UE-Mercosur, un grand projet qui pourrait dérailler

Agricultores franceses del sindicato CR (coordination rurale) se reúnen cerca de la prefectura durante una manifestación en el marco de una protesta nacional contra el acuerdo UE-Mercosur en Pessac, suroeste de Francia, el 19 de noviembre de 2024 - PHOTO/PHILIPPE LOPEZ/AFP
Les agriculteurs français du syndicat CR (coordination rurale) se rassemblent près de la préfecture lors d'une manifestation dans le cadre d'une protestation nationale contre l'accord UE-Mercosur à Pessac, dans le sud-ouest de la France, le 19 novembre 2024 - PHOTO/PHILIPPE LOPEZ/AFP
Il a fallu plus de vingt ans pour le négocier et il a été conclu le 28 juin dernier

Un traité qui réunirait les 27 membres de l'Union européenne, d'une part, et les cinq membres du Mercosur : Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie, d'autre part. 

S'il entrait en vigueur et était appliqué, il bénéficierait à 800 millions de personnes, qui échangeraient des marchandises pour une valeur de 45 milliards d'euros par an. Les lourds droits de douane imposés de part et d'autre de l'Atlantique Sud sur les produits européens tels que les voitures, les textiles et les vins d'appellation d'origine tomberaient d'un seul coup. 

En contrepartie, les pays du Mercosur bénéficieraient de la possibilité d'exporter vers l'Europe des quotas importants de leurs produits agricoles, quotas déjà fixés dans le traité formellement conclu, tels que 45 000 tonnes de miel, 60 000 tonnes de riz, 180 000 tonnes de sucre, ainsi que 160 000 tonnes de viande bovine et 180 000 tonnes de produits avicoles. 

Dès que ces négociations ont été conclues et que l'accord final a été rédigé, le puissant secteur agricole français s'est déchaîné, menaçant de paralyser complètement et indéfiniment le pays, une décision qui a suscité la solidarité du secteur dans toute l'Europe, des agriculteurs qui étaient également furieux contre la Commission européenne et ses politiques réglementaires et bureaucratiques étouffantes. 

Le président français Emmanuel Macron, qui avait salué cet accord de longue date, a changé d'avis dès que le monde rural s'est mobilisé. Dans le même temps, la grande majorité de la mosaïque politique française atomisée s'est jointe à la protestation, y compris l'ancien vice-président de l'UE et négociateur en chef du Brexit, aujourd'hui Premier ministre, Michel Barnier. Pas moins de 600 députés et sénateurs français de tout l'échiquier politique ont cosigné une tribune publiée dans Le Monde, arguant que le texte du traité UE-Mercosur « ne respecte pas les critères démocratiques, économiques et environnementaux fixés par l'Assemblée nationale et le Sénat français ». 

Avant et après la publication d'une telle tribune politique, une série de manifestations, de déclarations et de prises de position ont été faites, mettant en garde contre les innombrables dangers qui pèseraient sur les paysages français, mais surtout sur les citoyens, qui consommeraient massivement des produits agricoles sud-américains non soumis aux mesures sanitaires strictes exigées au sein de l'UE. 

Les accusations les plus sévères portent sur l'élevage bovin au Brésil, premier producteur et exportateur mondial de viande bovine, dont les entreprises agricoles sont accusées d'engraisser artificiellement leurs bêtes à l'aide d'œstradiol (E2 ou 17B), une hormone stéroïde sexuelle féminine interdite en Europe mais couramment utilisée au Brésil depuis plusieurs dizaines d'années. 

L'argument sanitaire a également été avancé par M. Macron, qui a également souligné que les pratiques de production, et bien sûr les salaires des travailleurs, sont très différents de part et d'autre de l'Atlantique. Michel Barnier, quant à lui, a surtout mis en avant des arguments économiques, notamment « l'impact désastreux sur des secteurs entiers de l'agriculture et de l'élevage européens ». 

Alors que de grandes batailles ont été menées au sein du Mercosur pour unifier la conviction que l'accord avec l'UE est bon, des signes de division sont également apparus au sein de l'UE suite au refus de la France de ratifier le traité. 

La France a déjà les réticences de la Pologne, de l'Autriche, des Pays-Bas et de l'Irlande de son côté, tandis que l'Allemagne, l'Italie, le Portugal et l'Espagne font pression pour que la Commission signe avant la fin de l'année. 

Dans ce dernier groupe, outre les considérations en faveur de la forte augmentation des échanges que l'accord entraînerait, on souligne que l'UE dans son ensemble aurait besoin d'assurer l'approvisionnement en matières premières essentielles pour l'avenir immédiat, comme le lithium, le cuivre, le fer et le cobalt, qui sont abondants dans la zone des cinq pays qui composent le Mercosur. 

En contrepartie, et dans le sillage de la COP29 de Bakou, les détracteurs de l'accord mettent en avant l'augmentation potentielle de la déforestation qui résulterait de l'affectation de nouvelles masses de la forêt amazonienne à l'agriculture et à l'élevage, dont les produits seraient massivement demandés par l'UE.