Alerte maximale au Maroc et en Espagne face à un possible afflux massif de migrants à Ceuta et Melilla

Des informations diffusées sur les réseaux font état d'un possible afflux massif de migrants clandestins marocains, algériens et tunisiens à Ceuta et Melilla dans les premières heures de la journée de samedi à dimanche
Fotografía de archivo, migrantes escalan un dique en la ciudad norteña de Fnideq después de intentar cruzar la frontera de Marruecos al enclave español de Ceuta en el norte de África - AFP/FADEL SENNA
Des migrants escaladent une digue dans la ville de Fnideq, dans le nord du pays, après avoir tenté de franchir la frontière entre le Maroc et l'enclave espagnole de Ceuta, en Afrique du Nord - AFP/FADEL SENNA
  1. Coopération étroite entre le Maroc et l'Espagne

Les forces de sécurité du Maroc et de l'Espagne sont en état d'alerte face aux informations diffusées sur les réseaux concernant l'organisation d'un possible passage massif de migrants clandestins aux premières heures de samedi à dimanche à travers Ceuta et Melilla pour passer de l'Afrique au continent européen à travers le territoire espagnol. 

Les commentaires de diverses sources indiquent que le passage par les frontières de Ceuta et Melilla aurait lieu aux premières heures de samedi à dimanche, ce qui explique la tension maximale dans la zone frontalière entre le territoire marocain et le territoire espagnol. 

Le Maroc a déjà placé la frontière nord avec Ceuta et Melilla en état d'alerte pour empêcher l'entrée illégale de migrants clandestins, car la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux incite depuis quelques heures les jeunes à franchir la frontière par voie terrestre ou maritime. 

Paso fronterizo de Fnideq de Marruecos con el enclave español de Ceuta (al fondo) -AFP/FADEL SENNA
Poste frontière de Fnideq au Maroc avec l'enclave espagnole de Ceuta (à l'arrière-plan) - AFP/FADEL SENNA

Les forces de sécurité marocaines ont d'ailleurs effectué des descentes à Tanger et à Tétouan, dans le nord du Maroc, pour désactiver les groupes susceptibles d'encourager ces flux migratoires illégaux. 

Les forces de sécurité ont mis en place, il y a quelques jours, des ceintures de sécurité dans différentes enclaves maritimes et terrestres afin d'empêcher toute tentative de migration illégale de la part de groupes, selon les médias locaux.

Ces mesures ont été déployées après la diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs vidéos et informations annonçant l'organisation d'agressions massives par des migrants clandestins à la frontière entre Nador et Melilla et au poste frontière entre Tétouan et Fnideq (Castillejos) et Ceuta. 

Alors que des dispositifs de sécurité et de contrôle ont été mis en place pour surveiller les éventuels mouvements clandestins de groupes de migrants, une enquête a également été ouverte, conduisant à l'arrestation de dizaines de jeunes. 

La police des villes de Tanger et de Tétouan a arrêté plus de 60 personnes ces derniers jours, dont des mineurs, pour leur implication présumée dans la fabrication et la diffusion de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux afin d'encourager la migration irrégulière.

Une campagne virale a été développée sur les réseaux sociaux incitant directement les jeunes à franchir illégalement les postes frontières menant du Maroc aux villes autonomes espagnoles de Ceuta et Melilla. 

Toutes les personnes arrêtées ont été déférées devant la justice pour enquêter sur les motivations de ces actes et la diffusion de ces informations, tandis que les investigations se poursuivent pour identifier toutes les personnes impliquées dans la production et la diffusion de faux contenus et de nouvelles favorisant la migration irrégulière de ressortissants marocains, algériens et tunisiens. 

Migración masiva entre Marruecos y España - PHOTO/ARCHIVO
Migration massive entre le Maroc et l'Espagne - PHOTO/FILE

Les services marocains de sécurité et de surveillance de l'information s'efforcent de retracer tous les contenus numériques sur les réseaux sociaux liés à l'incitation directe à l'assaut de la barrière de sécurité séparant Melilla et Nador de Ceuta et Castillejos (Fnideq), afin d'identifier les personnes impliquées et de pouvoir les arrêter et les traduire en justice, comme l'ont rapporté divers médias tels que La Razón. 

Les forces de sécurité marocaines ont installé des dizaines de clôtures pour rendre l'accès aux côtes plus difficile, et plus de 60 personnes ont été arrêtées à Tanger et à Tétouan, soupçonnées d'avoir créé et diffusé de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux incitant à des « opérations massives d'immigration clandestine ».

