80 ans de l'ONU : un anniversaire marqué par la crise

Officiellement inaugurée en 1945 par 50 nations à San Francisco, aux États-Unis, avec la signature de la Charte des Nations Unies, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a toujours eu pour objectif de garantir la paix dans le monde par le respect, le dialogue et la démocratie. 

Avec plus de 100 membres depuis 1961, cette institution internationale s'est également engagée en faveur du développement durable et de la lutte contre le changement climatique à l'horizon 2030. 

Parmi les principales étapes de l'ONU, on peut citer la première résolution de l'Assemblée générale de 1946, qui proposait de s'attaquer aux problèmes de l'énergie atomique, la première mission de paix au cours de laquelle des membres des forces armées et de sécurité ont été envoyés pour observer la situation au Moyen-Orient en 1948, ou l'une des plus récentes, l'adoption de la structure de prévention des risques du Cadre de Sendai en 2015. 

La présence de troupes dans des pays en conflit tels que le Mali, qui garantissent la sécurité des personnes, se poursuit et l'engagement humanitaire n'a jamais faibli. L'ONU reste également un espace où les pays (quelle que soit leur puissance) s'expriment sur un pied d'égalité. 

Toutefois, des nations telles que l'Inde, le Brésil ou le Nigeria ne se sentent pas suffisamment représentées, car un équilibre colonialiste continue de prévaloir au lieu d'un équilibre véritablement égalitaire. 

Les réalisations ne sont pas négligeables depuis sa création, mais elles ont diminué au fil du temps, au point que son rôle mondial est aujourd'hui largement remis en question. Il existe également un risque de désintégration en raison de la baisse du financement des pays membres. Ces derniers ont réduit leur financement à tel point que l'ONU a été contrainte de lancer l'initiative ONU80, qui prévoit des coupes budgétaires. Par exemple, les États-Unis ont progressivement réduit leurs dépenses destinées à l'organisation.

Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, a déclaré que l'accent serait mis sur les activités ayant le plus d'impact, car l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a été contrainte de réduire ses opérations. 

Des licenciements sont imminents. Stéphane Dujarric, porte-parole de l'ONU, a confirmé que des réductions de 20 % du personnel du Secrétariat général sont inévitables. Toutefois, l'initiative ONU80 doit encore être approuvée par le Comité administratif et budgétaire des Nations unies et l'Assemblée générale. 

Les multiples guerres actuelles et les échecs historiques de l'ONU n'aident pas non plus. Le génocide rwandais de 1994, qui a fait environ 800 000 morts, ou le silence constant face aux crimes de guerre en Syrie ont considérablement entamé la confiance internationale dans l'organisation. 

La paralysie du Conseil de sécurité de l'ONU face aux conflits armés à Gaza et en Ukraine a accentué la vision négative des pays membres à l'égard du veto des cinq membres du Conseil permanent. 

Selon Al Arab, cette institution internationale est passée d'un espace de médiation et de prise de décision à un spectacle où s'affrontent différentes positions. De plus, les problèmes ne sont plus résolus en tenant compte des Nations unies. 

Le Moyen-Orient et le Sud ont insisté sur le fait que l'ONU doit changer ses politiques et ses règles afin qu'il n'y ait pas de position partiale dans laquelle les puissances sont exemptées du respect des mesures imposées. 

En résumé, l'organisation internationale est confrontée à un besoin urgent de réforme, tant au niveau interne, en ce qui concerne le fonctionnement des différents organes qui la composent, qu'au niveau externe, en matière de gestion des conflits et des questions financières. 

Le 80e anniversaire de l'ONU célèbre l'union entre les pays de tous les continents et l'existence d'une institution internationale dédiée à la paix. Cependant, c'est aussi l'occasion d'un dialogue afin qu'elle ne devienne pas une organisation fantôme.