Il s'agit de la plus grande manifestation depuis la suspension des marches le 13 mars de l'année dernière

Des milliers d'Algériens descendent dans les rues pour la célébration du deuxième anniversaire de Hirak et réclament plus de réformes

AP/ANIS BELGHOUL - Des Algériens manifestent à Alger, l'un d'eux tenant une plaque portant l'inscription "Place du 22 février 2019, la révolution souriante" pour marquer le deuxième anniversaire du mouvement Hirak

L'Algérie célèbre cette semaine le deuxième anniversaire de la révolte populaire Hirak, un mouvement qui a émergé pour demander la démission d'un cinquième mandat consécutif de cinq ans du président Abdelaziz Bouteflika, gravement malade depuis 2013. Des milliers d'Algériens ont défilé dans les rues de la capitale et de nombreuses autres villes du pays pour marquer cette date historique.

La ville de Kherrata, dans la région de Kabylie, à 300 kilomètres à l'est de la capitale, a été le lieu de la première manifestation il y a deux ans, et a été le déclencheur de la grande marche qui a suivi quelques jours plus tard à Alger où est né le Hirak. De même, Kherrata est redevenue la ville où les manifestations pour le deuxième anniversaire des protestations ont commencé.

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A cette occasion, les manifestants sont descendus dans la rue pour protester contre le gouvernement actuel qui, selon eux, a peu changé par rapport à celui dirigé depuis deux décennies par Bouteflika : "Nous ne sommes pas ici pour fêter, mais pour exiger son départ", ont crié les manifestants.

Après la démission de l'ancien président Bouteflika, les manifestants ont poursuivi leurs actions en demandant une révision en profondeur du système de gouvernement en place depuis l'indépendance de l'Algérie de la France en 1962. Ces manifestations ont été suspendues en mars 2020 en raison des restrictions imposées par le coronavirus. A Alger, cette nouvelle marche est la plus grande manifestation depuis sa suspension le 13 mars dernier.

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À la veille de cet anniversaire, le président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre 2019 avec un taux de participation très faible lors d'une élection boycottée par le mouvement de protestation, a annoncé un remaniement limité du gouvernement, pour tenter de faire face aux nouveaux rassemblements. Le président actuel de l'Algérie a qualifié ce geste de "fin de l'ère de la fraude", et a ainsi montré sa détermination à "mettre fin à tout doute sur les institutions élues". Dans ce contexte, il a appelé les jeunes à se présenter aux élections et s'est engagé, dans le cadre de la nouvelle constitution, à leur apporter un soutien financier et moral.

Elu en décembre 2019, Tebboune s'est engagé à prendre des mesures visant à diversifier l'économie afin de réduire la dépendance au pétrole et au gaz, qui représentent 60 % du budget de l'Etat et 94 % des recettes totales d'exportation. Les Algériens attendent la mise en œuvre des réformes économiques et politiques que Tebboune a promises après avoir succédé à Bouteflika. 

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La nécessité d'un changement générationnel à la tête du pays a été l'une des raisons des protestations d'abord contre Bouteflika et maintenant avec Tebboune. Pour tenter de calmer l'atmosphère avant l'anniversaire de Hirak, le président algérien a procédé à la grâce de 33 prisonniers politiques liés à ce mouvement, dont le journaliste Khaled Drareni, condamné à deux ans de prison en septembre dernier et qui est devenu un symbole de la lutte pour la liberté de la presse en Algérie. Pourtant, selon les groupes de défense des droits de l'homme, environ 70 personnes restent en prison pour leurs liens avec le mouvement Hirak ou pour d'autres activités politiques pacifiques de l'opposition.

Une fois de plus, les Algériens descendent dans la rue, malgré les restrictions imposées par COVID-19, pour exiger des réformes et protester contre la corruption, la mauvaise gestion et les injustices du système politique algérien.