump, en Mar-a-Lago en Palm Beach, Florida, Estados Unidos, el 7 de enero de 2025 - REUTERS/CARLOS BERRIA
Le président élu Donald Trump à Mar-a-Lago à Palm Beach, Floride, États-Unis, le 7 janvier 2025 - REUTERS/CARLOS BERRIA
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche va bouleverser les relations géopolitiques dans toute la région de la Méditerranée occidentale, en Europe du Sud et en Afrique du Nord. Le nouveau secrétaire d'État, Marco Rubio, a déjà annoncé des orientations qui affecteront l'Espagne et ses environs

L'un des objectifs fermes de la nouvelle administration républicaine est de réactiver les accords d'Abraham, établis en 2020 avec la signature d'un accord de paix entre les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan avec Israël à la Maison Blanche et annoncés depuis le bureau ovale par Donald Trump. Un mois et demi plus tard, le Maroc signait le rétablissement de ses relations diplomatiques avec Israël, rejoignant de facto les accords d'Abraham. Cet accord historique n'était qu'un début. Il devait être complété par l'adhésion des monarchies du Golfe, notamment l'Arabie saoudite. 

Mais les accords d'Abraham n'étaient pas une priorité pour le démocrate Joe Biden, ce qui a préparé le terrain pour la poudrière régionale qui a éclaté avec les attaques du mouvement Hamas contre Israël et la réponse guerrière de l'État hébreu d'abord contre Gaza, puis contre le Liban et la Syrie. Symboliquement, on pourrait dire que Trump a proposé une « Pax colloquiorum » et Biden une « Pax belli », le dialogue contre les armes, une solution négociée contre la paix des cimetières.

Donald Trump veut relancer les accords bilatéraux entre les pays arabes et Israël. Avant d'entrer dans le bureau ovale, il avait déjà réussi à faire signer à Israël un cessez-le-feu avec le mouvement Hamas et les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. Mais son projet rencontrera des difficultés en Méditerranée occidentale.

Le Maroc, qui a déjà signé son engagement en faveur des accords d'Abraham, rétablissant ainsi les relations avec Israël, sera le pays clé sur lequel Trump s'appuiera. Face à lui, l'Algérie, hostile aux accords, et l'Espagne, dont la politique dans l'équation israélo-palestinienne suscite la méfiance de la Maison Blanche. Il est plus que probable que Marco Rubio, le responsable de la politique étrangère de Donald Trump, écarte l'Algérie et l'Espagne de la voie diplomatique américaine. 

Avec l'Algérie, l'administration Trump recréée a des engagements sur les questions de sécurité et une présence prépondérante des entreprises américaines du lobby énergétique dans l'exploitation des hydrocarbures en Algérie. En réalité, c'est Alger qui dépend de Washington pour sa survie, donc le régime d'Abdelmadjid Tebboune ne sera jamais un problème pour Trump. 

Avec l'Espagne, Donald Trump semble vouloir pratiquer la chaise vide. Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez n'est plus à l'ordre du jour des États-Unis, tant en ce qui concerne le Moyen-Orient que l'Europe. La reconnaissance unilatérale de l'État palestinien et la condamnation du « génocide israélien à Gaza » par Sánchez n'ont pas fait bouger l'administration Biden, et encore moins Donald Trump. Les bases militaires en Espagne étant assurées (aucun gouvernement n'oserait les remettre en question), la Maison Blanche mettra le gouvernement espagnol sur la touche, même s'il s'agit de « partenaires stratégiques et d'amis ». Le nouvel ambassadeur, Benjamín León Jr, arrivera à Madrid avec un agenda ibéro-américain chargé. Une situation qui pourrait changer avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement en Espagne, vraisemblablement issu du Parti Populaire, que Washington considérerait comme plus loyal et sur lequel il pourrait compter. 

Le détroit de Gibraltar, en tant que tel, occupera une place importante dans les plans de Trump-Rubio. La marine américaine a déjà manifesté son intérêt pour le projet de tunnel du détroit reliant l'Espagne au Maroc, qui devrait être achevé dans les années 1930. Pas pour la Coupe du monde 2030, car « les délais ne le permettent pas », selon des sources proches du macro-projet, mais dans le courant de la décennie. L'équipe de Donald Trump s'est fixé des objectifs économiques et militaires à travers le monde, comme Panama, Suez, Gibraltar, Bosphore et Malacca, afin de contrôler le commerce mondial en cas de crise majeure. 

Les relations entre les États-Unis et l'Union européenne, avec l'imposition de tarifs douaniers et la remise en cause de l'OTAN en cas de réticence de ses membres européens à augmenter leurs budgets de défense, auront un impact important sur l'Espagne, dont le gouvernement est fracturé sur ce point. Le Maroc est plus à l'aise, compte tenu de ses accords avec les Etats-Unis et de la propreté de ses relations bilatérales. 

Les négociations prévisibles entre les États-Unis et la Russie sur l'Ukraine affecteront également l'Espagne, qui a opté pour la guerre comme solution au conflit. Si Donald Trump s'entend avec Vladimir Poutine sur la future carte géopolitique du continent, l'Union européenne, en raison de son manque de compétitivité sur le marché mondial, risque la paralysie. 

Jamais l'arrivée d'un nouveau président aux États-Unis n'a suscité une telle attente mondiale. L'Espagne, comme d'autres pays, sera affectée et sa politique intérieure et extérieure subira les conséquences du manque de prévoyance et de l'infantilisme qui l'ont caractérisée ces dernières années.