L'UGR participe au projet européen DeCAIR avec la Jordanie et le Liban

À ce stade du siècle, personne ne doute que l'intelligence artificielle (IA) sera le pilier de la nouvelle transformation économique, sociale et technologique des prochaines décennies, l'agent qui transformera le monde comme l'a fait la machine à vapeur ou l'électricité. Et si l'on y ajoute la robotique (R), le tandem AI+R (AIR) est le principal moteur de la quatrième révolution industrielle.
Dans cette révolution, nous ne pouvons laisser personne derrière nous, la plus grande réussite de la société mondiale dans laquelle nous vivons sera d'accompagner tout le monde à monter dans ce train qui circule sans arrêt. Quelle meilleure façon de soutenir ce développement que par l'éducation ?
L'Union européenne, grâce au soutien financier de son action clé 2 "Coopération pour l'innovation et l'échange de bonnes pratiques" dans le cadre du programme Erasmus+, contribue de manière significative à la promotion des partenariats entre universités pour le développement des capacités dans le domaine de l'enseignement supérieur.
Dans cet esprit, l'UGR participe au projet DeCAIR (Development of Artificial Intelligence and Robotics Curricula), formé par un consortium de cinq universités en Jordanie et au Liban, plus cinq autres institutions européennes (deux en Italie, une en Allemagne et une en Grèce, à part l'espagnole). Le projet est coordonné par l'Université de Jordanie. DeCAIR offre une opportunité sans précédent : collaborer à l'élaboration de programmes de licence et de master en Jordanie et au Liban pour contribuer à la croissance de l'enseignement de l'intelligence artificielle et de la robotique.
La région de l'Asie occidentale et de l'Afrique du Nord connaît une augmentation sans précédent du nombre de diplômés en ingénierie qui entrent sur le marché. Nombre d'entre eux sont diplômés dans divers domaines de l'ingénierie, tels que le génie électrique, mécanique, électronique ou informatique. Bien qu'ils soient bien équipés en connaissances et compétences de base en ingénierie, ils ne sont généralement pas suffisamment spécialisés dans les domaines de l'intelligence artificielle et de la robotique pour pouvoir s'attaquer à des problèmes réels et y trouver des solutions pratiques et durables.
Dans le même temps, de nombreux secteurs industriels et techniques atteignent une grande maturité dans plusieurs pays de la région. Ils ont besoin de personnes hautement qualifiées et innovantes qui peuvent résoudre les problèmes de la vie réelle auxquels ils sont confrontés en utilisant les derniers outils créatifs et perturbateurs non conventionnels qui sont mis à leur disposition, tels que l'apprentissage machine, la science des données, la vision par ordinateur et la robotique.
Pour répondre à ce mouvement, les programmes de premier et de second cycle existants dans des domaines d'ingénierie connexes en Jordanie et au Liban doivent être mis à jour et alignés sur les développements technologiques modernes dans le domaine de l'IA et de la robotique. Outre le manque de qualifications spécialisées des enseignants et des techniciens, ces pays manquent également de laboratoires et d'équipements modernes permettant de résoudre les problèmes qui peuvent bénéficier de solutions grâce à ces techniques.
En particulier, la Jordanie compte une forte proportion d'ingénieurs ; un Jordanien sur 50 est ingénieur (plus de 84 000 dans les spécialités liées au génie électrique et mécanique). Cependant, leurs compétences sont souvent inadaptées au marché du travail et ces ingénieurs souffrent d'un taux de chômage élevé (26% en génie électrique, 21% en génie mécanique). En Jordanie, les programmes actuels d'ingénierie de premier et deuxième cycles ne comprennent pas de cours modernes d'AIR, et il n'existe pas non plus de programmes spécialisés de deuxième cycle dans ces disciplines.
D'autre part, le Liban connaît l'une des pires crises du chômage de son histoire, aggravée par l'instabilité politique nationale et régionale et l'afflux massif de réfugiés fuyant la guerre en Syrie voisine. La jeunesse libanaise est la plus touchée par les problèmes économiques du pays. Le taux de chômage global au Liban est de 25 %, et le chômage des moins de 25 ans est de 37 % (chiffres de 2017). Cependant, le Liban a connu ces dernières années un nombre croissant de compétitions et de concours de robotique de matériel à source ouverte auxquels la jeunesse libanaise peut participer. Cela reflète l'importance croissante des technologies AIR, qui attirent différentes parties prenantes au Liban. Pour ce faire, il faut offrir des programmes de formation et de remise en question dans le domaine de l'AIR au corps étudiant du pays, d'où la nécessité d'accroître la pénétration des techniques d'AIR dans le système d'enseignement supérieur libanais.
Le 19 janvier 2021, le projet a été lancé avec la réunion de lancement télématique à laquelle ont participé les dix membres du consortium : l'université de Jordanie, l'université jordanienne des sciences et des technologies, l'université technique de Tafila, l'université libanaise, l'université arabe de Beyrouth, l'université de Pise, l'université de Gênes, l'université de Grenade, l'université de Stuttgart et l'ONG grecque Creative Thinking Development.
Le projet a débuté avec l'espoir de contribuer, au cours de ses trois années de développement, à l'impulsion définitive dont la Jordanie et le Liban ont besoin pour faire le saut éducatif requis par ce nouveau monde vers lequel nous nous dirigeons au XXIe siècle.
Actuellement, l'Université de Grenade participe à 19 projets Erasmus+ de renforcement des capacités dans le domaine de l'enseignement supérieur, étant le coordinateur de trois d'entre eux. En ce qui concerne la Jordanie et le Liban, le projet DeCAIR est le troisième projet Erasmus+ de ce type qui donne à notre université la possibilité de travailler avec les universités de ces deux pays pour améliorer différents aspects de leur enseignement supérieur.
Soumis par José Antonio Sierra, conseiller en études hispaniques