Beatriz Yubero : "Al-Qaeda aura un successeur et il y aura aussi une réponse"

Dans la dernière édition de "De cara al mundo" sur Onda Madrid, nous avons eu la participation de Beatriz Yubero, analyste internationale et experte du Moyen-Orient et du contre-terrorisme, qui a analysé la situation actuelle d'Al-Qaeda après que les États-Unis aient éliminé le chef de l'organisation terroriste, Ayman al-Zawahiri, à Kaboul.

Beatriz, nous, à Atalayar, avons lu avec beaucoup d'attention votre article sur ce que signifie la disparition du leader d'Al-Qaeda, Ayman al-Zawahiri, la personne qui a succédé à Oussama ben Laden. Nous nous demandons ce qui va se passer maintenant.

Plusieurs fronts sont maintenant ouverts. Tout d'abord, il s'agit d'un succès pour l'administration de Joe Biden, qui traversait une période plutôt douteuse et qui s'en est sortie, non seulement grâce à une série d'implémentations et de changements qu'elle a mis en œuvre aux États-Unis, comme le plan environnemental ou le défi à la Chine, mais aussi parce qu'il lui fallait un coup à l'extérieur, et ce coup a sans doute été l'élimination d'Ayman al-Zawahiri, l'un des terroristes les plus recherchés du moment.

D'autre part, une autre brèche importante s'est ouverte avec les Talibans. Comme nous le savons, en 2020, ils ont conclu un accord avec les États-Unis précisément pour empêcher Al-Qaeda d'opérer dans le pays, en Afghanistan, et pourtant nous avons vu qu'Ayman al-Zawahiri était chez lui à Kaboul et qu'il s'agit d'un travail de plusieurs mois au cours duquel le terroriste a adopté une série de routines. Tous les membres de sa famille ont également été identifiés ; il était avec ses enfants, sa femme et ses petits-enfants, et c'était une attaque propre. Néanmoins, il s'agissait d'une violation de ce pacte avec les Talibans.

Cependant, même si nous pensons aujourd'hui que l'organisation est désormais sans tête, en réalité, ce à quoi il faut penser, c'est qu'il s'agit d'une organisation qui a déjà été sans tête sous Oussama ben Laden, auparavant sous al-Zarqawaii et maintenant sous Ayman al-Zawahiri. Sans aucun doute, ils auront un successeur, qui est actuellement recherché et discuté, et il y aura également une réponse, nous ne savons pas si elle sera conjointe, avec l'État islamique, Daesh, ou si ce seront les talibans qui parviendront d'une manière ou d'une autre à réprimer cette réponse, au moins sur leur territoire.

Daesh et Al-Qaeda sont deux organisations terroristes qui ont de nombreuses différences, mais, dans ces moments de faiblesse certaine, peuvent-elles penser à une sorte d'action commune ?

Ils ont de nombreuses différences, mais nous ne devons pas oublier que l'État islamique est une émanation d'Al-Qaeda. À l'heure où Al-Qaeda cherchait cette résurgence et cet encouragement à nouveau pour d'autres organisations terroristes, et renforçait même la propagande et encourageait d'autres organisations comme l'État islamique, qui est au plus bas en ce moment, il est possible de penser que, bien sûr, ils pourraient faire une sorte d'organisation commune. Tout dépendra de qui succédera à Ayman al-Zawahiri.

Il ne faut pas se leurrer, la menace terroriste est toujours présente. Nous avons vu comment des personnes armées d'armes blanches ont perpétré diverses attaques dans plusieurs pays européens, avec un profil beaucoup plus bas, heureusement, qu'à d'autres moments, mais la menace terroriste demeure.

La menace terroriste demeure et sera toujours présente. Ces types d'organisations terroristes ne s'arrêtent pas, elles évoluent. Nous l'avons vu avec Al-Qaeda, nous l'avons vu avec l'État islamique, mais nous l'avons vu avec d'autres organisations terroristes et même au Sahel, avec Boko Haram. Je pense que la menace demeure et demeurera, car elle comporte une forte composante idéologique et politique, ce qui est l'objectif de toute organisation terroriste, contrairement à tout autre groupe de criminalité organisée. 

Par conséquent, nous ne pouvons pas baisser la garde, surtout maintenant, à un moment où nous cherchons un successeur, et les deux noms qui sont les plus en vogue sont deux des chefs les plus recherchés d'Al-Qaeda. Il y a le nom de Saif al-Adel, qui est un jeune homme qui pourrait être en lice pour succéder à al-Zawahiri, bien qu'il soit toujours en doute en raison de ses liens d'affaires avec l'Iran. Et puis il y a le nom d'Abderrahmane al-Maghrebi, plus connu sous le nom de Mohamed Abattatay, qui est précisément le gendre d'Ayman al-Zawahiri, et qui a été pendant longtemps le bras médiatique d'Al-Qaida.

La menace que représente l'Iran par le biais des milices qu'il finance dans divers pays est-elle une préoccupation ?

La menace régionale est toujours présente. C'est un acteur régional qui conteste le contrôle, avec d'autres pays, de la région. En effet, l'Iran soutient des milices comme le Hezbollah au Liban et, bien sûr, l'objectif de l'Iran sera toujours de déstabiliser autant que possible l'Europe, l'Occident et ses opposants dans la région. Bien sûr, il servira à financer des milices terroristes dans différents pays.