La crise économique étouffe de plus en plus le Liban. À tel point que des citoyens ont manifesté autour des agences bancaires, voire les ont cambriolées, pour exiger la récupération de leurs économies à un moment où les banques manquent de liquidités.
Plusieurs des manifestants qui ont participé à ce type de "vol" ont été arrêtés par les forces de sécurité, ce qui a provoqué l'indignation des citoyens qui, excédés par la situation économique, exigent leur libération immédiate aux abords du Palais de justice de Beyrouth.

Au moins cinq banques ont été dévalisées ces dernières heures, en plein "corralito" que connaît le pays libanais depuis 2019, date à laquelle il a été décrété que les clients ne pouvaient retirer qu'un montant limité de leurs économies.
Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, Bassam Mawlaw, a qualifié les raids de la branche d'actes "organisés". L'Association des banques a également exigé que "les mesures nécessaires" soient "prises" pour que les citoyens et les travailleurs bénéficient de la sécurité nécessaire et que "les droits des déposants soient préservés".

Ainsi, l'Association des banques libanaises a indiqué que, finalement, "suite aux attaques répétées contre les banques et aux agressions physiques contre les employés des banques (...) et compte tenu des risques, le conseil d'administration a décidé de fermer les banques entre le 19 et le 21 septembre".
Ils ont poursuivi en soulignant que "la sécurité des employés et des clients est la première priorité des banques, ainsi que les intérêts des déposants, qu'elles tentent d'assurer autant que possible dans les circonstances difficiles que connaît le pays".

On s'attend également à ce que, d'ici à la réouverture des agences, les banques aient adopté de nouvelles mesures d'autoprotection, allant de la soumission des clients à des inspections à la réception des seuls clients ayant pris rendez-vous à l'avance.
D'autre part, l'Association des déposants libanais, Hassan Moghnieh, a averti que "la grève ne résoudra pas la crise actuelle. À la reprise du travail jeudi prochain, les banques pourraient connaître une nouvelle vague de vols, ce qui signifie que la solution est ailleurs".

Dans ce contexte, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par le chef de mission pour le Liban, Ernesto Ramirez-Rigo, s'est rendue à Beyrouth et a entamé une série de discussions avec le ministre des Finances, Youssef Khalil, pour tenter de trouver une solution à la situation.
Selon M. Ramirez, l'objectif principal est de "prendre connaissance des mesures prises par le Liban dans le cadre de l'accord conclu avec le FMI au niveau des cadres supérieurs et d'inciter les responsables libanais à poursuivre la mise en œuvre des termes de l'accord afin de parvenir à de futurs accords".
Toutefois, ces développements récents ne sont pas des événements isolés. Ces dernières années, le Liban a traversé une série de crises, tant politiques que sociales et économiques. Des événements tels que la récente hausse du taux de change du dollar, l'absence d'un plafond pour limiter cette hausse et la crainte d'une absence présidentielle et gouvernementale sont devenus les principales préoccupations de la société libanaise.

En plus de ces raisons, le Liban souffre depuis des années de graves coupures de courant qui bloquent les rues de la capitale. En plus de cela, et en additionnant les différentes crises que traverse le pays, le Forum des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a déjà averti que la situation dans le pays "a détruit" l'avenir de milliers d'enfants et de jeunes qui voient l'émigration comme la seule issue.
Selon le représentant de l'UNICEF au Liban, Edouard Beigbeder, "les enfants grandissent sans manger à leur faim, sans accès adéquat aux soins de santé et, dans certains cas, en travaillant pour subvenir aux besoins de leur famille" et il exhorte le gouvernement à mettre en œuvre "des mesures urgentes de protection sociale, à garantir l'accès à une éducation de qualité pour tous, et à renforcer les soins de santé primaires et les services de protection de l'enfance".