Le Club des exportateurs propose de promouvoir la numérisation de la justice pour accélérer son fonctionnement et améliorer la compétitivité économique

Le Club des exportateurs et investisseurs espagnols propose de promouvoir la numérisation du système judiciaire espagnol, et en particulier la rationalisation de la première instance, afin de réduire la lenteur de la justice et d'améliorer ainsi la compétitivité internationale de l'économie espagnole.
C'est ce qui ressort du dernier rapport du Comité de réflexion sur l'internationalisation, intitulé "Le bon fonctionnement du système judiciaire comme facteur de compétitivité et d'attraction des investissements en Espagne", dont l'auteur est Juan S. Mora-Sanguinetti, économiste principal à la Banque d'Espagne - Eurosystème.
"Le fonctionnement du système judiciaire affecte les flux de crédit, la décision de créer des entreprises et les investissements des entreprises. Tout cela fonctionne mieux si le système judiciaire est plus efficace", affirme cet expert, qui ajoute que "si un système judiciaire est très lent, il devient un instrument coûteux et très imprévisible", ce qui rend le pays moins attrayant comme destination pour les investissements étrangers.
Les études internationales réalisées par l'OCDE et la Commission européenne s'accordent à dire que l'Espagne ne se caractérise pas par un système judiciaire meilleur ou pire que celui d'autres pays comparables. En effet, selon ces études, le délai moyen de résolution d'un litige civil en première instance est de 272 jours en Espagne, de 274 jours en France, de 200 jours en Allemagne et de 350 jours en Angleterre et au Pays de Galles.
Outre la lenteur, qui est une conséquence de l'encombrement judiciaire, l'autre variable de comparaison de la "qualité" des différents systèmes judiciaires internationaux est le coût du recours à la justice. Et sur ce point également, selon les données de la Banque mondiale, l'Espagne est comparativement moins bien lotie que les autres pays de la région. Pour chaque tranche de 10 000 euros qu'un plaignant espère obtenir en engageant une procédure judiciaire, il devra investir 1 720 euros en frais de justice. Ce montant est similaire à celui de la France ou de l'Allemagne, mais nettement inférieur à celui de l'Italie ou du Royaume-Uni.
Cependant, le fait que la justice en Espagne fonctionne de manière similaire à celle d'autres pays voisins "ne doit pas nous conduire à l'autosatisfaction, car la justice est un élément important du développement économique, qui affecte les investissements en apportant une plus grande sécurité juridique au marché", affirme Mora-Sanguinetti.
Pour cet expert, la justice espagnole "montre des signes de stagnation à long terme et souffre également d'une importante variabilité régionale", les provinces et régions les plus peuplées d'Espagne affichant une plus grande congestion judiciaire.
Afin de renforcer l'attractivité de l'Espagne en tant que destination pour les investissements étrangers, le Comité de réflexion sur l'internationalisation du Club des exportateurs recommande d'améliorer notre système judiciaire, pour lequel elle suggère de donner la priorité à la numérisation et de continuer à se concentrer sur le fait de disposer de bonnes statistiques judiciaires. Cela serait particulièrement important dans un premier temps, afin d'accroître son agilité. À cet égard, le rapport rappelle que les pays qui investissent une part plus importante de leur budget dans les technologies de l'information et la numérisation (TIC) présentent des procédures plus courtes. De même, la productivité des juges augmente à mesure que le budget TIC est élevé.
Une autre proposition du Comité de réflexion sur l'internationalisation est la promotion des mécanismes alternatifs de résolution des conflits, tels que la médiation, l'arbitrage et la conciliation, qui, dans la pratique, sont souvent plus rapides que les procédures judiciaires ordinaires. À cet égard, certains pays ont eu recours à des incitations fiscales pour encourager les entreprises à utiliser ces mécanismes.
Enfin, le rapport recommande aux législateurs de s'efforcer de réduire la complexité de la réglementation, qui est l'un des aspects qui expliqueraient le niveau élevé de litiges en Espagne dans le domaine commercial et qui peut être un facteur dissuasif pour attirer davantage d'investissements étrangers et pour la croissance et le développement des entreprises.