La France approche les Émirats arabes unis pour réduire leur dépendance au pétrole russe

L'arrivée du sixième paquet européen de mesures contre l'économie russe, adopté jeudi dernier, a également mis de nombreux pays de l'UE dans les cordes. La décision de réduire les importations de pétrole du Kremlin de près de 90 % au cours des six prochains mois met sur la table, entre autres, la nécessité de trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole et de gaz naturel.
Disposant de certaines des plus grandes réserves d'hydrocarbures du monde, les États du Golfe sont devenus, pour de nombreuses puissances européennes, l'un des principaux candidats au remplacement de la Russie. La République française a déjà fait les premiers pas dans cette direction en "cherchant des alternatives aux importations de gaz et de diesel en provenance de Russie", a déclaré Bruno Le Maire, le ministre français de l'Économie, des Finances et du Recouvrement.

"Par exemple, les Émirats arabes unis pourraient être une solution, au moins temporaire, pour remplacer le pétrole et le diesel russes. Ce sont des discussions qui ont déjà commencé avec les EAU", a ajouté M. Le Maire dans une interview pour CNews et la radio Europe1. Un rapprochement qui pourrait améliorer encore les relations entre les deux puissances.
En termes économiques, Abu Dhabi est le deuxième partenaire de la France dans la région du Golfe, derrière Riyad. L'alignement de leurs positions sur de nombreuses questions relatives au Moyen-Orient, ainsi que la convergence d'intérêts dans des pays tels que la Libye, le Mali et la Somalie, ont permis à la France et aux EAU de renforcer leurs liens, et l'établissement de relations commerciales fondées sur l'achat d'avions militaires n'a fait que les consolider.

Ces discussions entre Paris et Abu Dhabi font suite à la décision des membres de l'OPEP+ d'augmenter la production de pétrole à la fin de la semaine dernière. Confrontée au dilemme de maintenir la production de pétrole brut - fixée à 400 000 barils par jour - ou de négocier une nouvelle augmentation pour alléger le coût sans cesse croissant de toutes les matières premières, l'organisation a décidé "d'avancer l'ajustement de la production mondiale prévu pour septembre". Par conséquent, la production de pétrole brut en juillet et août atteindra 648 000 barils.
Aujourd'hui, malgré les doutes quant à savoir si les EAU augmenteront leurs exportations ou modifieront simplement l'équilibre des quotas entre leurs clients, l'objectif de la France reste clair : faire en sorte que les flux de pétrole émiratis réduisent leur dépendance vis-à-vis du brut et du diesel russes. Et, dans le même temps, que ces hydrocarbures voient leur hausse de prix ralentir. En février, pour la première fois depuis 2014, le prix du baril de Brent a dépassé les 100 dollars, et aujourd'hui, quatre mois plus tard, il reste au-dessus de 115 dollars.
De son côté, le président français Emmanuel Macron a fait valoir que la batterie de sanctions imposées par l'UE et les mesures prises individuellement par presque tous les États membres feront chuter les exportations de pétrole russe de 92 % d'ici la fin de l'année.

"Nous devons également nous débarrasser du gaz russe. Nous devons retrouver notre autonomie (énergétique) au plus vite, car Vladimir Poutine n'aime pas le projet européen", a prévenu le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, dans une déclaration parallèle à CNews et à la radio Europe1, selon Boomberg. "Pendant des années, Poutine a fait tout son possible pour diviser l'Europe. Maintenant, il utilise le gaz précisément pour nous diviser".
Toutefois, si des sanctions européennes contre le gaz russe n'ont pas été exclues pour le moment, le mécontentement et les désaccords croissants au sein de l'UE concernant les condamnations de Moscou semblent faire douter de toute avancée. De plus, les obstacles logistiques dans la recherche de nouveaux fournisseurs rendent encore plus lointaine la fin de la dépendance gazière vis-à-vis de la Russie.

"Pour l'instant, nous essayons de maximiser la production. Mais à court terme, les volumes que les Russes envoient en Europe ne peuvent pas être remplacés par du gaz liquéfié car les structures ne sont pas suffisantes", explique par exemple Anatol Feygin, l'un des dirigeants de Cheniere Energy, qui figure parmi les principales entreprises américaines d'exportation de gaz naturel liquéfié.