Rabat a l'intention de renouveler ses deux satellites d'observation et a choisi Israel Aerospace Industries pour le faire

Le Maroc troque la France pour Israël comme partenaire spatial

Satélite OptSat 3000 - PHOTO/Israel Aerospace Industries
Satellite OptSat 3000 - PHOTO/Israël Aerospace Industries

Le Maroc veut moderniser son réseau de satellites spatiaux. Les tensions dans la région et la course au leadership en Afrique du nord, dans laquelle il a une large avance sur son rival algérien, obligent Rabat à redoubler d'efforts dans tous les secteurs. L'espace est l'un des plus importants, comme en témoigne l'accord conclu avec Israel Aerospace Industries (IAI) pour le renouvellement de deux de ses satellites d'observation.

  1. Israël devant la France
  2. Les raisons de l'éloignement du Maroc de la France

Israël devant la France

S'il est une chose que le gouvernement marocain a clairement exprimée, c'est qu'il n'hésitera pas à donner la priorité à des partenaires si la qualité de l'accord en dépend. Il l'a fait une fois de plus en écartant la France qui, avec Airbus et Thales Alenia Space, était responsable des précédents satellites du royaume alaouite. Israël prend aujourd'hui le pas sur les Français et sera chargé de renforcer les capacités technologiques du pays.

PHOTO/TWITTER/Moroccan Diplomacy - El ministro marroquí de Asuntos Exteriores, Nasser Bourita, recibe al asesor israelí de Seguridad Nacional, Tzachi Hanegbi
PHOTO/TWITTER/Diplomatie marocaine - Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita accueille le conseiller israélien à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi

IAI agit en tant que "maître d'œuvre ou sous-traitant dans les principaux programmes aérospatiaux, terrestres, maritimes et dans le domaine cybernétique". Elle dispose d'une large gamme d'armements, allant des systèmes aériens sans pilote à la robotique terrestre, ainsi que d'un vaste portefeuille d'armes et de munitions guidées. Mais sa spécialité tourne autour de la modernisation des hélicoptères et des avions militaires, ce qui, avec son expérience des satellites de reconnaissance, a conduit le Maroc à choisir cette entreprise.

Et ce n'est pas seulement pour renouveler les satellites existants. Le gouvernement d'Aziz Akhannouch souhaite intégrer de nouveaux satellites d'observation, notamment l'OptSat-3000. Ces satellites de dernière génération, produits par IAI, offrent une résolution de 40 cm, contre 70 cm pour les satellites Mohammed-VI actuels.

Les raisons de l'éloignement du Maroc de la France

Les relations diplomatiques entre le Maroc et la France ne sont pas au beau fixe. En fait, elles ne le sont plus depuis longtemps. Pour une raison ou une autre, les dissensions entre Paris et Rabat n'ont pas été rares ces dernières années. Les événements récents n'ont pas enrayé une tendance qui s'est soldée par une rupture au point que les Français ont été mis à l'écart et cherchent un nouveau partenaire dans le domaine spatial.

Cependant, la France veut changer cette tendance. Pour ce faire, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a entamé un rapprochement avec le Maroc, ou du moins a montré la volonté de son pays de réorienter ses relations diplomatiques. Dans un entretien publié dimanche par le quotidien français Ouest France, le ministre affirme que le président Emanuel Macron lui a "demandé personnellement de s'impliquer dans les relations franco-marocaines".

Ils veulent faire des liens avec le Maroc une priorité, mais s'il y a une barrière à franchir, c'est bien le dossier du Sahara. Ce n'est un secret pour personne que les relations diplomatiques du Maroc avec le reste du pays sont fortement conditionnées par le soutien à la proposition marocaine d'autonomie pour le Sahara sous souveraineté marocaine. Et alors que les rumeurs se multiplient sur une possible reconnaissance française du Sahara marocain, cette étape fondamentale n'a pas encore été franchie.

S'il est vrai qu'il existe encore des divergences entre Rabat et Paris - qu'ils n'ont pas pris la peine de cacher avec le refus marocain de l'aide française lors du tremblement de terre qui a dévasté le Maroc ou l'expulsion de deux journalistes français pour défaut d'accréditation - la reconnaissance du Sahara marocain, comme l'ont déjà fait les Etats-Unis, l'Espagne et l'Allemagne, constituerait une étape clé. Ainsi, si la France veut retrouver sa place d'allié fondamental du Maroc, cette reconnaissance semble essentielle dans cette réorientation des relations diplomatiques entre les deux pays.