Scénarios après la fin de l'accord de pêche Maroc/UE

Le gouvernement espagnol est confronté à un problème qu'il n'a ni les moyens ni la capacité de résoudre : la fin de l'accord de pêche entre le Royaume du Maroc et l'Union européenne, qui expire en juillet prochain.
Des voix émanant de l'exécutif lui-même et des partis politiques qui le composent insinuent que, ayant le dernier mot, on pourrait s'attendre à ce que la Cour de justice de l'Union européenne, qui doit se prononcer vers la fin de l'année sur la contestation de l'accord encore en vigueur par le lobby européen en faveur du duo Polisario/Algérie, adopte une décision de la Cour de justice de l'Union européenne, qui doit se prononcer vers la fin de l'année sur la contestation de l'accord, toujours en vigueur, il est prévisible que la Cour adoptera la même position que la Cour britannique dans une plainte similaire, qui a refusé aux plaignants le droit d'annuler l'accord de pêche entre le Royaume-Uni et le Maroc, qui, comme celui signé avec Bruxelles, inclut les eaux adjacentes au Sahara occidental.
La position adoptée par Londres ne sera pas répétée à Bruxelles, d'abord parce que le lobby Polisario/Algérien en Grande-Bretagne n'a pas la même force que sur le continent, et ensuite parce que le système judiciaire britannique ne dépend pas des questions de politique intérieure comme le fait le système judiciaire européen.
Dans cette perspective, il faut partir du principe que l'accord de pêche euro-marocain est terminé et qu'il n'y en aura pas de nouveau.
Dans ces conditions, la question qui se pose en Espagne en général et en Andalousie en particulier, d'où sont originaires la plupart des 80 bateaux de pêche espagnols qui ont bénéficié de l'accord, est de savoir s'il existe une solution au problème et, dans l'affirmative, laquelle. C'est la discussion qui doit avoir lieu et que, semble-t-il, le gouvernement actuel évite d'aborder en public, supposant au mieux qu'il le fait en privé.
La flotte de pêche espagnole, avant tout andalouse, est confrontée à plusieurs alternatives possibles :
- Compte tenu de la fin de l'accord bilatéral entre le Maroc et l'Union européenne sur cette question, un accord bilatéral entre le Maroc et l'Espagne est envisageable. Cela va évidemment à l'encontre des règles imposées par la bureaucratie du mastodonte unioniste européen, mais dans plusieurs pays de l'UE, on se demande si Bruxelles a le pouvoir de forcer les membres de l'UE à faire dépendre leurs intérêts nationaux de ceux de l'Union. De plus en plus de forces politiques européennes se demandent si la jurisprudence européenne doit primer sur les intérêts nationaux. Si l'Espagne s'en tient à cette position, il ne faut pas exclure un retour aux accords bilatéraux hispano-marocains en la matière.
- Deuxièmement, on peut envisager un scénario dans lequel les protagonistes sont le Royaume du Maroc, d'une part, et les gouvernements autonomes espagnols concernés, d'autre part, c'est-à-dire les îles Canaries, l'Andalousie et la Galice. Parmi les prérogatives que l'Union accorde ou devrait accorder aux régions périphériques figure celle de conclure des accords économiques et commerciaux avec des pays tiers hors de l'UE, au bénéfice de leurs populations respectives. Cela s'applique-t-il au cas de la pêche et de l'agriculture ? Une question à débattre.
- Une troisième alternative est la formation de sociétés mixtes hispano-marocaines, spécifiquement pour le secteur de la pêche, dont l'objectif explicite devrait être de pêcher dans les zones de pêche marocaines, qu'elles soient souveraines ou sous juridiction marocaine. Le champ d'action de ces sociétés mixtes peut être étendu à d'autres domaines du secteur, transformation, conditionnement, transport, etc.
- Il ne faut pas non plus exclure la possibilité de conclure des accords commerciaux avec des tiers pour que la flotte espagnole puisse continuer à pêcher dans les zones de pêche marocaines.
Ces scénarios ne sont peut-être pas les seuls à envisager, mais ce qui est urgent, compte tenu de la crise qui s'annonce pour les flottes andalouse, canarienne ou galicienne, c'est de les aborder ouvertement.