Les accords d'Abraham se consolident en tant qu'outil de promotion de la paix régionale
Malgré la poursuite de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas, les accords d'Abraham ont continué à s'approfondir en 2023, une année qui a vu de nombreuses visites et délégations de haut niveau. C'est la conclusion à laquelle est parvenu l'Institut pour la paix des accords d'Abraham, comme le souligne son rapport annuel 2023. Ce document, qui analyse l'évolution des liens entre les pays signataires de ce pacte important, met en lumière de nombreux développements liés à l'accord dit du siècle.
L'Institut pour la paix des accords d'Abraham rappelle que l'année écoulée a été marquée par l'élargissement de cadres bilatéraux et multilatéraux novateurs, par d'importants développements interconfessionnels et par des initiatives conjointes sans précédent qui ont rassemblé des investisseurs, des experts, des universitaires et des femmes dirigeantes de toute la région.
Dans le cadre des accords d'Abraham, le partenariat au niveau économique et commercial se distingue particulièrement. À cet égard, selon les données du Bureau central des statistiques d'Israël (CBS), les échanges commerciaux entre les nations signataires ont battu de nouveaux records en 2023, dépassant les 4 milliards de dollars, soit une augmentation de 16 % d'une année sur l'autre.
Il convient de noter que l'Institut pour la paix des accords d'Abraham n'inclut que les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan parmi les nations ayant normalisé leurs relations avec Israël entre septembre et décembre 2020. Il ne comptabilise donc pas les échanges avec les autres pays arabes qui avaient des liens avec Jérusalem auparavant.
À cet égard, l'Institut pour la paix des accords d'Abraham estime que si l'on ajoute le commerce entre Israël et d'autres pays arabes, comme les exportations israéliennes de gaz naturel vers l'Égypte et de gaz et d'eau vers la Jordanie, le commerce lié à la défense et aux services, les logiciels et la cybernétique, la valeur réelle du commerce des accords d'Abraham en 2023 dépassera les 10 milliards de dollars.
Le rapport souligne qu'après l'attaque du 7 octobre par le Hamas et l'opération militaire israélienne qui a suivi à Gaza, les relations diplomatiques sont restées stables, les échanges commerciaux n'ayant baissé que de 4 %, contre 18 % pour l'ensemble des échanges commerciaux d'Israël.
Outre le commerce, les liens entre les deux pays se sont renforcés en 2023 dans d'autres domaines. Parmi les faits marquants de l'année écoulée, citons l'inauguration de la Maison de la famille abrahamique à Abou Dhabi, l'entrée en vigueur de l'accord de partenariat économique global entre les Émirats arabes unis et Israël, l'ouverture officielle de l'ambassade d'Israël à Bahreïn, la conférence Connect2Innovate à Manama et la conférence Women Connect to Innovate à Marrakech.
Il convient également de noter la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et l'augmentation du nombre de touristes israéliens dans les pays signataires de l'accord. Cette augmentation a conduit les compagnies aériennes à établir de nouvelles routes aériennes entre les nations signataires.
L'année 2023 a également été marquée par le lancement ou l'élargissement de cadres multilatéraux de collaboration, tels que la réunion des groupes de travail du Forum du Néguev et le dialogue multilatéral entre les responsables de la cybersécurité et les conseillers à la sécurité nationale des pays de l'Accord.
La coopération a également été étendue à d'autres pays, comme l'Inde, dans le cadre du forum I2U2. L'intégration régionale a progressé de manière significative grâce au lancement de l'initiative du corridor Inde-Moyen-Orient-Europe (IMEC) lors du sommet du G20 en septembre 2023. Les avantages de l'établissement d'un corridor terrestre efficace reliant l'Est et l'Ouest via Israël et le Golfe sont devenus encore plus évidents à la lumière des attaques des rebelles yéménites Houthi soutenus par l'Iran contre la navigation dans la mer Rouge.
Malgré les obstacles et la guerre, les accords d'Abraham restent en place
Ces attaques ont commencé au lendemain du massacre du 7 octobre par le Hamas et de la guerre qui s'en est suivie entre Israël et le groupe terroriste, un conflit qui n'a pas affecté les relations diplomatiques et commerciales des pays signataires des accords d'Abraham.
Ces relations sont restées stables, tandis que les dirigeants de chaque nation ont confirmé leur engagement à l'égard des accords. Ils ont également pu profiter de la confiance établie avec Israël pour coordonner l'aide humanitaire à Gaza.
Cependant, depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre, les relations d'Israël avec les États arabes ont connu des difficultés et de fortes tensions. Les dirigeants de la région ont critiqué l'opération de guerre d'Israël tout en exprimant leur soutien à la cause palestinienne.
Toutefois, contrairement à ce qui s'est passé lors de la seconde Intifada ou des premières escalades de violence à Gaza, aucun pays arabe n'a rompu ses relations avec Israël depuis le début de la guerre, il y a près de six mois.
De même, la guerre a eu un impact très négatif sur l'opinion publique régionale à l'égard d'Israël, ce qui a freiné les projets de relations interpersonnelles et ralenti les progrès vers la normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite, le prochain pays arabe à adhérer aux accords.
Objectifs pour 2024
Après la fin de l'année 2023, l'Institut pour la paix des accords d'Abraham formule une série de recommandations pour 2024. Il s'agit notamment de
- Encourager l'engagement actif et l'investissement des pays alliés et de ceux qui partagent les mêmes idées, en particulier les États-Unis, afin de maintenir la dynamique positive des accords d'Abraham et de contrer les avancées des acteurs négatifs.
- Exploiter le potentiel des initiatives multilatérales pour faire progresser la coopération et l'intégration régionales. Parmi les exemples de coopération multilatérale, on peut citer l'IMEC, l'I2U2 et les zones régionales de libre-échange ou les zones industrielles qualifiées.
- Surmonter les obstacles infrastructurels, logistiques, réglementaires, sécuritaires et géopolitiques qui entravent l'efficacité des échanges terrestres entre l'Ouest et l'Est par l'intermédiaire d'Israël et du Golfe.
L'organisme souligne également l'importance d'augmenter le nombre de délégations bilatérales coordonnées issues de différents secteurs, d'étendre les programmes de visas électroniques et d'exemption de visas dans le but d'assurer des déplacements sans heurts à tous les points de transit.
L'Institut demande également que la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental soit garantie et reflétée dans toutes les déclarations et communications officielles.
D'autre part, des progrès devraient être réalisés en ce qui concerne les mesures visant à maintenir le Soudan dans le cadre des accords d'Abraham, malgré l'instabilité et la violence qui règnent dans le pays. De même, un large éventail d'options devrait être poursuivi pour élargir le cercle de normalisation et de coopération, non seulement dans le Golfe, mais aussi en Afrique et en Asie du Sud-Est.