La Turquie et la Russie conviennent d'une cessation des hostilités qui prendra effet à 23 heures, heure espagnole

Un cessez-le-feu à Idlib

PHOTO/Service de presse présidentielle via AP - : Après six heures de négociations, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont convenu d'un cessez-le-feu dans la zone de désescalade à Idlib

La réunion à Moscou entre les délégations russe et turque a porté ses fruits. Après six heures de négociations, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont convenu d'un cessez-le-feu dans la région d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie. La situation dans cette région s'est aggravée la semaine dernière en raison des récents combats entre les troupes d'Ankara et celles de Damas. Le dictateur Bachar al-Asad tente de reconquérir les derniers bastions de résistance avec le soutien logistique et en armes de la Russie et de l'opposition turque.  

Pour tenter de résoudre la situation et éviter une guerre ouverte à grande échelle, les dirigeants des deux pays avaient convenu de se rencontrer dans la capitale russe jeudi. Les négociations, selon le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, ont été difficiles. Tout d'abord, les deux présidents ont tenu une réunion bilatérale qui a duré environ trois heures.  

Les discussions se sont ensuite poursuivies, cette fois en présence des ministres des Affaires étrangères - Sergueï Lavrov et Mevlut Çavusoglu - et de la Défense - Sergueï Shoigu et Hulusi Akar - ainsi que des conseils des agents de renseignement des deux pays. Enfin, les deux pays ont convenu d'un cessez-le-feu qui entrera en vigueur aujourd'hui à 23 heures, heure espagnole.   

Putin y Erdogan llegan para hacer el comunicado de prensa conjunto tras sus conversaciones en el Kremlin de Moscú el 5 de marzo de 2020

Qu'est-ce qui a été convenu à Moscou ? Lors d'une conférence de presse commune, Poutine et Erdogan ont annoncé que les deux parties avaient rédigé un document pour un cessez-le-feu dans la zone de désescalade autour d'Idlib. Le dirigeant russe a remercié la délégation turque pour son travail. Le leader turc a également eu de bonnes paroles pour son homologue. Les détails plus spécifiques ont été présentés par Lavrov et Çavusoglu, qui ont lu le document. 

Bien qu'Erdogan, dans son discours, ait eu des paroles dures envers le régime d'Al-Asad, l'accord signé commence par souligner la nécessité de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie. Les deux parties conviennent que le conflit dans le pays du Moyen-Orient ne sera jamais résolu par les seules armes ; il est essentiel d'articuler un processus politique dans le cadre des dispositions des résolutions des Nations unies.  

La cessation des hostilités entrera officiellement en vigueur à minuit, heure syrienne (23h00) et couvrira toute la zone de désescalade autour d'Idlib, conformément aux accords de Sotchi. Le document stipule que toutes les actions qui y seront menées seront coordonnées avec les ministères de la défense russe et turc, les garants ultimes de l'accord.  

Sur le plan militaire, la Turquie s'est réservée le droit de continuer à envoyer des troupes sur le sol syrien, mais a accepté de « changer » l'opération dite « Bouclier de printemps », conçue pour une confrontation directe avec le régime syrien. Elle continuera à avoir le droit de se défendre proportionnellement en cas d'attaque par les forces armées de Damas. Cependant, cela deviendra beaucoup plus improbable à partir de ce soir. 

Una foto tomada el 5 de marzo de 2020 muestra una explosión tras los ataques aéreos rusos sobre la aldea de al-Bara, en la parte sur de la provincia de Idlib

La présence militaire des Turcs et des Russes en Syrie est justifiée, selon les deux dirigeants, par la lutte contre les différents groupes terroristes opérant dans la région. C'est un aspect que les deux parties ont voulu souligner en particulier. Tout comme Erdogan, bien que, dans le passé, son gouvernement ait financé des milices liées à des groupes d'inspiration clairement djihadiste.

Autour d'Idlib, un des points principaux est la création de zones de sécurité pour essayer de stopper la crise humanitaire dans la région. En particulier, un corridor sécurisé sera créé sur la route M4, qui relie la ville à Lattaquié sur la côte. Il s'étendra sur 12 kilomètres, six au nord et six au sud d'Idlib, et est conçu pour permettre le passage de l'aide humanitaire en toute sécurité.  

Selon les Nations unies, près d'un million de personnes ont quitté la région depuis décembre dernier. D'autres sources, telles que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR), suggèrent que le chiffre est encore plus élevé, avec jusqu'à 1,15 million de personnes déplacées.  

Sur le plan logistique, et soulignant l'importance de la route M4, les deux parties ont convenu d'établir des patrouilles communes sur les principales voies de communication de la région. Ils commenceront à fonctionner, comme prévu, à partir du 15 mars prochain. Ils s'efforceront d'établir un passage sûr par cette route.  

Jusqu’à cet après-midi, le régime d'Al-Asad a continué de bombarder certains villages de la région d'Idlib. Le SOHR fait état de dizaines d'attentats à la bombe dans la ville de Jabal al-Zawiya, au sud d'Idlib.