Le Maroc encourage le développement local pour réduire les disparités territoriales

Le ministère marocain de l'Intérieur souhaite mettre en place de nouveaux programmes de développement territorial intégré afin de réduire les disparités internes et limiter leur exploitation électorale

PHOTO/REUTERS - Tres mujeres marroquíes en el ámbito rural
PHOTO/REUTERS - Trois femmes marocaines dans une zone rurale
  1. Vers un nivellement territorial intégré
  2. Une approche influencée par la réalité locale
  3. Neutralisation face à l'exploitation électorale

Dans le but de promouvoir un développement territorial équitable dans les douze régions du Maroc, le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a exhorté les gouverneurs et les travailleurs à élaborer une nouvelle génération de programmes intégrés de développement local. Ces programmes visent à améliorer l'emploi et les services sociaux de base, à gérer la crise de l'eau, à réduire les disparités internes et à lutter contre leur exploitation électorale.

Il s'agit d'une initiative mentionnée dans le discours prononcé par le roi Mohammed VI le 30 juillet dernier, à l'occasion de la commémoration du début de son règne. Le monarque a proposé de lancer une nouvelle génération de programmes de développement territorial intégré, qui mette en valeur les spécificités locales, tant maritimes et forestières que montagneuses et désertiques.

Ce processus de régionalisation avancée reste un travail stratégique qui repose sur les principes de complémentarité et de solidarité entre les entités territoriales, afin de garantir à chaque citoyen un accès équitable aux fruits du développement.

mohamed VI trono 2025
The King of Morocco, Mohamed VI, during his speech on 31 July - PHOTO/MAP

Vers un nivellement territorial intégré

Conformément aux orientations définies dans le discours royal, le ministère de l'Intérieur marocain a publié dans un communiqué la méthodologie qu'il suivra dans le processus d'élaboration d'une nouvelle génération de programmes de développement.

Depuis le début du règne de Mohammed VI, l'une des priorités a été de mettre en œuvre diverses réformes visant à améliorer les conditions de vie des citoyens et à réduire les disparités territoriales.

L'objectif ne se limite pas à mettre en évidence les inégalités socio-spatiales, résultat d'un « développement à deux vitesses », mais aussi à adopter les mesures nécessaires et anticipées pour mettre fin à l'aggravation de la pauvreté et de la précarité, en particulier dans les zones non côtières.

Ce nouveau projet est mené en coordination avec les acteurs locaux concernés, en encourageant la mise en commun des efforts pour réaliser des projets ayant un impact réel et en accordant une attention particulière aux priorités clairement définies pour parvenir à un nivellement territorial intégré. Parmi les objectifs du projet figurent :

  • La promotion de l'emploi.
  • Le renforcement des services locaux de base tels que l'éducation et la santé.
  • La préservation de la dignité des citoyens.
  • L'instauration d'une justice spatiale.
  • La réduction des inégalités territoriales.
  • La mise en place d'une gestion proactive et durable de l'eau.

Le communiqué du ministère de l'Intérieur met l'accent sur la concertation avec l'ensemble des acteurs territoriaux concernés, tant au niveau des walis que des gouverneurs.

La même note souligne la spécificité sociopolitique du contexte actuel qui précède les élections législatives de septembre 2026 et trace les règles et les conditions préalables pour garantir la neutralité politique et le succès de la réforme, en veillant à la cohérence des nouveaux programmes avec le nouveau modèle de développement.

Perfeccionamiento de técnicas de plantación de árboles con miembros de una cooperativa en Marruecos (foto de la Fundación Alto Atlas, 2024)
Improving tree planting techniques with members of a cooperative in Morocco - PHOTO/High Atlas Foundation

Une approche influencée par la réalité locale

Le roi Mohammed VI a souligné dans son discours de fin juillet « les souffrances persistantes de certaines régions, en particulier dans le monde rural, et les manifestations de pauvreté et de fragilité, résultant de la faiblesse des infrastructures et des équipements de base ».

Le souverain a estimé qu'il s'agit là d'une réalité qui ne correspond ni à la vision de l'État moderne ni aux efforts déployés dans le domaine de la justice territoriale, précisant qu'« il n'y a pas de place, ni aujourd'hui ni demain, pour un Maroc à deux vitesses ».

Cette stratégie nécessite une approche plus spécifique et proactive du développement local. Abdelouafi Laftit a insisté sur les directives royales visant à formuler une nouvelle génération de programmes de développement territorial intégré qui valorisent les spécificités locales, la régionalisation avancée et la solidarité entre les communautés territoriales.

Malgré les progrès économiques notables enregistrés par le Maroc ces dernières années, certaines régions n'en ont pas pleinement bénéficié, car leur isolement n'a pas été rompu, les routes et les chemins ruraux n'ont pas été renforcés et les services de santé n'ont pas été développés.

C'est pourquoi le ministère de l'Intérieur souhaite garantir un impact local tangible de ce développement, grâce à une série de consultations avec toutes les parties prenantes afin de préparer ces nouveaux programmes de développement.

Neutralisation face à l'exploitation électorale

Pour le ministre de l'Intérieur, ces programmes de développement doivent fournir une orientation très précise à la population, fondée sur un diagnostic régional moderne du niveau de développement et l'identification des besoins. L'objectif est d'accorder une attention particulière aux zones rurales qui souffrent encore de formes de pauvreté et de fragilité, en raison du manque d'infrastructures et d'équipements de base.

Abdelouafi Laftit insiste sur la nécessité de neutraliser les programmes de développement de l'exploitation électorale, ce qui révèle la prise de conscience du problème de la politisation du développement, qui est l'un des droits vitaux de la population.

M. Laftit a souligné la nécessité de travailler à la mise en place d'une synergie maximale entre les programmes sectoriels et régionaux, afin d'améliorer les conditions de vie de la population, de réduire les disparités internes, d'accroître l'attractivité et la compétitivité des régions marginalisées, d'améliorer les indicateurs de développement humain et de créer des opportunités d'emploi.

<p>Ministro del Interior marroquí, Abdelouafi Laftit - PHOTO/MAP</p>
Moroccan Minister of the Interior, Abdelouafi Laftit - PHOTO/MAP

Le but de l'État est de contrôler les limites de la relation entre le développement en tant que fonction stratégique et la politique en tant que compétence électorale, car les projets concrets doivent rester la propriété de l'État et de la société, et ne pas devenir des instruments électoraux entre les mains de partis ou d'individus.

Les nouveaux programmes de développement portent notamment sur l'augmentation de l'emploi en fonction du potentiel économique local et des spécificités de chaque région, la création d'un climat propice à l'esprit d'entreprise et à l'investissement local, et la création d'emplois, en particulier dans les secteurs productifs.

Dans cette optique, les services sociaux de base doivent également être renforcés, notamment par l'amélioration et le renforcement des secteurs de l'éducation et de la santé, en garantissant la dignité des citoyens et en affirmant l'importance d'une gestion proactive et durable des ressources en eau compte tenu de l'aggravation de la crise de l'eau et du changement climatique.