Les deux parties ont convenu d'un cessez-le-feu de 14 jours ; l'ONU se félicite de cette décision

La Coalition arabe et les houthis ouvrent un espace de dialogue au Yémen

PHOTO/REUTERS - Soldats nouvellement recrutés avant une explosion contre leur parade dans la ville d'al-Dhalea, au Yémen, le 29 décembre 2019

La coalition dirigée par les Saoudiens en soutien au gouvernement d'Abd Rabbuh Mansur al-Hadi et aux rebelles hutus du Yémen a ouvert un espace de dialogue mercredi avec l'annonce d'un cessez-le-feu à partir de jeudi et une proposition de paix, respectivement.

Après avoir insisté pendant des semaines pour que les parties cessent les hostilités afin de se préparer à l'arrivée de la pandémie COVID-19 dans l'un des pays les plus mal préparés à une urgence sanitaire, les protagonistes du conflit ont finalement fait un pas en avant qui ouvre une fenêtre de dialogue. Le porte-parole de la coalition militaire dirigée par l'Arabie Saoudite, Turki al-Maliki, a annoncé un cessez-le-feu de deux semaines qui débutera à midi le jeudi 8 avril.

Le cessez-le-feu en Arabie Saoudite

Al-Maliki a déclaré, selon l'agence de presse officielle saoudienne SPA, que cette décision vise à « créer les conditions appropriées » pour mettre en œuvre l'appel lancé il y a quelques jours par l'envoyé spécial des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths, en faveur d'une cessation des hostilités face à la pandémie de COVID-19.

Le porte-parole de la coalition a déclaré que cet environnement favorable ouvrirait la porte à une rencontre entre le gouvernement internationalement reconnu du Yémen, les houthis et une « équipe militaire » de l'alliance avec les Griffiths pour « examiner leurs propositions sur les mesures et les mécanismes de mise en œuvre d'un cessez-le-feu permanent au Yémen ».

Il a déclaré que le commandement de la coalition arabe soutient les appels du Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui a appelé le 23 mars à un « cessez-le-feu mondial face à COVID-19 ».

El portavoz de la coalición militar liderada por Arabia Saudí, el coronel Turki Al-Maliki

Proposition houthie

Quelques minutes avant l'annonce saoudienne, les rebelles houthis ont publié leur propre plan pour mettre fin au conflit selon les conditions qu'ils jugeaient appropriées.

Les houthis ont noté que la proposition, qui a été rendue publique par des médias connexes et le principal porte-parole des rebelles, Muhamad Abdusalam, a été envoyée à l'ONU en tant que projet d'accord de paix avec la coalition arabe pour un cessez-le-feu total et une suspension de toutes les activités militaires.

Les rebelles, qui ont déposé le gouvernement Al-Hadi en 2014 et ont pris le contrôle de Sanaa et de vastes zones de l'ouest et du nord-ouest du pays, exigent la fin de la « présence étrangère dans tous les territoires, îles, ports et espaces aériens yéménites ».

De même, ce document de huit pages établit la fin du blocus aérien, maritime et terrestre que la Coalition exerce sur le territoire contrôlé par les houthis depuis 2015. De même, le mouvement rebelle accusé de recevoir le soutien de l'Iran appelle à un processus politique parmi les Yéménites pour établir les bases d'un processus de transition. Le 25 mars, le chef du Conseil suprême houthi, Mahdi al-Mashat, a appelé l'Arabie saoudite « à renoncer et à recourir à la raison », afin de trouver un chemin vers la paix.

Ce jour-là a marqué le début de l'intervention militaire de l'alliance menée par l'Arabie saoudite en soutien au gouvernement Al-Hadi et l'escalade d'un conflit qui a laissé le pays en ruines, ce qui, selon les termes des Nations unies, est la pire catastrophe humanitaire de la planète.

Un bon pas

Suite à cette annonce, M. Griffiths a réagi en saluant la décision de cessez-le-feu saoudienne en soutien aux efforts de l'ONU pour se préparer aux risques du COVID-19. « Je suis reconnaissant au Royaume d'Arabie Saoudite et à la coalition arabe de reconnaître et d'agir en ce moment critique », a déclaré M. Griffiths dans une déclaration publiée par son bureau.

Le fonctionnaire de l'ONU a appelé les parties à saisir cette occasion pour « cesser immédiatement et de toute urgence toutes les hostilités et progresser vers une paix globale et durable ». Ces derniers jours, António Guterres et Martin Griffiths ont réitéré leur appel aux parties pour qu'elles mettent fin au conflit, alors que le coronavirus progresse dans le monde entier.

Le Yémen, un pays où quelque 80 % de ses 30 millions d'habitants ont besoin d'une aide humanitaire pour satisfaire certains de leurs besoins fondamentaux, est l'un des pays dont les infrastructures sanitaires sont les plus insuffisantes pour faire face à la pandémie.