Blinken concluye su gira diplomática en Argelia

La tournée diplomatique du secrétaire d'État américain Anthony Blinken au Moyen-Orient et en Afrique du Nord touche à sa fin. Le secrétaire d'État a atterri en Algérie, où il est venu consolider le nouvel ordre mondial dans la région, à un moment où l'Europe traverse l'un de ses moments les plus difficiles.
Le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtan Lamrara, s'est rendu à l'aéroport pour accueillir Blinken, dans ce qui serait déjà sa dernière étape dans la région. Le secrétaire d'État américain rencontrera également le président algérien Abdelmadjid Tebboun plus tard dans la journée, après une conférence de presse à l'ambassade d'Algérie. Cependant, on ne sait pas grand-chose d'autre sur cette réunion, le ministère des affaires étrangères n'ayant pas fourni de détails supplémentaires sur les questions qui seront abordées.

Depuis Israël, Blinken s'est rendu au Maghreb en cinq jours seulement. La frénésie de ce voyage diplomatique souligne l'intention des États-Unis de sceller la bonne coopération et la diplomatie qu'ils entretiennent avec la région à la suite des accords d'Abraham, pactes historiques qui ont établi des relations diplomatiques, pour la première fois, entre Israël et plusieurs pays arabes, dont les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc.
Cette réunion intervient également au moment où le Maroc et l'Espagne ont repris leurs relations diplomatiques, suite à la nouvelle position du gouvernement espagnol qui défend et soutient la proposition marocaine d'autonomie pour Rabat sur la question du Sahara occidental. Ce développement hautement symbolique et significatif a renversé la position de l'Espagne sur la souveraineté de son ancienne colonie, ce qui a été applaudi par les États-Unis et soutenu par une partie de l'Union européenne.

La visite de Blinken au Maghreb, d'abord au Maroc puis en Algérie, n'est pas anodine, car depuis que l'Espagne a annoncé sa nouvelle position, l'Algérie a pris ses distances avec Madrid et a annoncé qu'elle allait "revoir tous les accords" signés entre les deux pays. De même, l'Algérie a organisé une première rencontre avec l'Italie, après avoir déclaré qu'elle serait son nouveau "partenaire énergétique".
La situation actuelle entre le Maroc et l'Algérie reste gelée. En août dernier, Alger a décidé de rompre unilatéralement ses relations avec Rabat, après que ce dernier ait reproché au Maroc son soutien au mouvement d'indépendance des tribus kabyles et exprimé son mécontentement à l'égard des dernières politiques étrangères du royaume. Dans le même temps, Alger a fermé le gazoduc du Maghreb, qui acheminait le gaz algérien vers la péninsule via le Maroc, ce qui a nécessité la recherche de nouvelles alternatives pour l'approvisionnement en gaz, en utilisant le gazoduc Medgaz.
Ces événements ont entraîné des troubles importants en Afrique du Nord, sans compter le conflit actuel en Ukraine après que la Russie a décidé d'envahir militairement le pays il y a plus d'un mois.

Le conflit en Europe de l'Est a pris un caractère international qui a affecté la coopération européenne en matière de sécurité, les prix du gaz et la rareté des ressources de base. De même, avant l'invasion de Moscou, l'Algérie est apparue comme un partenaire stratégique de la Russie, notamment dans le domaine militaire.
En octobre dernier, l'Algérie et la Russie ont entamé des opérations militaires conjointes en Ossétie du Nord, dans le district fédéral du Caucase du Nord. Ces exercices ont été une nouvelle démonstration des bonnes relations entre les deux pays, ainsi que de leur engagement à les approfondir davantage. L'Algérie est le troisième client d'armes de Moscou après la Chine et l'Inde.
Tout comme la Russie a montré à plusieurs reprises son soutien à l'Algérie, les États-Unis ont montré leur soutien au Maroc. La reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a marqué un tournant dans les relations américano-marocaines, et la coopération entre les deux pays n'a jamais cessé depuis. À cet égard, l'échiquier nord-africain continue d'être le théâtre de différends géopolitiques entre deux des puissances internationales les plus importantes et les plus en vue du monde.

D'autre part, le refroidissement des relations entre l'Algérie et le Maroc est dû au fait que le pays souhaite s'imposer comme l'un des pays les plus influents d'Afrique du Nord. De son côté, Moscou n'a pas voulu manquer l'occasion avec Alger et y a vu une opportunité de continuer à étendre son influence sur le continent africain, comme elle l'a déjà fait dans des pays tels que le Mali, l'Égypte et la Libye.
Une conséquence de cela est la position qu'un nombre important de pays africains ont maintenue à l'égard de l'invasion russe. C'est ce qu'ont démontré 17 pays au total lors de l'Assemblée générale des Nations unies en décidant de s'abstenir de condamner les attaques. L'Érythrée, cependant, s'est directement opposée à cette condamnation, dans un exercice qui, selon les analystes internationaux, est dû à l'influence importante que la Russie tente d'exercer sur le continent.
Parallèlement à la Russie et aux États-Unis se trouve la Chine. Le géant asiatique étend actuellement son influence sur le continent par la construction de nouvelles infrastructures, la conclusion d'accords commerciaux et la création de nouveaux moyens de communication, tous orientés par les politiques de Pékin.
La Chine, les États-Unis et la Russie se disputent l'influence à un moment où le multilatéralisme s'est révélé être l'outil de base de la nouvelle configuration de l'ordre mondial. Le conflit en Ukraine en est également un signe, et a montré que le monde est plus polarisé que jamais.
Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra