Les pays du continent dépendent principalement des exportations de matières premières et s'ils n'agissent pas rapidement, ils subiront les conséquences des crises mondiales

La CNUCED conseille à l'Afrique de diversifier ses exportations pour sauver son économie

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l'un des organismes affiliés à l'ONU, vient de lancer un avertissement aux pays africains par le biais de son Rapport sur le développement économique en Afrique afin qu'ils prennent des mesures efficaces et rapides. Selon l'agence, si ces pays ne commencent pas à diversifier leurs exportations, ils ne seront pas en mesure de survivre aux crises mondiales. 

En Afrique, environ 45 des 54 pays du continent ont pour principale activité économique l'exportation de produits primaires et de base, liés à l'agriculture et à l'exploitation minière. Tous ces produits représentent 60 % de leurs exportations totales.

"La dépendance à l'égard des exportations de produits de base a rendu les économies africaines vulnérables aux crises mondiales et a entravé le développement inclusif pendant trop longtemps", a déclaré Rebeca Grynspan, la secrétaire générale de la CNUCED. Selon elle, plus vite ils prendront conscience du problème et chercheront d'autres méthodes de travail, "plus vite la productivité manufacturière de la région pourra être améliorée, ce qui stimulera la croissance économique et la transformation structurelle de l'Afrique pour de nombreuses années à venir", a-t-elle poursuivi.

La récente pandémie de coronavirus et la guerre en Ukraine ont ébranlé les fondements de l'économie mondiale. Tous les pays ont dû chercher des alternatives pour continuer à faire des affaires et ne pas entrer dans une récession dont il sera difficile de sortir. C'est pourquoi l'accent est mis sur l'Afrique, car ses systèmes sont plus faibles et peuvent facilement s'effondrer.

En ce moment, avec l'invasion russe, les importations de nourriture en Afrique ont explosé. Et les prix mondiaux ont également augmenté parce que le conflit a réduit les exportations de céréales de l'Ukraine. Rappelons que l'Ukraine et son ennemi russe sont tous deux de grands exportateurs de certains aliments de base tels que le blé. 

Si le continent ne prend pas de mesures, cette pénurie alimentaire devrait toucher plus de 60 millions de personnes dans toutes les régions d'Afrique d'ici le mois prochain. Les chiffres préviennent que 43 millions d'Africains pourraient se trouver en situation d'insécurité nutritionnelle.

Mais la CNUCED affirme qu'il n'est pas trop tard pour remédier à ces lacunes. "L'Afrique dispose d'un énorme potentiel pour rompre sa dépendance à l'égard des produits de base et faire en sorte que le continent soit effectivement intégré dans les chaînes de valeur mondiales haut de gamme", indique le rapport.

Selon les experts, l'Afrique peut être la porte d'entrée pour le développement de nombreux secteurs et usines. Par exemple, la CNUCED affirme que les TIC, les services à forte intensité de connaissances et les services financiers peuvent jouer un rôle important. Toutefois, il convient de les développer davantage, car ils ne représentent actuellement que 20 % du total. 

L'agence des Nations unies affirme que la technologie peut constituer un véritable choix pour les nations africaines, ce qui explique la promotion de la culture et des connaissances dans ce secteur. Plus tard, des biens et services plus complexes pourront être exportés. Cela conduirait à l'entrée sur un marché plus compétitif et tourné vers l'avenir.

L'Afrique pourrait également se lancer dans le secteur des services, mais il y a quelques années encore, sa part dans les exportations était très faible. Les secteurs traditionnels des services sont encore surreprésentés. 

Cependant, la CNUCED affirme que pour diversifier les économies, il faut mettre en œuvre des politiques qui relient le commerce des services à forte valeur ajoutée à d'autres secteurs. Cela se fera par la réduction des coûts du commerce des services, des mesures protectionnistes et une entrée totale dans le monde de la numérisation. 

En particulier, les PME seraient d'une grande aide pour entrer pleinement dans cette diversification. Les PME représentent environ 90 % des entreprises en Afrique, mais elles ne bénéficient que de très peu de soutien financier. Il est donc urgent de faciliter l'accès au financement afin d'éviter la crise. 

"Les pays devraient mieux positionner les PME africaines en tant que moteurs de la diversification en facilitant leur accès à des financements et services abordables", indique le rapport. L'Afrique doit commencer à imposer des politiques qui stimulent la production et encouragent les investissements. Selon la CNUCED, la Zone de libre-échange continentale africaine peut contribuer à faire de cet objectif une réalité et à sortir le continent de la zone de danger.