Coup d'envoi du 5e forum annuel MedThink 5+5

L'Institut Européen de la Méditerranée (IEMed) et l'Union pour la Méditerranée (UpM) ont ouvert le 5ème Forum annuel du réseau MedThink 5+5 à la Casa Árabe de Madrid sous le thème "Quelles sont les perspectives du Forum de Dialogue 5+5 dans une Méditerranée en mutation ? S'adapter ensemble aux réalités de l'après-Covid-19".
Cet événement de deux jours fait suite aux réunions précédentes à Barcelone, Lisbonne, Alger et Malte. C'est également la première fois qu'une telle réunion se tient depuis le début de la pandémie de coronavirus, sujet clé de l'ordre du jour des intervenants. Toutefois, les experts aborderont également d'autres sujets d'actualité tels que la numérisation et le développement durable.
Le forum Dialogue 5+5 a été créé en 1995 dans le but de favoriser la coopération et la collaboration entre les dix pays de la Méditerranée occidentale : cinq du Nord (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal) et cinq du Sud (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie).
Le réseau MedThink 5+5, quant à lui, a été créé en 2016 avec le soutien de plus de 30 institutions des pays du Dialogue 5+5. "Le réseau cherche à répondre aux besoins au cœur du système du Dialogue 5+5 en s'efforçant de permettre le dialogue par le biais de conférences, de séminaires et de colloques avec les acteurs clés de la région", explique le site web de MedThink 5+5.
Cristina Juarranz, directrice adjointe de Casa Árabe, et Senén Florensa, diplomate et président exécutif de l'Institut européen de la Méditerranée (IEMed) ont ouvert le Forum sur le dialogue méditerranéen. Juarranz a prôné la "coopération entre les pays de la Méditerranée", tandis que Florensa a appelé à "retrouver le contact direct".
Outre la pandémie, le président de l'IEMed a pointé du doigt d'autres questions qui touchent l'ensemble de la région, comme le développement durable et la numérisation. En ce qui concerne les défis auxquels sont confrontés les pays membres, Mme Florensa a déclaré que ces défis "peuvent être transformés en opportunités". "Le besoin de coopération est plus fort que jamais", a-t-il déclaré.

Ensuite, ce fut le tour d'Ángeles Moreno Bau, secrétaire d'État aux affaires étrangères et mondiales du gouvernement espagnol ; de Taïeb Baccouche, secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA) et ancien ministre tunisien ; et de Nasser Kamel, secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UpM) et ancien ambassadeur égyptien.
Moreno Bau a commencé son discours en soulignant que cet événement "est plus nécessaire que jamais". Elle a également assuré que l'Union européenne et l'Espagne sont engagées dans le développement de la zone. Le secrétaire d'État a souligné plusieurs thèmes clés du dialogue 5+5 : l'économie, la reprise après la pandémie, la numérisation et la durabilité.

Dans le cadre de la numérisation, M. Moreno Bau a appelé à des "industries plus compétitives" et a déclaré que cela peut établir des relations plus étroites entre les gouvernements et les citoyens. D'autre part, il a décrit le changement climatique comme "le plus grand défi de notre temps". "Notre région est idéale pour le développement des énergies renouvelables", a-t-il ajouté.
Taïeb Baccouche, comme les autres intervenants, a fait référence à la pandémie mondiale, même si l'ancien ministre a mis l'accent sur le processus de vaccination de la région. M. Baccouche a souligné la collaboration Nord-Sud dans le domaine de l'agriculture et de l'alimentation, mais a également appelé à une coordination plus forte entre les deux rives de la Méditerranée "pour parvenir à des solutions équitables par des approches objectives qui tiennent compte des besoins de la population".

M. Baccouche a conclu son discours en évoquant l'avenir de la région pendant le processus de redressement post-pandémie. "Les perspectives de coopération après la crise du COVID-19 continuent d'avoir un impact face à la crise des réfugiés, l'instabilité politique et la faiblesse des systèmes de protection sociale", a-t-il déclaré.
L'ouverture a été clôturée par Nasser Kamel. "Le fait que cet événement se tienne à Madrid démontre la volonté et le soutien de l'Espagne au Dialogue 5+5, mais aussi le soutien de l'Espagne à la coopération entre les rives sud et nord de la Méditerranée", a-t-il expliqué. Selon M. Kamel, l'Espagne "est l'un des piliers de cette coopération".

Concernant le coronavirus, l'ancien ambassadeur a souligné l'augmentation des inégalités. "La crise a mis en évidence les fragilités et les inégalités non seulement au sein des pays, mais aussi entre les pays. La pandémie a touché davantage les États du sud que ceux du nord. "L'impact économique et social de cette crise, comme nous le savons tous, a touché les zones les plus défavorisées", a-t-il révélé.
M. Kamel a présenté les trois piliers sur lesquels doit reposer le redressement du COVID. Tout d'abord, il y aurait une intégration régionale. "Cette situation a relancé le débat sur la réforme du modèle économique et la relocalisation de la production plus près de chez nous. Avec cette délocalisation, nous allons accroître notre dépendance mutuelle", a expliqué le secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée.
Le deuxième élément serait le développement inclusif. Les jeunes, les femmes, les travailleurs peu qualifiés et les artistes ont été les plus touchés par la pandémie, a déclaré M. Kamel.
Enfin, cette relance doit s'appuyer sur la transition écologique. "La durabilité signifie affronter et construire un avenir meilleur, en tenant compte des défis climatiques qui existent dans ces régions, car nous vivons dans des lieux reconnus pour leur richesse naturelle et culturelle.
Elle a été suivie d'une table ronde sur "Le dialogue 5+5 dans le contexte post-COVID-19 : les moyens de maintenir et de renforcer la coopération en Méditerranée occidentale". La deuxième journée portera sur la durabilité, avec un accent sur la sécurité de l'eau et la transformation numérique pour le développement durable.