Le Maroc, candidat sérieux pour accueillir le siège de l'Africom sur le continent africain

Le général Mohamed Berrid a représenté le Maroc lors de la récente cérémonie de passation de commandement de l'Africom, réaffirmant la candidature de ce pays pour accueillir le siège du commandement conjoint en Afrique

Ceremonia de traspaso de poderes del mando de Africom, celebrada en su sede de Stuttgart (Alemania) el 15 de agosto de 2025 - PHOTO/U. S. Africa Command Public Affairs
Cérémonie de transfert des pouvoirs du commandement Africom, célébrée à son siège à Stuttgart (Allemagne) le 15 août 2025 - PHOTO/U. S. Africa Command Public Affairs
  1. Avantage concurrentiel
  2. Stabilisateur régional
  3. Sécurité continentale

La participation du Maroc à la cérémonie de passation de commandement de l'Africom, les 14 et 15 août derniers à Stuttgart (Allemagne), a permis de réaffirmer sa candidature pour accueillir le siège de l'Africom sur le continent africain, grâce au rôle qu'il joue dans la sécurité collective de la région.

Il s'agit d'un événement hautement symbolique, au cours duquel le général américain Michael Langley a passé le flambeau au général Dagvin R. M. Anderson, de l'armée de l'air américaine, en présence de hauts responsables militaires et civils américains, africains et européens.

Accompagné d'une importante délégation, Mohammed Berrid, chef de l'armée marocaine, inspecteur général des Forces armées royales et commandant de la Zone Sud, a représenté le Maroc à Stuttgart, en tant que délégué du roi Mohammed VI, chef suprême des armées.

El general Michael Langley, comandante del United States Africa Command (AFRICOM) desde agosto de 2022, junto a Mohamed Berrid, inspector general de las Fuerzas Armadas Reales de Marruecos y el Comandante de la Zona Militar Sur - PHOTO/FAR MAROC
Le général Michael Langley, commandant sortant du Commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM), aux côtés de Mohamed Berrid, inspecteur général des Forces armées royales marocaines et commandant de la zone militaire sud - PHOTO/FAR MAROC

Basé à Stuttgart, Africom est l'un des sept commandements géographiques conjoints de l'armée américaine. Il est chargé de toutes les opérations et activités militaires visant à protéger et à promouvoir les intérêts nationaux américains sur le continent africain.

Avantage concurrentiel

Près de deux décennies après que l'ancien président des États-Unis, George W. Bush, ait manifesté son intention d'établir un quartier général de l'Africom en Afrique, cette vision est aujourd'hui une ambition à portée de main.

Le Maroc dispose d'un avantage concurrentiel majeur pour devenir ce siège, grâce à sa constance, sa modernisation accélérée et son ouverture stratégique. En tant que l'un des artisans de cette aventure militaire, le pays partage l'idée qu'il ne s'agit pas seulement d'accueillir une base militaire, mais qu'il s'agit d'un pas vers l'objectif de construire une sécurité partagée, fondée sur la souveraineté et la responsabilité.

Ceremonia de traspaso del mando de Africom entre el general estadounidense Michael Langley, comandante saliente (dcha.) y el general Dagvin R. M. Anderson, de la Fuerza Aérea de los Estados Unidos (2º por la dcha.) - PHOTO/Staff Sgt. Emely Eckels
Cérémonie de passation de commandement de l'Africom entre le général américain Michael Langley, commandant sortant (à droite), et le général Dagvin R. M. Anderson, de l'armée de l'air américaine (2e à droite) - PHOTO/Staff Sgt. Emely Eckels

De plus, deux facteurs déterminants jouent en sa faveur pour devenir le siège de l'Africom : sa position géostratégique au carrefour de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen-Orient, et ses infrastructures militaires de qualité.

Les critères du Pentagone, basés sur la supériorité logistique, la stabilité politique et des alliances militaires fiables, semblent placer le Maroc en tête de liste des candidats. En effet, des études avancées sont déjà en cours pour établir le futur siège de l'Africom sur la base militaire de Kénitra, et d'autres sites alternatifs sur le territoire marocain, tels que Dakhla ou Tindouf, sont également envisagés.

Stabilisateur régional

Les autorités militaires américaines ont clairement défini leurs critères de sélection, qui passent par la logistique, la stabilité et la fiabilité des partenariats. À cet égard, le Maroc s'est démarqué d'autres options possibles, comme la base espagnole de Rota (Cadix), qui semble avoir été écartée par les États-Unis.

Avec sa participation à la cérémonie de passation de commandement de l'Africom, le Maroc marque des points supplémentaires pour son repositionnement sur la scène internationale, où il est reconnu comme un stabilisateur régional, un levier économique grâce à d'importants investissements dans les infrastructures et un corps diplomatique dynamique face aux ambitions de Moscou et Pékin.

La décision officielle du Pentagone, qui devrait être annoncée dans les prochains mois, entraînera un redécoupage durable de la carte de la présence militaire américaine en Afrique.

Profitant de sa présence à cet événement international, le général Berrid a multiplié les rencontres bilatérales, réaffirmant l'engagement du Maroc en faveur d'une coopération militaire large et structurée avec les États-Unis.

Ces rencontres ont porté sur la sécurité régionale, la lutte contre le terrorisme, la gestion des flux migratoires et la modernisation des capacités africaines en matière de défense.

Le Maroc a une stratégie claire pour se positionner comme un partenaire incontournable des grandes puissances, dans un contexte marqué par le renforcement de la présence russe et chinoise sur le continent africain.

Ejercicios militares African Lion 2024 - PHOTO/X/@FAR_Maroc_
Exercices militaires African Lion 2024 - PHOTO/X/@FAR_Maroc_

Les exercices militaires « African Lion », coorganisés chaque année par Rabat et Washington, reflètent à cet égard la convergence stratégique entre les deux pays. Cette année, par exemple, ils ont rassemblé plus de 10 000 militaires de 30 nations, démontrant une capacité de coordination exceptionnelle et une plus grande interopérabilité entre les forces américaines et africaines.

African Lion ne se limite pas à un entraînement tactique, mais représente un levier diplomatique important pour le Maroc, à travers lequel le pays nord-africain joue le rôle de facilitateur régional, en faveur d'une sécurité collective.

Sécurité continentale

Créé en 2007 par l'ancien président George W. Bush, le commandement américain pour l'Afrique a toujours son siège dans la ville allemande de Stuttgart, même si l'arrivée de l'administration Trump semble favoriser un transfert du siège de l'Africom sur le continent africain, afin de mettre en avant une présence américaine plus visible et plus légitime en Afrique.

Alors que les États-Unis cherchent à contrer l'influence de leurs rivaux chinois et russes, le Maroc apparaît comme un allié crédible, fiable et opérationnel pour Washington, soulignant son rôle de plus en plus important dans l'échiquier des grandes puissances stratégiques mondiales.