Récemment, les autorités marocaines ont procédé à l'expulsion de 39 personnes, principalement des ressortissants algériens et tunisiens, qui se trouvaient illégalement sur le territoire et qui sont soupçonnées de vouloir entrer illégalement à Ceuta. 

Selon des sources policières, ces personnes ont été renvoyées via la Tunisie en deux vagues car les relations diplomatiques entre le Maroc et l'Algérie sont très mauvaises. Ils ont tous quitté le territoire marocain par des vols en provenance de l'aéroport Mohammed V de Casablanca.

La Guardia Civil espagnole a également renforcé ses positions à Ceuta et Melilla en réponse à l'alarme concernant un possible afflux massif prévu pour les premières heures de samedi à dimanche. 

Selon les informations fournies par l'Association unifiée des gardes civils (AUGC), la garde civile de Ceuta a détecté la diffusion de vidéos encourageant les gens à traverser la jetée de Tarajal à la nage dans les premières heures du dimanche 15 septembre.

Migrantes corren hacia la valla que separa Marruecos de España - REUTERS/JON NAZCA
Des migrants courent vers la clôture séparant le Maroc de l'Espagne - REUTERS/JON NAZCA

Face à cette situation, la Guardia Civil a déployé d'importants renforts humains et matériels pour faire face à l'éventuelle pression migratoire qui pourrait survenir. 

Il convient de noter que la délégation du gouvernement à Ceuta a préféré ne pas confirmer les détails d'un éventuel déploiement extraordinaire pour des « raisons de sécurité », bien qu'elle ait souligné que les forces de sécurité de l'État espagnol seront préparées à une éventuelle augmentation exponentielle de la pression migratoire dans la région. 

Des sources policières ont indiqué que les mesures de sécurité les plus importantes ont été adoptées dans la ville marocaine de Castillejos (Fnideq), à deux kilomètres de la frontière avec Ceuta, avec l'incorporation d'un plus grand nombre de policiers et de militaires dans la zone autour de la plage, où ce type de voyages migratoires commence habituellement. Jusqu'à 7 000 policiers marocains ont été déployés entre Tanger et Castillejos pour prévenir les incidents, comme l'ont rapporté divers médias tels que RTVCE.

En Espagne, la Guardia Civil et la Police nationale restent en alerte face à cette situation qui, au mois d'août dernier, a déjà entraîné jusqu'à 700 tentatives d'entrée dans le pays par jour, certains jours, notamment en cas de brouillard épais qui rendait le contrôle difficile pour les forces de sécurité. 

Vista general del paso fronterizo marroquí de Fnideq con el enclave español de Ceuta (al fondo) – PHOTO/FADEL SENNA/AFP
Vue générale du poste frontière marocain de Fnideq avec l'enclave espagnole de Ceuta (à l'arrière-plan) - PHOTO/FADEL SENNA/AFP

Coopération étroite entre le Maroc et l'Espagne

La coopération entre le Maroc et l'Espagne en matière d'immigration clandestine est très forte en raison de la volonté de deux pays qui sont considérés comme des voisins et des alliés.

La coopération dans ce domaine a toujours été très importante, mais elle est devenue encore plus étroite ces dernières années grâce aux relations diplomatiques bilatérales, qui connaissent actuellement l'un de leurs meilleurs moments après que le gouvernement espagnol a soutenu l'intégrité territoriale du Maroc en reconnaissant la proposition du pays nord-africain d'une large autonomie pour le Sahara occidental sous la souveraineté marocaine comme la manière « la plus sérieuse, crédible et réaliste » de résoudre le conflit sahraoui, qui dure depuis près de cinquante ans, depuis que l'Espagne a quitté la région en tant que puissance coloniale. 

Les forces de sécurité marocaines et espagnoles collaborent étroitement pour contrôler les passages maritimes et terrestres qui séparent les deux territoires nationaux par les postes-frontières entre Nador et Melilla et entre Fnideq et Tétouan. 

Cette coopération conjointe vise à lutter contre l'immigration clandestine, qui met en danger la vie de milliers de personnes qui tentent d'atteindre le sol européen par tous les moyens possibles pour améliorer leurs conditions de vie et qui sont utilisées par des bandes criminelles se livrant à la traite illégale d'êtres humains ; et, en outre, une coopération qui vise également à empêcher à plusieurs reprises le transit d'éléments dangereux qui sont même liés d'une manière ou d'une autre à des groupes terroristes.