Ahmed Fathi : « Le Maroc pourrait jouer un rôle clé dans l'énergie verte et le commerce pour les États-Unis »

Ahmed Fathi, journaliste américain d'origine égyptienne et correspondant de l'ONU à New York, est l'auteur du livre « America First, The World Divided : Trump 2.0 Influence » 
Banderas de Marruecos y Estados Unidos - PHOTO/AP
Drapeaux du Maroc et des Etats-Unis - PHOTO/AP

Ahmed Fathi est un analyste des affaires internationales et correspondant des Nations Unies à New York, avec une longue expérience de la géopolitique économique, de la diplomatie, des défis et des transformations des relations internationales. Son expérience couvre un large éventail de sujets, notamment la montée du nationalisme, l'érosion du multilatéralisme et les réajustements géopolitiques induits par les changements économiques. 

L'auteur du livre 'America First, The World Divided: Trump 2.0 Influence' est passionné par la citoyenneté mondiale et convaincu que la connaissance et la compréhension sont les clés d'un monde de plus en plus interconnecté et fracturé. 

Selon la philosophie America First, quel sera l'impact de l'influence de la deuxième mandature de Trump sur les organisations internationales et les blocs régionaux ?  

Cette version 2.0 de Trump a intensifié le retrait des États-Unis des organisations internationales, comme dans le cas du retrait du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, du gel des fonds pour l'Organisation mondiale de la santé et de l'obstruction continue des États-Unis à la Organisation mondiale du commerce. Il est même question de quitter l'UNESCO en raison de ses préjugés contre Israël.  

Les organisations internationales et les blocs régionaux tels que l'Union européenne, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, l'Union africaine et la Zone de libre-échange continentale africaine doivent s'adapter maintenant et rapidement. Ils doivent affirmer leur leadership, construire de nouvelles alliances et se préparer à un système mondial dans lequel la participation des États-Unis sera de plus en plus conditionnelle. 

Ahmed Fathi 

Comment évaluez-vous les relations entre les États-Unis et l'Afrique pendant le second mandat de Trump et quel rôle le Maroc pourrait-il jouer dans ce contexte ? 

La politique de Trump en Afrique reste limitée. Sa récente ordonnance permettant aux Sud-Africains blancs d'ascendance afrikaner de demander le statut de réfugié reflète une approche étroite et controversée du continent.  

L'Afrique n'est toujours pas considérée comme un partenaire clé dans la transition énergétique mondiale, même si le Maroc se démarque. Il continue de bénéficier de liens étroits avec les États-Unis et pourrait devenir un acteur important dans le domaine de l'énergie verte et du commerce, s'il maintient son élan. 

Les tarifs douaniers de l'ère Trump représentent-ils une stratégie à court terme ou un changement durable ? Le Maroc peut-il rivaliser avec la politique commerciale américaine actuelle ? 

Les droits de douane sont désormais un élément à long terme du modèle économique de Trump. La Chine est confrontée à des droits de douane allant jusqu'à 125 %, le Vietnam à 46 %, tandis que l'Égypte, le Maroc et la Turquie ne sont qu'à 10 %. Cela donne à l'Égypte une occasion unique d'augmenter ses exportations. Pour en tirer parti, les entreprises égyptiennes doivent renforcer leur engagement envers les États-Unis, améliorer leur marketing et, surtout, passer d'une communication en français à une communication plus cohérente en anglais avec leurs partenaires américains. 

Qui sont les gagnants et les perdants de la politique économique de Trump ? Une troisième présidence de Trump serait-elle réaliste ? 

Parmi les gagnants, on trouve les producteurs d'énergie, les fabricants et les partenaires commerciaux agiles comme le Maroc et les États-Unis.  

Le groupe d'experts sur l'efficacité énergétique du Royaume-Uni a présenté son rapport annuel sur l'efficacité énergétique et les perdants sont les pays qui tardent à s'adapter, comme la Chine et le Vietnam, et les institutions multilatérales affaiblies. Quant à une troisième présidence de Trump, oui, c'est réaliste. Que ce soit par Trump lui-même ou par un successeur, America First est devenu une idéologie dominante. Son influence remodèle déjà les affaires mondiales au-delà de toute limite.