La France et son rapprochement avec le Maroc
La France et le Maroc sont en train de renforcer davantage leurs relations diplomatiques et ont enfin un point de confluence totale, comme c'est désormais le cas pour le pays nord-africain et l'Espagne.
Le principal point d'achoppement est la question du Sahara occidental, une question sur laquelle l'Espagne a montré sa proximité avec le Maroc en considérant l'alternative marocaine, qui comprend une large autonomie sahraouie sous souveraineté marocaine dans le respect des résolutions de l'ONU, comme la voie la plus sérieuse, crédible et réaliste pour résoudre le différend sahraoui, qui dure depuis plus de quatre décennies, depuis la fin de l'ère coloniale espagnole.
La France reste à mi-chemin entre la position du Maroc et celle de l'Algérie, grande rivale du royaume marocain au Maghreb, qui s'aligne sur les thèses du Front Polisario, organisation indépendantiste qui réclame un référendum sur l'indépendance de la population sahraouie, qui bénéficie d'un soutien international bien moindre que la position marocaine, soutenue par des nations telles que les États-Unis, Israël, les Émirats arabes unis, l'Allemagne et l'Espagne, et qui est difficile à mettre en œuvre en raison de problèmes tels que les listes électorales, comme l'ont souligné divers experts.
Des gestes favorables
À cet égard, un signe positif en provenance de France a été l'accueil réservé par Brigitte Macron, épouse du président français Emmanuel Macron, aux princesses marocaines Lalla Meryem, Lalla Asmae et Lalla Hasnaa, qui ont été reçues à déjeuner lundi au palais de l'Élysée, à l'invitation de Brigitte Macron elle-même.
Ce déjeuner est le reflet de la bonne entente diplomatique entre la France et le Maroc, fruit des relations historiques d'amitié entre le Royaume du Maroc et la République française, malgré le fait que la nation nord-africaine attend un plus grand geste français de soutien à sa proposition pour le Sahara occidental.
Dans cette ligne, l'ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier, a évoqué la question du Sahara occidental lors d'un débat sur les relations franco-marocaines qui s'est déroulé à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales après une question sur la position française sur le Sahara occidental et a noté que “ce serait complètement illusoire et irrespectueux de croire que nous allons construire ce que j'espère que nous pourrons construire, brique après brique, pour rassurer nos pays et certains autres voisins, sans clarifier cette question, sachant que tout le monde à Paris connaît et comprend la nature fondamentale du Royaume, hier, aujourd'hui et demain." Lecourtier a lui-même exhorté le gouvernement français à clarifier sa position avec le Maroc sur le Sahara occidental.
Pour le royaume marocain, la question du Sahara occidental est primordiale parce qu'elle concerne quelque chose d'aussi important que son intégrité territoriale, puisqu'il considère le territoire sahraoui comme faisant partie de son propre pays. Le Maroc propose une formule de large autonomie pour le Sahara occidental sous souveraineté marocaine, avec l'intention de développer au maximum la région et de donner une grande marge de manœuvre aux autorités sahraouies, qui domineraient tous les domaines de gestion, à l'exception de la politique étrangère et de la sécurité, qui resteraient entre les mains de l'État marocain.
"Comment peut-on prétendre avoir ces ambitions sans prendre en compte les principales préoccupations du Royaume sur la question du Sahara ?", s'est interrogé Christophe Lecourtier. "Dans notre dialogue avec le Maroc, cette question sera évoquée, comme c'est le cas depuis 2007, dans la logique de la poursuite du partenariat engagé depuis des années et pour les décennies à venir", a ajouté l'ambassadeur de France.
La prudence marocaine
Du côté du Maroc, ces démarches diplomatiques sont accueillies avec prudence et circonspection car il s'attend à ce que Paris prenne rapidement une décision ferme pour soutenir Rabat dans sa proposition sur le Sahara occidental.
L'ambassadeur de France avait déjà promis lors d'une interview à la radio en novembre dernier que le soutien de son pays à la position du Maroc sur la question du Sahara "connaîtra de nouveaux développements, parce qu'il faut maintenant aller de l'avant". Mais l'important pas en avant est toujours attendu de la part de la France.
La semaine dernière, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjournet, a confirmé dans une interview que "le soutien clair et continu de la France au plan d'autonomie du Maroc (au Sahara) est devenu une réalité depuis 2007", ajoutant qu'"il est temps d'aller de l'avant", selon des médias tels que Yabiladi.
Si les remarques de l'ambassadeur français et la réception des princesses marocaines par Brigitte Macron sont quelque chose à suivre, il pourrait bientôt y avoir des développements positifs concernant l'alignement de la France avec le Maroc sur le Sahara occidental.