Des députés espagnols interrogent le gouvernement sur l'enlèvement de Hichem Aboud

L'initiative a été prise par le parti VOX afin de faire la lumière sur l'action menée contre le journaliste d'opposition algérien 
Hichem Aboud
Hichem Aboud

Un groupe de membres du Congrès espagnol, dirigé par Francisco Javier Ortega Smith-Molina, député de Madrid, conseiller et porte-parole de VOX à l'Assemblée municipale de Madrid, et ses collègues du même parti, a officiellement interpellé le gouvernement espagnol, par le biais d'une question parlementaire écrite, au sujet de l'enlèvement à Barcelone et de la libération à Séville du journaliste et écrivain d'opposition algérien Hichem Aboud.

La question parlementaire écrite (numéro d'enregistrement 48199) a été déposée le 11 novembre 2024 et publiée au Journal officiel du Parlement espagnol le 25 novembre 2024 sous le titre : « Enlèvement du journaliste et écrivain algérien Hichem Aboud à Barcelone (184/016897) ». 

Dans la nuit du jeudi 17 octobre, Hichem Aboud aurait été enlevé à Barcelone par quatre hommes armés et cagoulés, à quelques mètres de la résidence où il devait séjourner pendant son séjour en Espagne.

« Ils m'ont violemment installé sur le siège arrière d'une voiture sans plaque d'immatriculation, qui a démarré à toute vitesse en direction de Malaga, suivant les ordres du chef de bande », avait alors déclaré Hichem Aboud. 

Hichem Aboud
Hichem Aboud

Tout au long du voyage, qui a duré toute la nuit du 17 au 18 octobre et jusqu'à midi, le journaliste algérien a craint pour sa sécurité et son éventuel retour forcé en Algérie, où il risquait de subir une sévère répression de la part de l'État algérien pour son activisme contre les abus politiques commis par le gouvernement à l'encontre de l'opposition. Hichem Aboud a passé ces dernières années à dénoncer les abus du régime algérien, notamment « la répression de toute liberté d'expression, la corruption, le pillage et tout ce qui a provoqué le chaos dans un pays riche ». 

Les deux ravisseurs présumés qui détenaient le journaliste algérien étaient les seuls à être restés sur place lorsque la Guardia Civil a donné l'assaut pour les arrêter. Le reste du groupe a pris la fuite. 

Aujourd'hui, ils cherchent à clarifier la situation et c'est ainsi qu'est née la proposition du parti VOX. Avec cette initiative, le parti politique VOX demande des réponses claires sur la nationalité et la situation juridique des suspects arrêtés pour l'enlèvement de Hichem Aboud, ainsi que davantage d'informations sur leurs liens présumés avec d'autres gangs criminels et leurs éventuels antécédents judiciaires.

Cette proposition de clarification et d'enquête intervient après que la Guardia Civil a relâché le journaliste algérien à Lebrija (Séville), où il a été trouvé ligoté et bâillonné alors que deux personnes auraient tenté de monter à bord d'un bateau, tous en provenance de Barcelone. Les suspects sont actuellement en garde à vue, tandis que l'enquête et les procédures judiciaires se poursuivent. 

Hichem Aboud
Hichem Aboud

L'affaire a suscité un émoi international, surtout après les tentatives de discréditer le témoignage de Hichem Aboud. Nadia Pajarón, porte-parole du Syndicat unifié de la police (SUP), a formellement démenti les accusations sur la prétendue nationalité marocaine d'Aboud, mettant ainsi fin aux rumeurs qui circulaient sur la nationalité du journaliste et militant algérien et sur ses liens supposés avec le Maroc, rival politique de l'Algérie au Maghreb.

Le gouvernement espagnol a jusqu'au 19 décembre 2024 pour répondre aux questions posées.

Cette initiative parlementaire s'inscrit dans un contexte plus large où la liberté de la presse et la sécurité des journalistes sont de plus en plus sous les feux de l'actualité, notamment avec la séance du Parlement européen du mercredi 27 novembre pour débattre de la détention illégale de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, dans un contexte marqué par une campagne médiatique agressive en Algérie visant des intellectuels comme Sansal et Kamel Daoud, et alors que les démocraties européennes sont confrontées à des défis complexes en termes de sécurité et de respect des droits fondamentaux. 

Une réponse du gouvernement espagnol est donc attendue et sera scrutée par les analystes internationaux pour voir comment la liberté de la presse est traitée et défendue.

Avec cette initiative, les députés de VOX semblent envoyer un message clair : les abus contre les journalistes et les opposants, dans quelque domaine que ce soit, ne seront pas tolérés.