Les procureurs du Venezuela arrêtent le chef de l'opposition Freddy Guevara et menacent d'enlever Juan Guaidó

Le Chavisme persécute l'opposition, entrave l'accord national

PHOTO/SERVICIO DE FOTOGRAFÍA DE JUAN GUAIDO - Le chef de l'opposition vénézuélienne, Juan Guaidó

Le harcèlement des dissidents se poursuit au Venezuela. La discrète ouverture économique annoncée par le président Nicolás Maduro semble être un épisode sans rapport avec un prétendu rapprochement avec l'opposition pour mettre fin à la crise politique. Le Chavisme l'a confirmé ces dernières heures avec l'arrestation des membres de l'opposition Freddy Guevara et Juan Guaidó.

Le président partiellement reconnu en charge du Venezuela, Juan Guaidó, a dénoncé lundi une tentative d'enlèvement à sa résidence de Caracas. Le leader de l'opposition a détaillé que les assaillants ne portaient pas d'identification, et a souligné que ceux-ci pourraient appartenir aux forces paramilitaires, aux FAES (Forces d'action spéciale de la police) ou au SEBIN (Service national bolivarien de renseignement).

Les images des caméras de sécurité montrent comment un groupe d'assaillants armés monte à bord du véhicule de Guaidó, avec lui et sa femme à l'intérieur, et comment ils éjectent le conducteur. A cet instant, de nombreux voisins et journalistes stationnés dans le quartier se sont pressés à l'entrée du bâtiment après avoir entendu l'assaut sur le véhicule. L'entrée de plusieurs personnes dans le complexe aurait motivé la fuite des assaillants. 

"Le modus operandi de la dictature est très clair : persécuter, torturer, kidnapper, censurer", a déclaré le chef de l'opposition. "Il n'y a pas de mandat d'arrêt parce qu'il s'agissait seulement de harcèlement, de menaces avec des armes longues, de guerre, dans un immeuble résidentiel", a exposé Guaidó aux médias. L'ancien président de l'Assemblée nationale a souligné la culpabilité de Nicolas Maduro, cependant, les forces de l'opposition ont décidé de maintenir la ligne de négociation avec le gouvernement et de préserver pour le moment la proposition de l'accord dit de salut national, un cadre pour débloquer la crise politique urgente.

"Aujourd'hui nous vivons des heures d'angoisse, le siège, la persécution, la tentative d'arrêter le président aujourd'hui dans le sous-sol de ma maison, sont les signes d'une dictature qui persécute, assassine et emprisonne, aujourd'hui ils ont tiré à l'arme longue dans ma maison", a posté sur Twitter l'épouse de Juan Guaidó, Fabiana Rosales, quelques minutes après l'assaut. Rosales a ajouté que "pendant que cela se passait chez moi, la dictature kidnappait simultanément le député Freddy Guevara dans la rue".

Le bureau du procureur général du Venezuela a confirmé hier soir l'arrestation du député de l'opposition Freddy Guevara pour avoir entretenu des liens avec des "groupes extrémistes et paramilitaires associés au gouvernement colombien", selon le procureur Tarek William Saab. Accusé d'être l'instigateur des manifestations antigouvernementales qui ont éclaté en 2017, Guevara s'est réfugié à l'ambassade du Chili dans la capitale vénézuélienne. Cependant, le contexte de rapprochement entre l'exécutif et les dissidents lui vaut d'être gracié par décret présidentiel le 31 août. 

Depuis lors, l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale tente de promouvoir un accord politique majeur. Cependant, le contexte dans lequel son arrestation a eu lieu illustre parfaitement les intentions d'un secteur de l'opposition de trouver une solution par le dialogue avec le Chavisme. "J'ai décidé de rester dans mon pays malgré tous ces problèmes et la possibilité d'être à nouveau arrêté, sachant que nous sommes dans un régime dictatorial. Mais je suis absolument convaincu que j'ai fait la bonne chose, que je continuerai à faire la bonne chose", a expliqué Guevara lors d'une émission en direct sur Instagram. À ce moment précis, des agents ont arrêté le véhicule dans lequel il se trouvait et l'ont détenu.

Quelques heures plus tard, le procureur a révélé les raisons de cette arrestation. Guevara est également accusé de "trahison". M. Maduro a ensuite annoncé que le gouvernement dispose de preuves impliquant un secteur de "l'extrême droite" dans le contexte des affrontements entre bandes criminelles et police à Caracas la semaine dernière, qui ont fait 26 morts.

Cette nouvelle persécution contre les dissidents au Venezuela a lieu pendant la visite d'une mission de l'Union européenne dans ce pays d'Amérique latine, dans le cadre du travail d'observation visant à garantir le bon déroulement des prochaines élections locales et d'État prévues en novembre.

Coordinateur pour l'Amérique latine : José Antonio Sierra.