Terrorisme islamiste : la Russie terrorise l'Ukraine

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Attaque terroriste dans une salle de concert à Moscou. capture vidéo

Rien de plus logique que la Russie appelle à une solidarité internationale sans faille et à une condamnation unanime de l'attaque terroriste contre une salle de concert bondée à Krasnogorsk, dans la banlieue de Moscou, revendiquée peu de temps après avoir été commise par Daesh, l'État islamique sanguinaire et autosatisfait. 

Pour ceux d'entre nous qui abhorrent le terrorisme, notamment parce qu'ils ont été victimes, témoins directs ou victimes des conséquences de ces attaques, il n'y a pas de distinction à faire. Il n'y a pas de bon terrorisme, ils sont tous abominables, d'autant plus que leurs auteurs n'hésitent pas à tuer sans discernement au nom d'un objectif supposé plus élevé dans leurs cerveaux tourmentés. 

Comme dans tant d'autres attentats, les dizaines de morts, de blessés et de mutilés que ce massacre laissera derrière lui deviendront avec le temps des chiffres statistiques, tandis que ceux qui en sont les victimes directes porteront leur tragédie avec eux jusqu'à la fin de leur vie, transmettant leur chagrin logique et leur amertume à leurs proches. La Russie, le peuple russe, méritent donc la solidarité et la condamnation sans réserve des auteurs de cette tragédie pour avoir subi ce massacre aveugle. 

Mais l'émotion immédiate suscitée par cette action de Daesh ne doit en rien atténuer l'analyse que mérite la guerre d'agression de la Russie en Ukraine. Elle y intensifie ses bombardements, tant sur les bâtiments civils, avec le nombre de victimes qui en découle, que sur les infrastructures civiles. 

Par coïncidence, le même jour que l'attaque de Daesh contre l'hôtel de ville de Crocus, la Russie a lancé la plus grande attaque de missiles et de drones jamais réalisée pour détruire l'industrie et l'approvisionnement en énergie en Ukraine, privant plus d'un million d'Ukrainiens d'électricité. 

Cette destruction vient s'ajouter au paysage désolé de ruines et de victimes que l'agression de Poutine contre l'Ukraine laisse derrière elle jour après jour depuis plus de deux ans maintenant.  

L'obsession du président Vladimir Poutine pour l'Ukraine a conduit l'un de ses principaux soutiens, l'ancien président et ancien premier ministre Dmitri Medvedev, à accuser l'Ukraine de l'attaque et à la menacer d'une escalade de la guerre, y compris de l'élimination physique de ses dirigeants, dont le président Volodymyr Zelensky. 

Une réaction pour le moins excessive, qui amalgame et assimile tout incident à une Ukraine dont ils affirment qu'elle n'existe pas en tant que pays souverain et indépendant, reconnu par une Union européenne qu'elle aspire à rejoindre. 

Les dirigeants russes auraient peut-être dû être plus réceptifs aux avertissements des services de renseignement américains et britanniques qui, le 7 mars, ont détecté que "des éléments extrémistes avaient des projets d'attaques imminentes contre des lieux ou des manifestations rassemblant de grandes foules, y compris des concerts de musique" dans la région de Moscou. 

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, toujours aussi tranchante et sèche, s'est justifiée en rejetant la faute sur les Américains eux-mêmes : "Si les Etats-Unis ont ou avaient des informations fiables à ce sujet, ils devraient immédiatement les transmettre à la partie russe". 

Une excuse, après tout, puisque le toujours redoutable FSB (successeur du KGB) était au courant dès le départ de l'avertissement susmentionné des services de renseignement américains à ses citoyens vivant en Russie. 

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Attaque terroriste à Moscou. Centre commercial entouré d'ambulances et de véhicules militaires

D'autre part, cette résurgence de Daesh à Moscou est d'autant plus significative qu'elle a eu lieu dans la populeuse capitale russe, puisque l'organisation islamiste n'a cessé d'étendre ses tentacules depuis qu'elle a été vaincue et délogée de ses bases en Syrie et en Irak. 

En effet, leur activité et leur influence s'étendent désormais largement dans la bande sahélienne, où la lutte conjointe des forces françaises et américaines contre les gouvernements locaux a été neutralisée par des coups d'État au Mali, au Niger et au Burkina Faso, où les nouvelles juntes militaires au pouvoir procèdent au remplacement de leurs anciennes forces alliées par les forces russes de la société Wagner transformée, autrefois et aujourd'hui bras armé de Poutine dans une région sahélienne de plus en plus convulsive. 

Dans cette lutte acharnée pour conquérir des territoires, des sphères d'influence, voire constituer un nouvel ordre mondial, la Russie ne doit pas oublier que le terrorisme djihadiste reste l'une des plus grandes menaces pour la paix et la sécurité internationales. 

L'absence d'unité face à lui peut apporter quelques avantages immédiats à celui qui a l'imprudence de s'allier avec lui, mais il peut être assuré que ses objectifs n'ont rien à voir avec la stabilité et la prospérité auxquelles aspirent l'immense majorité des peuples, y compris ceux gouvernés par des satrapes qui préfèrent régner sur un monde en ruines.