L'Iran se met en état d'alerte face à la tentative de désarmement du Hezbollah au Liban

Le régime des ayatollahs a envoyé Ali Larijani pour rencontrer les dirigeants libanais et superviser la situation du groupe extrémiste chiite affilié 
Miembros del Ejército libanés caminan mientras partidarios de Hezbolá asisten a una protesta organizada por ellos contra lo que dijeron que era una violación de la soberanía nacional, cerca del aeropuerto internacional de Beirut, Líbano, el 15 de febrero de 2025 - REUTERS/EMILIE MADI
Des membres de l'armée libanaise marchent tandis que des partisans du Hezbollah assistent à une manifestation organisée par eux contre ce qu'ils ont qualifié de violation de la souveraineté nationale, près de l'aéroport international de Beyrouth, au Liban, le 15 février 2025 - REUTERS/EMILIE MADI

La République islamique d'Iran s'est mise en état d'alerte face aux tentatives de désarmement de la milice chiite proche du Hezbollah au Liban. 

Des pressions politiques s'exercent au Liban pour procéder au désarmement de la milice du Hezbollah. En effet, les États-Unis ont fait pression sur le gouvernement libanais pour qu'il procède au désarmement du groupe extrémiste, considéré comme un acteur important dans le pays, visant à étendre l'influence et l'ingérence de l'Iran.

Le gouvernement libanais a déjà chargé les forces armées de contrôler les armes existantes, ce qui a suscité une vive polémique car le Hezbollah, qui dispose d'un important arsenal, agit comme un groupe indépendant au sein de la nation en faveur de ses intérêts et de ceux de l'Iran, avec lequel il entretient des liens étroits en tant que représentant de la branche chiite de l'islam. 

Le Hezbollah est considéré comme une entité servant les intérêts politiques de l'Iran au Liban et, par extension, au Moyen-Orient en raison de son affinité politique et confessionnelle, ce qui est négatif car de nombreux analystes considèrent la République islamique comme un agent international déstabilisateur en raison de sa position belliqueuse et de son ingérence dans les affaires intérieures de divers pays par l'intermédiaire de groupes chiites apparentés, comme c'est le cas du Hezbollah au Liban, ou d'autres cas tels que les Forces de mobilisation populaire en Irak ou les rebelles houthis au Yémen.

Agentes de la Guardia Civil en una operación antiterrorista contra una estructura para fabricar drones de Hezbolá - PHOTO/ @guardiacivil
Agents de la Garde civile lors d'une opération antiterroriste contre une structure de fabrication de drones du Hezbollah - PHOTO/ @guardiacivil

Face aux pressions visant à désarmer le Hezbollah, l'Iran a réagi directement en envoyant au Liban Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien (l'organe décisionnel en matière de défense et de politique étrangère, dont font partie les Pasdaran et la Garde révolutionnaire), pour s'entretenir avec les principaux dirigeants libanais, dont le président Joseph Aoun, le président du Parlement, Nabih Berri, et le Premier ministre, Nawaf Salam, et de protéger le Hezbollah d'une intervention qui pourrait mettre fin à la capacité de manœuvre de la milice chiite extrémiste. 

L'émissaire iranien a été envoyé avec la ferme intention d'encourager la milice chiite à résister et à éviter un désarmement qui serait préjudiciable à ses intérêts et à son influence au Liban. Ali Larijani a ainsi promis son soutien au Hezbollah et au Liban « en toutes circonstances ». Et ce, précisément à un moment de tension importante en raison de l'intervention militaire d'Israël, ennemi juré de l'Iran dans la région, dans la bande de Gaza, contre un autre groupe extrémiste, le Hamas, et au Liban même, précisément contre le Hezbollah, qui s'est opposé frontalement à l'offensive israélienne en territoire palestinien, lancée après les attentats brutaux perpétrés par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Face au débat interne croissant sur le contrôle des armes et la situation du Hezbollah, l'Iran souhaite continuer à exercer son influence sur le Liban, comme l'a démontré la visite d'Ali Larijani à Beyrouth. 

À son arrivée à l'aéroport Rafik Hariri de Beyrouth, Ali Larijani a déclaré que « l'Iran recherche toujours les intérêts supérieurs du Liban » et qu'il « soutiendra le cher peuple libanais en toutes circonstances ». 

Avant la visite de Larijani au Liban, Ali Akbar Velayati, conseiller de l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que la République islamique « s'oppose aux efforts visant à désarmer le Hezbollah » et que Téhéran continue de soutenir la « résistance » au Liban. 

Les déclarations de Velayati ont suscité des critiques à Beyrouth, et le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rjei, les a qualifiées d'« ingérence flagrante dans nos affaires intérieures et inacceptable en toutes circonstances ». 

Dans le même temps, le président libanais, Joseph Aoun, a informé mercredi Ali Larijani que Beyrouth rejetait toute ingérence dans ses affaires intérieures, quelle qu'en soit la provenance. Il a ajouté dans un communiqué : « Nous rejetons toute ingérence dans nos affaires intérieures de la part de quelque parti que ce soit... et nous voulons que le Liban reste sûr et stable dans l'intérêt de tous les Libanais, sans discrimination ».