Israël répond au Hezbollah en lançant une nouvelle offensive, ce qui aggrave les tensions avec le Liban

La flamme du front israélo-libanais est ravivée deux ans après le dernier assaut. Le différend historique entre Israël et le Liban est entré dans une nouvelle phase après les frappes aériennes de cette semaine. L'affrontement intervient également dans un climat d'incertitude et d'instabilité pour Beyrouth, alors que le nouveau Premier ministre tente de trouver une issue à la crise dévastatrice, et dans un scénario inexploré pour le leader juif encore novice, Naftali Bennett, et le nouveau gouvernement de coalition israélien, bien que déjà en place lors du conflit de Gaza en mai.
Alors que la société libanaise commémorait mercredi le premier anniversaire de la brutale explosion dans le port de Beyrouth, trois obus ont été tirés en direction d'Israël à quelques kilomètres de la capitale. L'un d'eux a été intercepté par Dôme de fer, un autre a atterri dans la ville frontalière de Kiryat Shmona, sans faire de victimes, et le troisième a atterri sur le sol libanais. Aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité, bien que le porte-parole de l'État d'Israël en langue arabe, Avichai Adraee, ait reproché à l'exécutif libanais d'avoir autorisé l'offensive.

"Aujourd'hui aurait pu être un jour normal à Kiryat Shmona, en Israël. Les familles se sont réunies, les enfants ont joué dehors et les gens ont profité de l'air frais. Jusqu'à ce qu'ils soient obligés de courir vers des abris anti-bombes lorsque leur ville a été la cible de tirs de roquettes en provenance du Liban", ont rapporté les Forces de défense israéliennes (FDI). Le son des alarmes a fait réagir les habitants qui ont couru vers les abris. Israël a rapidement coordonné sa réponse.
Les FDI ont répondu en tirant 92 obus sur des zones du sud du Liban, selon l'armée libanaise. L'attaque, combinée à des températures élevées et à des vents forts, aurait provoqué plusieurs incendies dans le village de Rashaya al-Fukhar et ses environs. Le président libanais Michel Aoun a qualifié les offensives israéliennes de "violation flagrante et dangereuse de la résolution 1701 du Conseil de sécurité". Cette résolution établit une discipline de cessez-le-feu, mais parmi ses points, elle décrète également le "désarmement" de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah. Le Hezbollah est un acteur qui est intervenu dans le conflit.

L'escalade a finalement explosé à la fin de cette semaine, lorsque la milice chiite a décidé de prendre les choses en main. Le Hezbollah a tiré une douzaine d'obus sur Israël tôt ce vendredi en réponse aux bombardements effectués par les FDI jeudi, selon Al Manar, une chaîne de télévision liée au groupe. L'offensive a touché les fermes de Chebaa, une zone de terres disputées entre Israël et le Liban sur le plateau du Golan, juste à la frontière entre les deux pays. La zone est occupée par Israël, mais n'appartient pas au Liban mais à la Syrie, selon l'ONU.
Une partie de l'attaque de la milice islamique a été interceptée par le " Dôme de fer ", tandis que les autres obus sont tombés sur des zones non peuplées et n'ont pas fait de victimes ni de dégâts matériels. Israël a immédiatement réagi par des tirs d'artillerie, comme l'a annoncé Tsahal sur Twitter : "En réponse aux plus de dix roquettes qui viennent d'être tirées sur Israël depuis le Liban, nous frappons les points de lancement de roquettes au Liban".
Israël attend que Bennett convoque les hauts responsables de la sécurité. Le Premier ministre rencontrera dans les prochaines heures le ministre de la Défense Benny Gantz et le chef de l'armée Aviv Kohavi pour définir la feuille de route, selon le Times of Israel. Le nouveau gouvernement, composé de huit formations politiques, n'a eu aucun répit depuis sa formation. Le Liban, un pays dans une situation critique, a été ajouté à la liste des fronts ouverts.
Le conflit a été déclenché par une série d'attaques dirigées contre Israël depuis la frontière libanaise à la fin du mois de juillet. Les médias locaux ont attribué ces attaques à des groupes palestiniens opérant dans le sud du Liban avec le soutien du Hezbollah. La réponse d'Israël s'est alors limitée à une série de menaces proférées par l'homme fort du gouvernement, qui n'ont pas suffi à étouffer les actions dans l'œuf.
Les relations diplomatiques entre Israël et le Liban sont inexistantes. En fait, les deux pays sont techniquement en guerre depuis juillet 2006, date à laquelle un conflit militaire de 37 jours a éclaté. L'accord de cessez-le-feu conclu à l'époque sous l'égide des Nations unies n'a pas permis de faire respecter tous les points énoncés. Le déploiement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) est l'une de celles qui ont été menées à bien, des forces qui craignent une escalade des tensions : "La situation est très grave et nous appelons toutes les parties à cesser le feu".
La zone frontalière a été contestée au cours des derniers mois. L'absence d'accord sur la démarcation d'une frontière est l'une des raisons qui, avec les frontières maritimes non définies, opposent Israël et le Liban. Ce dernier connaît également une crise sociale, politique et économique d'une ampleur historique.