Neuf partis politiques marocains, dont plusieurs de l'opposition, ont signé un communiqué critiquant le comportement de l'Espagne dans l'affaire du Ghali

Continúa la crisis diplomática entre España y Marruecos

AFP/FADEL SENNA - Le Premier ministre du Maroc, Saad Eddine el-Othmani, et le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez

Depuis que le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, est arrivé en Espagne pour recevoir des soins médicaux, les liens entre Rabat et Madrid se sont sensiblement distendus. Le gouvernement marocain reproche à l'Espagne de ne pas avoir prévenu les autorités compétentes de l'arrivée de Ghali. De même, depuis le royaume, on considère que la justice espagnole n'agit pas correctement, bien qu'elle connaisse les plaintes documentées contre le leader du Polisario. Ghali est accusé de violations des droits de l'homme en Espagne, ce qui explique qu'il soit entré dans le pays avec de faux papiers.

Après les reproches du gouvernement marocain, la colère envers l'Espagne s'est reportée sur d'autres partis politiques du pays. Neuf formations politiques marocaines, la plupart de l'opposition, ont signé une déclaration commune critiquant l'Espagne. Dans cette note, ils qualifient le comportement de l'Espagne d'"inacceptable et provocateur". Depuis le début de la crise entre les deux nations voisines, Madrid a répété que le séjour du Ghali dans le pays était dû à des "raisons humanitaires".

Atalayar_Parlamento Marruecos

Les neuf partis politiques rappellent également que l'Espagne "a souffert et souffre du séparatisme et de ses conséquences néfastes pour sa stabilité et son unité". Ils soulignent également qu'"aucun parti marocain n'a enregistré de positions ou d'actions en faveur de la thèse de la sécession". Ce n'est pas la première fois que le royaume fait allusion à la question catalane pour la comparer à l'affaire du Ghali. Récemment, le ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que Rabat avait rejeté "tout contact et toute interaction" avec les dirigeants pro-indépendance. "On ne manœuvre pas dans le dos de ses partenaires", a-t-il déclaré.

Les formations politiques marocaines, qui espèrent que l'Espagne changera de comportement avec le Ghali, font appel aux "forces vives" du pays pour imposer la "voix de la sagesse". Le communiqué souligne le maintien des intérêts communs et la correction des dommages causés aux relations bilatérales.

La note commune est signée par le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement, et ses alliés au Parlement : le Rassemblement national des indépendants, l'Union socialiste des forces populaires, le Mouvement populaire et l'Union constitutionnelle.

En outre, il est également approuvé par l'opposition : le Parti authenticité et modernité (PAM), l'Istiqlal, Progrès et socialisme et la formation de gauche minoritaire du Parti socialiste unifié. En d'autres termes, l'ensemble du spectre politique marocain condamne le comportement de l'Espagne et soutient le roi Mohammed VI.

Atalayar_Nasser Bourita

De son côté, l'Espagne, empêtrée dans cette crise diplomatique, préfère ne pas répondre aux dernières actions du Maroc. La ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, s'en tient "à ce qui a été dit jusqu'à présent", justifiant que "l'Espagne n'a absolument rien à ajouter". Auparavant, le ministre avait assuré que si la justice espagnole considère que le Ghali doit comparaître, "ce ne sera pas le gouvernement qui s'y opposera".

Ghali a été inculpé par le juge de l'Audiencia Nacional, José de la Mata en 2016. Le chef du Polisario est accusé de crimes de génocide, de meurtres, de tortures et de disparitions. Ces crimes auraient été commis contre la population sahraouie dissidente dans les camps de Tindouf en Algérie. Des organisations telles que l'Association Sahraouie pour la Défense des Droits de l'Homme (ASADEDH), l'Association Canarienne des Victimes du Terrorisme (ACAVITE) ou le Forum Sahraoui Canarien ont condamné le séjour de Ghali en Espagne et ont demandé son arrestation.

Atalayar_Brahim Ghali

La Cour nationale a fixé la comparution de Ghali au 1er juin. Toutefois, des sources juridiques ont déclaré à Efe qu'elles doutaient que ce processus puisse être mené à bien en raison de l'état de santé délicat du Ghali. La convocation au tribunal aurait eu lieu le 5 mai, mais le juge a ordonné de confirmer que l'homme hospitalisé correspond à l'identité du leader du Polisario.