Décès du général algérien Djamel Laroussi à la prison militaire de Blida

Hier, dimanche 10 septembre, dans la discrétion totale a été inhumé le corps de l’ex-chef de la 2ème région militaire dans un cimetière de M’sila, sa ville natale 5234 km au sud d’Alger). Il est décédé la veille à la prison militaire de Blida où il était détenu depuis le mois de décembre 2022 quelques jours après son arrestation par des éléments de la Direction Centrale de la sécurité de l’Armée (DCSA). Trois mois plus tard, le 23 mars dernier, il a été traduit, en compagnie d’une vingtaine d’officiers supérieurs, devant le tribunal militaire pour « divulgation de documents militaires et complot contre l’armée ». Ils ont été condamnés à de lourdes peines de prison allant de 5 à 20 ans de prison.
Une dizaine de jours avant son décès, le général Laroussi a vu le rejoindre à la prison une dizaine d’hommes d’affaire et quatre autres officiers impliqués dans l’affaire pour laquelle il a été jugé et condamné le 23 mars. C’est dire combien est grande la farouche volonté du chef de l’état-major de l’armée le général Saïd Chengriha qui tenait à éradiquer le noyau qui s’était constitué au sein de l’institution militaire algérienne pour contrer ses desseins.
Tebboune à l’origine de la neutralisation du général Laroussi
Alors qu’on croyait que l’ex-chef de la 2ème région militaire avait été arrêté pour avoir tenu des propos critiques contre les instances judiciaires militaires au cours d’une discussion banale dans un salon du siège du commandement de la région, une source proche du dossier nous a révélé très récemment que l’affaire avait des proportions plus grandes.
L’accusation « divulgation de documents militaires et complot contre l’armée » trouve son explication dans la tentative du général Laroussi et quelques-uns des officiers de son entourage de se rapprocher du président Abdelmadjid Tebboune pour dégommer le puissant chef d’état-major de l’armée.
Selon notre source, le général Laroussi, avec l’aide d’un certain nombre d’officiers supérieurs, avait réuni des documents compromettants contre le général d’armée Saïd Chengriha et les a remis à Boualem Boualem, conseiller et homme de confiance du président Tebboune. Ces officiers ont assuré le locataire d’El-Mouradia de leur soutien pour le délivrer de l’emprise de Chengriha devenu trop encombrant et honni par la quasi-totalité du commandement militaire.
Méfiant de cette sortie inattendue d’un groupe d’officiers supérieurs qu’il pensait acquis au chef de l’état-major, et craignant un coup fourré de la part de ce dernier avec lequel le courant passe très mal depuis son investiture à la tête de l’armée algérienne, Tebboune a joué la carte de « la loyauté » en vendant la mèche. On connaît la suite. Une véritable purge est opérée dans les rangs de l’armée et l’enquête se poursuit même après le décès du principal accusé.
Un décès et des interrogations
Bien que condamné par le tribunal militaire à 20 ans de prison alors que le procureur avait requis une peine à perpétuité, le général Laroussi a continué à faire des aller-retours entre la prison de Blida et la caserne Antar haut lieu de torture tenu par le général Abdelkader Haddad alias Nacer El-Djen (le démon). Les sévices subis dans ce centre depuis le premier jour de son arrestation en décembre 2022 ont énormément pesé sur le moral du détenu. « Il serait mort de chagrin » nous affirme une source proche de la caserne Antar. Cependant, une autre source proche de la prison de Blida a la certitude que l’ex-chef de la 2ème région militaire a été empoisonné. « Et c’est le général Abdelkader Haddad, lui-même qui est venu d’Alger pour mettre de ses propres mains le poison dans le repas du défunt général ». La thèse de l’empoisonnement est confirmée par une autre source. Mais, cette fois-ci on accuse l’épouse du défunt de complicité en ramenant de chez elle le repas de la visite bimensuelle ».
Une véritable psychose s’est emparée de la prison militaire de Blida où s’est répandue la thèse de l’empoisonnement du général Laroussi. Ils sont près de 150 généraux et plusieurs dizaines d’officiers supérieurs (entre commandants et colonels) à croupir dans une prison surchargée et qui n’attendait guère à ce qu’elle abrite des pensionnaires du rang de ses actuels détenus.