Intentions cachées ou maladresse

Parmi les analystes politiques, les journalistes et les membres de la direction du parti, y compris au sein de SUMAR, il y a de la perplexité quant aux intentions de Yolanda Diaz d'inclure Tesh Sidi en tant que numéro trois sur sa liste pour Madrid. Yolanda Diaz veut s'assurer que Tesh Sidi soit élue aux Cortes¸ même au prix du sacrifice du leader du Mas Madrid, Iñigo Errejón, d'où Tesh Sidi est originaire, et de l'alliée PODEMOS numéro un de Yolanda Diaz, Ione Belarra. Les prévisions optimistes des partisans de l'actuelle deuxième vice-présidente lui donneraient cinq députés pour Madrid, tandis que les pessimistes ne lui en donneraient que trois, ce qui exclurait les deux poids lourds de la gauche radicale, le successeur du 15-M.
La question qui reste sans réponse est la suivante : pourquoi Yolanda Diaz a-t-elle fait entrer Tesh Sidi, y a-t-il un agenda caché ou s'est-elle simplement laissée cajoler par de mauvais conseillers ? Le mystère est encore plus grand si l'on tient compte du fait que Ione Belarra et son mouvement PODEMOS attirent plus de votes des associations et des groupes de "soutien au peuple sahraoui" que Tesh Sidi lui-même, qui a reçu beaucoup de critiques de la part des activistes et des sympathisants du Polisario basés en Espagne, pour ses positions politiques, pour certaines capitulardes et pour d'autres opportunistes. Yolanda Díaz n'a pas eu besoin de Tesh Sidi pour gagner des votes populaires en faveur de "l'indépendance du Sahara".
Sans même avoir atteint le parlement national, la jeune candidate fait déjà parler d'elle. La presse, qu'elle soit favorable au mouvement de Díaz ou moins favorable, la présente de manière trompeuse, mensongère et erronée. Voyons pourquoi.
"Tesh Sidi est (sera) le premier Sahraoui à entrer dans le corps législatif", veut-on nous faire croire. Un malentendu et un mensonge. Faux parce que dans les années 70, quatre citoyens des "Provinces espagnoles du Sahara" étaient membres des Cortes : Jatri Uld Said Uld Yumani, alors président de l'Assemblée générale du Sahara ; Seila Uld Abeida, président du Conseil du Sahara ; Suilem Uld Ahmed Brahim, maire de Villa Cisneros ; et Hamuadi Uld Ahmed Hamua, maire de Villa Cisneros. En d'autres termes, Tesh Sidi ne sera ni le premier, ni le plus représentatif.
L'affirmation ci-dessus est également erronée, car, si elle est élue, Tesh Sidi ne le sera pas en tant que Sahraouie (en réalité, elle n'est pas née au Sahara mais dans les camps de réfugiés de Tindouf, a été éduquée en Mauritanie et est venue en Espagne avec un laissez-passer algérien), mais en tant qu'Espagnole. Elle ne sera pas députée sahraouie, mais députée espagnole. Les députés espagnols sont ceux qui sont élus dans les régions autonomes de Catalogne, du Pays basque, de Galice, d'Andalousie et du reste. Les citoyens élus comme représentants aux Cortes sont tous espagnols, et c'est pour cette raison qu'ils sont élus. Les Galiciens, les Basques et les Catalans bénéficient d'un avantage supplémentaire, car ils sont issus de ce que l'on appelle les "nationalités historiques" (reconnues comme telles lors de la Seconde République), qui font partie intégrante de l'Espagne. Ce n'est pas le cas des Sahraouis, qui n'ont pas le statut de "nationalité historique" et dont le territoire ne fait pas partie de l'Espagne.
Le deuxième malentendu écrit dans la presse est "Tesh Sidi est membre du Polisario". Ce n'est pas le cas. Elle est simplement invitée aux congrès de la formation indépendantiste, comme d'autres militants des territoires de l'ancienne colonie espagnole qui se sont rendus de Laayoune, Dakhla, Boujdour ou Casablanca à Alger avec un passeport marocain. Tesh Sidi s'est rendu à Tindouf pour assister au congrès du Polisario avec un passeport espagnol ; les autres invités ont voyagé avec des passeports marocains.
Si, comme il est écrit à tort, Tesh Sidi était "membre du Front Polisario", la commission officielle des nominations l'aurait empêchée de se présenter aux élections, car aucun citoyen espagnol membre d'une organisation armée luttant (légitimement ou non, peu importe dans ce cas) contre un gouvernement avec lequel l'Espagne entretient des relations diplomatiques, ne peut être membre du Parlement espagnol. Surtout si l'on tient compte du fait que le candidat aux Cortes susmentionné a obtenu la nationalité espagnole par résidence, et non en tant que "réfugié politique" ou "demandeur d'asile pour des raisons de persécution personnelle".
Tout ce puzzle montre clairement que les motifs qui ont conduit Yolanda Diaz à placer Tesh Sidi comme numéro trois pour Madrid sont encore étranges et, en tout état de cause, ne contribueront pas à augmenter le nombre de voix pour la candidate Yolanda Diaz.