L'heure des comptes olympiques

La ceremonia de clausura de los Juegos Olímpicos de París se celebra en el Stade de France de Saint-Denis, Francia, el 11 de agosto de 2024 - PHOTO/Takuya Matsumoto/Yomiuri/The Yomiuri Shimbun vía AFP
La cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris aura lieu au Stade de France à Saint-Denis, en France, le 11 août 2024 - PHOTO/Takuya Matsumoto/Yomiuri/The Yomiuri Shimbun via AFP
Ceux qui avaient parié sur l'échec des Jeux olympiques de Paris, compte tenu de la crise sociale prolongée que traverse la France et de la crise politique non résolue impulsée par le président Emmanuel Macron, auront vu l'erreur de leurs prévisions.

Qu'on le veuille ou non, la France en général et Paris en particulier ont accroché à leur cou une incontestable médaille d'or du soft power, celui qui s'imprègne et s'enracine dans les cœurs et les esprits de l'humanité par opposition au pouvoir fort exercé par l'économie et la puissance des armes.

Depuis que Tokyo 2020, avec son coût de 20 milliards de dollars, a pris la première place dans l'histoire olympique (si l'on exclut les 40 milliards de dollars estimés pour Pékin 2012, mais c'est une autre histoire), peu de villes se sont portées candidates pour les événements quadriennaux successifs, qu'il s'agisse des Jeux d'été ou des Jeux d'hiver. Les arguments tels que "vous placerez votre ville sur la carte du monde" ou "vous multiplierez le volume du tourisme, des affaires et des investissements" n'étaient plus assez attrayants pour convaincre les candidats potentiels - Madrid, par exemple - que les coûts considérables de l'accueil des Jeux olympiques seraient compensés par les bénéfices futurs supposés.

Or, à défaut d'éteindre définitivement la flamme olympique (n'oublions pas que les Jeux paralympiques, qui se tiendront également à Paris du 28 août au 8 septembre, sont encore à venir), le bilan va devoir subir un certain nombre de modifications.

Tout d'abord, le Comité international olympique (CIO) aura réussi à démontrer que la spirale ascendante des coûts s'est arrêtée, puisque ces Jeux seront passés sous la barre des 10 milliards de dollars pour la première fois depuis Sydney 2000. Ainsi, Athènes 2004, Pékin 2008, Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo 2020 ont connu d'énormes déficits qui n'ont été compensés ni financièrement, ni par ce que l'on appelle les intangibles, c'est-à-dire les retombées économiques à court et à long terme, ainsi que l'effet domino supposé dans les années qui suivent l'événement.

Selon une étude de l'Université d'Oxford, publiée en mai dernier, les six derniers Jeux, avant Paris, ont entraîné un écart budgétaire de plus de 100 %, ce qui, de l'avis de ses auteurs, n'a jamais été le cas pour les budgets d'autres grands événements ou œuvres emblématiques.

Mais, tout bien considéré, la vérité est qu'en dehors du sacro-saint football, il n'existe aucun autre événement mondial qui non seulement bénéficie d'une audience médiatique aussi massive, mais qui offre également à l'humanité entière la démonstration que même l'athlète le plus inconnu du pays le plus ignoré peut remporter la gloire d'une médaille olympique, méritant ainsi l'hommage de tous les autres. Les chaînes de télévision de tous les pays qui ont un représentant spécialisé dans un domaine supérieur à tous les autres le couvrent d'attention. Et, parmi les plus puissants, leur propre public découvrira des sports, des modalités et des compatriotes en chair et en os auxquels il n'avait pas prêté attention jusqu'à ce qu'il les découvre aux Jeux.

Dans ce chapitre de la diffusion, il convient donc de noter la vision de NBCU qui, en 2014, a réussi à convaincre le CIO de lui accorder les droits de diffusion "sur toutes les plateformes et tous les médias" pour la période 2021-2032. À l'époque, beaucoup considéraient qu'une telle offre de 7,65 milliards de dollars était trop risquée. Avec ce qui a déjà été récolté à Paris, plus de 3 milliards, et la projection qu'ils ont déjà pour Los Angeles 2028, ils vont engranger des revenus jamais vus pour des événements olympiques.

Chaque pays participant, et pour ces Jeux il y a eu 205 délégations, a fait ses propres investissements et fera certainement aussi un bilan des pertes et profits pour ceux-ci. Dans le cas de l'Espagne, les attentes de dépasser les 22 médailles gagnées à Barcelone en 1992 n'ont pas été satisfaites, mais l'effort financier consenti à l'époque avec le programme ADO n'a pas non plus été réalisé cette fois-ci. L'Italie, le miroir dans lequel l'Espagne veut se regarder dans tant de choses, l'a fait et a remporté deux fois plus de médailles que les Espagnols. Les médailles, symbole de la gloire olympique, contribuent également au rayonnement et au prestige d'un pays, c'est-à-dire à son soft power, corollaire de son niveau général dans le concert mondial des nations.

Enfin, en ce qui concerne la France, un éditorial du Monde rappelle qu'"aucun événement sportif n'a jamais résolu un malaise social persistant ou une crise politique", faisant clairement allusion au panorama post-électoral et pré-olympique du pays. Pourtant, à la lumière de ce qui a été vécu et constaté pendant ces 17 jours, la France a montré un Etat en ordre de marche, des services publics mobilisés et irréprochables, des entreprises fiables et une armée de volontaires venus du monde entier, qui ont montré le visage le plus accueillant de la France. Bref, un puissant coup de fouet pour le moral d'un peuple et d'une nation qui veut encore projeter son histoire et son influence sur une communauté internationale qui peine à trouver ses repères.