Le président français tente de tendre la main à l'Algérie pour tenter de résoudre la crise diplomatique actuelle entre les deux pays

Crise algéro-française : Macron fait un pas vers le rapprochement avec Alger

PHOTO/AFP - Emmanuel Macron, président de la France

L'Algérie et la France sont au cœur d'un conflit diplomatique. Dans ce contexte, ce n'est pas la première fois que les deux pays sont confrontés à un climat critique pour une raison récurrente depuis l'indépendance de l'Algérie : le passé colonial et le rôle joué par les Français dans leur ancienne colonie.

Cette fois, les déclarations controversées du président français Emmanuel Macron à un journal français, selon lesquelles l'histoire défendue par l'Algérie avait été "réécrite" et reposait sur "un discours de haine envers la France", ont provoqué la colère de l'Algérie, qui s'est empressée de se défendre, répondant que "rien ni personne ne peut absoudre les puissances coloniales de leurs crimes".

ministro-exteriores-argelia

Immédiatement après, l'Algérie a rappelé son ambassadeur pour consultations et a interdit aux avions français de survoler son espace aérien. Cette décision semble avoir pris la France par surprise après que le porte-parole des forces armées, Pascal Ianni, ait déclaré que lorsque le plan de vol de deux avions avait été discuté, "nous avons appris que les Algériens avaient mis fin au survol de leur territoire par des avions militaires français". Malgré cela, ils ont souligné que cette décision n'affecterait pas "les opérations ou les missions de renseignement" que la France mène dans la région du Sahel.

Cette décision a été prise en raison des avions français qui auraient été impliqués dans les opérations "Barkhane" et "Takuba", une série de missions visant à combattre les groupes terroristes qui menacent de déstabiliser la sécurité des cinq États du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. 

lucha-antiterrorista-sahel

En réponse à ces décisions et dans une tentative de réconciliation, le président français a déclaré qu'il avait "un grand respect pour le peuple algérien et j'ai vraiment établi des relations amicales avec le président Tebboune (...) nous devons continuer à travailler avec l'Algérie et nous espérons que les tensions diplomatiques actuelles s'apaiseront rapidement", a-t-il ajouté, "Nous devons continuer à examiner notre histoire avec l'Algérie avec humilité et respect".

Cependant, il n'y a pas eu de réaction de la part de l'Algérie. Les seules déclarations de l'Algérie ont été faites samedi dernier par la présidence algérienne dans un communiqué informant de la nouvelle réalité entre Paris et Alger. Il y expose les raisons pour lesquelles son ambassadeur a été rappelé pour consultations, première étape vers la fin des relations diplomatiques, en plus d'accuser Macron de "s'ingérer dans ses affaires intérieures" et de qualifier ses déclarations d'"irresponsables".

manifestaciones-paris-argelinos

La crise diplomatique entre la France et l'Algérie pourrait déboucher sur une série de scénarios peu favorables pour la région. La menace terroriste au Sahel persiste et la France a actuellement entre 5 500 et 5 700 soldats dans les cinq États sahariens. Malgré les assurances sur la poursuite des opérations militaires, cette tension pourrait affecter la coopération militaire, à un moment où le Mali emploierait des mercenaires russes pour combattre la menace djihadiste.

Par ailleurs, l'Algérie et le Maroc traversent actuellement un nouvel épisode critique sur le plan diplomatique. À cet égard, l'Algérie a décidé de rompre unilatéralement ses relations avec le royaume alaouite après avoir accusé le Maroc d'"actions hostiles", notamment de "coopération avec les organisations terroristes MPAK et Rashad en Algérie". 

terrorismo-sahel

Dans ce contexte, l'Afrique du Nord ne traverse pas son meilleur moment diplomatique, en plus de graves conflits internes. La Tunisie et la Libye restent confrontées à des crises internes majeures, la première parce qu'elle n'a même pas de gouvernement provisoire et la seconde parce qu'elle se remet encore d'une guerre civile qui n'est pas terminée. Les récents développements, outre la décision de la Cour européenne en faveur du Polisario et l'annonce de la rupture des relations commerciales avec le Maroc dans les secteurs de l'agriculture et de la pêche, aggravent un climat tendu, caractérisé par l'instabilité et donc l'insécurité régionale.