Kishida ne supporte plus la pression et annonce sa démission

El primer ministro de Japón, Fumio Kishida, se prepara para salir al final de una rueda de prensa en la oficina del primer ministro en Tokio el 14 de agosto de 2024. Kishida confirmó el 14 de agosto que no se presentará a la reelección al frente de su partido el mes que viene, lo que supone el fin de su cargo de primer ministro – PHOTO/Philip FONG/POOL/AFP
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida se prépare à partir à la fin d'une conférence de presse au bureau du Premier ministre à Tokyo, le 14 août 2024. M. Kishida a confirmé le 14 août qu'il ne se représenterait pas à la tête de son parti le mois prochain, marquant ainsi la fin de son mandat de premier ministre - PHOTO/Philip FONG/POOL/AFP
Fumio Kishida, Premier ministre du Japon, quatrième économie mondiale, a annoncé son retrait surprise de la course à la direction du Parti libéral démocrate (PLD), ce qui entraîne automatiquement sa démission au poste de Premier ministre.

Député de la préfecture emblématique d'Hiroshima depuis 1993, Kishida a succédé à son père et à son grand-père dans ce siège, ce qui donne une bonne idée du poids de la tradition dans la politique japonaise.

En annonçant sa démission mercredi, Fumio Kishida l'a justifiée par le fait que "dans cette élection pour la direction du PLD, il est nécessaire de montrer aux gens que notre formation politique est en train de changer, et le premier pas vers cela est ma propre démission. Je prends cette décision difficile avec la ferme conviction que l'activité politique n'est possible que si l'on a la confiance du peuple".

A la tête de la faction la plus faible du PLD, Kishida a dû faire de nombreuses concessions depuis sa prise de fonction en 2021 aux factions les plus fortes du parti, notamment l'aile ultra-nationaliste, dirigée jusqu'à son assassinat par l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, le propre mentor de Kishida, qui n'a jamais réussi à approcher le charisme de son prédécesseur.

Au-delà de ses propres mots, les deux principales raisons de la démission prochaine de Kishida sont sa popularité très affaiblie (à peine 25% approuvent son administration, selon les sondages de la NHK), et les scandales financiers qui ont secoué le parti, en particulier au cours de l'année écoulée. Sa perte de popularité est principalement due à l'échec de son plan de relance de novembre 2023, dans lequel il a décrété un ensemble de mesures et d'investissements d'une valeur de 17 000 milliards de yens (106 milliards d'euros), qui n'ont pas permis de réduire les prix élevés des importations japonaises, en particulier des denrées alimentaires, dont la quasi-totalité provient de l'étranger. Malgré cette formidable injection financière, le Japon n'a pas non plus réussi à redresser sa production industrielle, qui a baissé de 0,7 % au premier trimestre 2024. Quant à la monnaie nationale, le yen a été l'une des plus touchées tout au long de l'année 2023, avec une forte dépréciation (10,14 %) par rapport à l'euro et au dollar.

Quant aux scandales financiers de son parti, ils sont centrés sur des paiements présumés qui seraient allés dans les poches de plusieurs membres du PLD. Ceux-ci sont accusés d'avoir dépassé les limites légales en matière de collecte de fonds, ce qui est en soi contraire à la loi, quelle que soit la destination de la collecte excédentaire présumée.

À 67 ans et après avoir passé plus de la moitié de sa vie en politique, Fumio Kishida laisse néanmoins derrière lui une politique internationale japonaise renforcée. Il a établi les meilleures relations avec la Corée du Sud depuis la Seconde Guerre mondiale et renforcé les liens avec les États-Unis. En avril dernier, il a signé 70 accords de défense majeurs avec Washington, dont des chapitres spécifiques sur la coopération technologique avancée, de la construction de missiles aux débarquements conjoints de navires, en passant par l'élaboration d'actions et de stratégies communes pour contenir la Chine dans ses mers du Sud et de l'Est, le tout dans le but évident d'empêcher Pékin de tenter de s'emparer de Taïwan, qu'elle considère comme "une île voyou, faisant inaliénablement partie de la Chine".

L'accord de Washington, qui sera plus tard renforcé par l'inclusion des Philippines dans l'architecture d'endiguement, a immédiatement provoqué la colère du président chinois Xi Jinping, dont les porte-parole ont accusé Washington et Tokyo d'avoir "formé une alliance pour diffamer et attaquer la Chine".

Kishida s'est également engagé à créer une architecture de défense aérienne et de missiles avec les États-Unis et l'Australie, tout en annonçant le lancement d'exercices militaires trilatéraux avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

Tout cet échafaudage sera laissé au successeur de Kishida lorsqu'il se lancera dans la course qui doit culminer en septembre. L'actuel Premier ministre japonais a déclaré qu'il "espère que les candidats [à la direction du PLD, et donc du gouvernement] ont les qualités nécessaires pour s'engager à disputer le poste dans le cadre d'un débat sérieux", faisant allusion aux changements majeurs qu'un parti hégémonique comme le PLD, qui n'a pas quitté le pouvoir depuis 1945, doit opérer.