L'Irak fait face à plusieurs manifestations après la dévaluation du dinar

Des centaines d'Irakiens ont manifesté lundi dans plusieurs villes contre la décision de la Banque centrale de dévaluer le dinar irakien de près de 25 % par rapport au dollar américain. Le week-end dernier, la banque centrale a fixé un nouveau taux de change pour la monnaie nationale à 1 450 dinars pour un dollar, contre 1 190 dinars pour chaque devise américaine, en raison d'une grave crise économique marquée par la chute des prix du pétrole.
Dans un communiqué, la Banque centrale d'Irak a annoncé que cette dévaluation est due à l'impact de la crise résultant de la pandémie et de la baisse conséquente des prix du pétrole, dont les revenus représentent 90 % du budget du pays arabe, ainsi qu'à la mauvaise gestion des ressources publiques "au cours des dernières décennies".
La fuite jeudi à la presse du projet de budget 2021 a stupéfié les fonctionnaires et la population en général, dont certains se sont empressés de retirer leurs économies. Le projet de loi prévoit une réduction drastique des primes et avantages de la fonction publique, ainsi qu'une dévaluation du dinar, un taux de change qui est resté inchangé depuis six ans.
Après une année au cours de laquelle le PIB de l'Irak a chuté de 11 %, le gouvernement dirigé par Mustafa al-Kazimi estime qu'il n'a pas d'autre choix que de faire face à la chute des prix du pétrole causée, notamment, par les effets de Covid-19 sur la demande mondiale. Les exportations de pétrole ont encore été réduites à 2,5 millions de barils par jour pour se conformer aux décisions de l'OPEP et devraient atteindre une moyenne de 42 dollars par baril l'année prochaine.
Cela entraînera une hausse des prix des denrées alimentaires, dont la grande majorité est importée, "avec un effet désastreux sur les ménages pauvres", a averti un membre de la commission des finances, Mohammed al Daraji. On estime déjà qu'un quart de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Il est donc probable que le Parlement, qui a déjà rejeté plusieurs des propositions de réforme du gouvernement, révoquera le projet de budget.
Les salaires sont payés avec des mois de retard et l'État ne peut plus financer les projets d'infrastructure, comme en témoignent les fréquentes coupures d'électricité. Le ministre des finances Ali Allawi a révélé en septembre que le gouvernement empruntait 3 milliards de dollars par mois à la banque centrale. Mais la banque centrale, dont les réserves de change ne dépassent plus 50 milliards de dollars, ne peut pas continuer indéfiniment. Au total, Bagdad finance plus de la moitié de ses dépenses à crédit et son déficit est maintenant d'environ un quart du PIB, un record mondial.