AMLO et son héritage empoisonné à Sheinbaum

El presidente de México, Andrés Manuel López Obrador, habla durante la conferencia informativa diaria frente a reporteros en Palacio Nacional,16 de agosto de 2023, Ciudad de México, México&nbsp;- <a href="https://depositphotos.com/es/?/ ">Depositphotos</a>
Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador s'exprime lors de la conférence de presse quotidienne devant les journalistes au Palais national, 16 août 2023, Mexico, Mexique - Depositphotos
La présidente élue du Mexique, Claudia Sheinbaum, n'a pas réussi à retarder la réforme judiciaire préconisée par Andrés Manuel López Obrador

Son intention était d'essayer de gagner du temps et d'arriver à son investiture le 1er octobre sans que la réforme ait été approuvée, puis de procéder à la modification de certains chapitres clés, en particulier ceux qui provoquent la débandade silencieuse de plus d'un homme d'affaires mexicain et la méfiance des États-Unis et du Canada, ses partenaires dans l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). 

AMLO, l'acronyme sous lequel est connu l'actuel président du Mexique, a ainsi atteint l'objectif principal de son mandat : soumettre le pouvoir judiciaire, qui deviendra désormais pratiquement un appendice de l'exécutif. 

Le cœur de la réforme est que les juges, y compris ceux de la Cour suprême, seront élus au suffrage universel à partir d'une liste de candidats proposés à parts égales par les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Il va de soi, compte tenu des majorités qui se forment dans les deux chambres législatives, que les juges qui aspirent à rendre la justice devront bénéficier de la sympathie et de l'appui du président de la nation, ainsi que de celui des députés de leur parti. En effet, si la réforme est aujourd'hui en marche, c'est grâce aux victoires électorales de Morena (Movimiento para la Regeneración Nacional), le parti d'AMLO et de Sheinbaum. 

Les examens et concours de mérite et de capacité, jusqu'ici indispensables pour aspirer à devenir membre de la Cour suprême de justice, seront également supprimés. Le nombre de magistrats-présidents (appelés ministres) sera également réduit de onze à neuf, ainsi que la durée maximale de leur mandat, qui passera de quinze à douze ans. 

Le Conseil fédéral de la magistrature, homologue du CGPJ espagnol, sera également supprimé. Chargé d'administrer et de superviser le travail et la conduite des fonctionnaires judiciaires, il sera remplacé par un tribunal de discipline judiciaire, habilité à renvoyer les affaires pénales qu'il juge opportunes au bureau du procureur général (Fiscalía General) ainsi qu'à engager une procédure de destitution contre les juges eux-mêmes devant la Chambre des députés. 

Un autre point essentiel de la réforme est l'installation de ce que l'on appelle des « juges sans visage », c'est-à-dire des magistrats anonymes afin de préserver leur identité et, par conséquent, leur sécurité dans les procédures contre la criminalité organisée. Ce point, qui, exprimé ainsi, pourrait faire l'unanimité, est pourtant sévèrement critiqué, entre autres organisations, par l'Office des droits de l'homme des Nations unies lui-même, qui considère que cet anonymat « empêche de connaître l'aptitude et la compétence professionnelle des juges ». 

Après qu'AMLO ait obtenu le vote au Sénat du député PAN Miguel Ángel Yunes, vote décisif pour atteindre les deux tiers requis par la Constitution, le président mexicain était fier de laisser prête cette transformation radicale du pouvoir judiciaire, que López Obrador ne s'est pas lassé d'accuser de servir l'opposition et d'agir pour des intérêts politiques.  

Son insistance sur le fait que le système judiciaire était « pourri », accusation presque identique à celle qu'il porte aux journalistes et aux médias qui ne lui obéissent pas, lui a permis de présenter cette réforme comme un pilier de sa prétendue mission de régénération du pays. Les vives protestations qui ont suivi le vote du Sénat en faveur de la réforme (86-41) ont été rejetées par le président, sans aucun signe de dissidence de la part de son successeur imminent. 

Au cours de ses six années de mandat, AMLO a ignoré les appels des juges à doter l'appareil judiciaire de plus de moyens pour améliorer les capacités d'investigation de plus en plus rares, une revendication d'autant plus urgente que l'augmentation exponentielle de la délinquance et du crime organisé a fait du Mexique le nouveau leader mondial dans ce sinistre domaine, dans une lutte acharnée avec la 'Ndrangheta italienne. 

Si López Obrador n'a pas réalisé son rêve de réformer la Constitution pour pouvoir se présenter à la présidence et rester au pouvoir comme l'ambitionnent tant de ses collègues latino-américains, il semble incontestable qu'il a réussi à conditionner le mandat de six ans de son successeur. Non seulement il lui laissera l'héritage empoisonné d'une justice qui ne sera manifestement plus indépendante, mais il a également imposé la continuité d'au moins 30 ministres et hauts fonctionnaires, dont Rosa Iceta Rodríguez, Alicia Bárcena, Raquel Buenrostro, Edna Elena Vega, Marcelo Ebrard et Juan Ramón de la Fuente, qui sont tous des soutiens indéfectibles du président. 

L'emprise d'AMLO sur Sheinbaum est telle que la prochaine présidente du pays n'a pas pu choisir le lieu de sa résidence, après avoir manifesté son aversion pour le Palais national. 

Loin de se retirer de la vie politique active, López Obrador montre des signes indéniables de sa volonté de continuer à conduire le destin du pays. Sa dernière intention, pour l'instant, est de placer son propre fils, Andrés López Beltrán, impliqué dans diverses affaires de corruption présumée, comme numéro deux du parti Morena, à la tête duquel il souhaite également placer Luisa María Alcalde, qui était jusqu'à présent sa secrétaire à l'Intérieur. 

Durante sus seis años de mandato, AMLO ha desoído los llamamientos de los jueces a que dotara de más medios al aparato judicial para mejorar las cada vez más escasas capacidades investigativas, reclamación tanto más urgente cuanto que el aumento exponencial de la delincuencia y del crimen organizado ha convertido a México en el nuevo líder mundial en tan siniestro apartado, en dura pugna con la ‘Ndrangheta italiana.  

Si López Obrador no consiguió su sueño de reformar la Constitución para poderse representar a elecciones presidenciales, y eternizarse en el poder como aspiran tantos de sus colegas latinoamericanos, parece indiscutible que ha logrado condicionar el sexenio de su sucesora. No sólo le deja la herencia envenenada de una justicia que a todas luces ya no será independiente, sino que también le ha impuesto la continuidad de al menos 30 ministros y altos cargos, entre ellos Rosa Iceta Rodríguez, Alicia Bárcena, Raquel Buenrostro, Edna Elena Vega, Marcelo Ebrard y Juan Ramón de la Fuente, todos ellos de inquebrantable adhesión al presidente.  

El control que AMLO ejerce sobre Sheinbaum llega hasta el extremo de que la próxima presidenta del país no ha podido elegir el lugar de su residencia, tras haber mostrado aversión a habitar el Palacio Nacional.  

Lejos de retirarse de la vida política activa, López Obrador ofrece signos inequívocos de querer continuar teledirigiendo los destinos del país. Su última pretensión, por ahora, es la de colocar a su propio hijo, Andrés López Beltrán, señalado en diversos casos de presunta corrupción, como número dos del partido Morena, a cuya cabeza quiere situar, asimismo, a la que ha sido hasta ahora su secretaria de Gobernación, Luisa María Alcalde.