Le gouvernement libanais toujours sans président

Mercredi 14 juin, le deuxième tour des sessions pour l'élection d'un nouveau président a eu lieu au Liban après des mois de blocage du vote. Au cours du second tour, les représentants du Hezbollah ont quitté le parlement, rendant le second tour impossible faute de quorum. Le Liban est sans président depuis la démission de Michel Aoun en octobre 2022. Le président sera élu par le parlement, qui aura besoin d'une majorité des deux tiers du nombre total de députés (128). Douze scrutins ont déjà eu lieu depuis la passation de pouvoir de M. Aoun.
Le président du Parlement, Nabih Berri, n'a pas programmé la prochaine session, laissant le pays sans président. "Assez de blâmer des partis individuels pour avoir prolongé le vide, et admettons tous que persister dans ce comportement et maintenir ce cercle vicieux ne permet pas d'atteindre le résultat souhaité auquel aspirent les frères et amis libanais et arabes partout dans le monde", a déclaré Nabih au cours de la session, selon les médias Al Arab.
Deux candidats étaient en lice pour la présidence lors du second tour de scrutin. Suleiman Frangieh, candidat soutenu par le Hezbollah, a obtenu 51 voix de députés au premier tour, tandis que Jihad Azour, ancien ministre des finances, a obtenu 59 voix. Selon l'article 49 de la Constitution libanaise, l'élection du président de la République se fait par un vote secret à la majorité des deux tiers de la Chambre des représentants.

Jihad Azour appartient au bloc chrétien et fait partie du Fonds monétaire international (FMI) depuis 2017 en tant que directeur du département du Moyen-Orient et de l'Asie centrale. Il a également été ministre des Finances entre 2005 et 2008. Azour a remplacé le candidat Michel Moawad après son entrée dans la course à la présidence, et qui soutient la candidature d'Azour.
Suleiman Frangieh, quant à lui, reste le candidat soutenu par le Hezbollah et le Mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement Berri. Le Hezbollah, désigné comme organisation terroriste étrangère par les États-Unis depuis 1997, est l'un des principaux blocs au sein du Parlement. Le retrait du Hezbollah de la chambre entraverait le processus de sélection et rendrait impossible l'élection du candidat Azour. Si le Hezbollah décide de retirer son soutien à Frangieh, il entamera des négociations avec le Mouvement patriotique libre sur la nomination d'un éventuel nouveau candidat.

Les experts estiment que cette situation durera des semaines, voire des mois, et que la pression des acteurs internationaux sera nécessaire au cours du processus. L'ancien ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été nommé envoyé personnel du président français et se rendra à Beyrouth la semaine prochaine pour tenter de mettre fin à la crise politique. Le porte-parole du département d'État américain, Mathew Miller, a déclaré : "La paralysie politique au Liban est un problème que les dirigeants libanais doivent résoudre. C'est pourquoi nous les avons exhortés à continuer à se réunir pour y travailler. Ils sont dans l'impasse depuis un certain temps. Nous pensons que les dirigeants et les élites libanaises doivent cesser de faire passer leurs propres intérêts et ambitions avant le peuple de leur pays".
Le pays est actuellement au cœur d'une crise économique sans précédent qui a été aggravée par une crise politique dans laquelle le manque de leadership ne fera qu'aggraver la situation désastreuse du Liban.