L'opposition affirme avoir 172 voix pour démettre Imran Khan de ses fonctions

La motion de censure contre le charismatique premier ministre pakistanais est admise au vote

photo_camera AFP/AAMIR QURESHI - Le premier ministre du Pakistan, Imran Khan (C), à son arrivée pour s'adresser aux partisans du parti au pouvoir, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), lors d'un rassemblement à Islamabad, le 27 mars 2022. AFP/AAMIR QURESHI

Le dernier lundi de mars, une motion de défiance contre le Premier ministre Imran Khan, au pouvoir depuis 2018 et doté d'un mandat de cinq ans, a été admise au Majlis-e-Shoora, la chambre législative basse du Pakistan. L'opposition au gouvernement, dirigée par Shehbaz Sharif et réunissant les principaux partis d'opposition au sein de la coalition du Mouvement démocratique du Pakistan (PDM). La motion de défiance doit être débattue le jeudi 31 mars, avec un vote attendu dans les sept prochains jours, et nécessite 172 voix pour être adoptée.

Khan est passé du statut de collaborateur de Pervez Musharraf à celui d'opposant, au crépuscule du régime militariste (2008). Avec un profil très charismatique et populiste, il est devenu une figure notable de l'opposition au régime. 

 Los legisladores de la oposición pakistaní lanzaron el lunes una moción de censura contra el primer ministro Khan en el parlamento con la esperanza de destituir al gobierno de Khan en medio de las acusaciones de que ha gestionado mal la economía de la nación PHOTO/AP

Le fait d'être un ancien joueur du sport le plus suivi du pays, le cricket, lui a apporté une grande renommée et une grande fortune qui ont fait de lui une figure très reconnaissable. Associé à un séjour en prison pour son opposition politique, Khan est devenu le mélange parfait pour un leader attirant. 

Ses positions nationalistes et libérales, couplées à une campagne et une communication très personnalisée qui s'attaquent à la corruption et à l'injustice sociale, lui ont permis de prendre le pouvoir en 2018 avec 155 sièges pour son parti Pakistan Tehreek-e-Insaaf (PTI). 

Simpatizantes de la Jamiat Ulema-e-Islam-Fazal (JUI-F) corean eslóganes y agitan palos durante una concentración antigubernamental organizada por el Movimiento Democrático de Pakistán (PDM), una alianza de partidos políticos de la oposición, después de que el parlamento aceptara una moción de censura presentada por legisladores de la oposición en un intento de destituir al primer ministro Imran Khan REUTERS/AKHTAR SOOMRO

Cependant, la crise économique au Pakistan a provoqué une forte inflation qui a valu au Premier ministre Khan des reproches à la Chambre basse. Le Premier ministre a construit toute sa campagne électorale en 2018 sur le postulat que les caisses publiques ne seraient plus endettées par des prêts étrangers pour mettre fin au cercle vicieux des déficits dont souffre le Pakistan. Malgré cela, le gouvernement de Khan a contracté un prêt de 6 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international en 2019.

Les difficultés de remboursement des prêts font grimper les prix au Pakistan. Le panier de la ménagère ( CPI) est en hausse depuis la pandémie pour s'établir à 160,61 points selon le Bureau pakistanais des statistiques, avec 145,09 points en avril 2021. C'est un problème qui pèse sur le pays depuis des années, au même titre que son taux d'inflation, qui s'élevait à 12,5 % à la fin du mois de mars.

En outre, la situation politique difficile du Pakistan, nation fédéraliste divisée en cinq grandes régions, a toujours été une épine dans le pied du PTI, qui bénéficie d'un faible soutien local, contrairement aux partis traditionnels de la coalition PDM. En plus de cette situation dans le pays, le PTI a souffert d'une certaine instabilité ces dernières années, ce qui a conduit 12 députés du PTI à affronter directement Imran Khan, et qui pourrait être la clé de la victoire de l'opposition lors du vote sur la motion de défiance dans la première semaine d'avril. 

Khan, qui a annoncé la semaine dernière qu'il ne démissionnerait pas, a tenté de consolider le soutien de ses partenaires en échangeant le pouvoir au Pendjab, la plus grande région fédérale du Pakistan, jusqu'à présent occupé par un président et un gouverneur du PTI. Au Pendjab, on trouve Shehbaz Sharif (PDM), qui s'est présenté aux élections régionales contre Usman Buzdar et a perdu. 
 

Maryam Nawaz Sharif, en el centro, líder del Movimiento Democrático de Pakistán, una alianza de partidos de la oposición, en el centro, asiste a un mitin, en Islamabad, Pakistán, el lunes 28 de marzo de 2022 AP/RAHMAT GUL

Usman Buzdar était le choix de la direction du PTI pour les élections au Pendjab, et malgré sa victoire aux élections régionales, sa nomination a provoqué le mécontentement du parti. Le 28 mars, Usman Buzdar a démissionné de son poste de président du Pendjab à la demande du chef du parti, Imran Khan. 

Le Premier ministre Khan semble prêt à se battre pour le gouvernement pakistanais et tant son parti que les partis d'opposition appellent à de grandes mobilisations dans tout le pays.  L'opposition appelle également à de longues marches depuis les capitales régionales et provinciales jusqu'à Islamabad, la capitale du Pakistan. Parmi elles, la colonne de Lahore, capitale du Pendjab, dirigée par Nawaz Sharif, ancien premier ministre et figure de proue de l'opposition à Khan. 

Activistas y simpatizantes del partido gobernante Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) llegan para asistir a un mitin junto a una valla publicitaria con una imagen del primer ministro de Pakistán, Imran Khan, en Islamabad el 27 de marzo de 2022 AFP/FAROOQ NAEEM

Le PTI a été accusé de manipuler certaines données concernant son soutien dans la rue, comme le rapporte la chaîne d'information Al-Jazeera, dont l'équipe de reporters au Pakistan raconte comment elle s'est vu refuser l'accès aux manifestations et aux rassemblements de soutien à Imran Khan. Le soupçon est que le PTI ne veut pas que des preuves réelles ou étrangères du nombre de supporters assistant à ses rassemblements soient enregistrées.

Dans ses apparitions dans les médias et ses communiqués, Imran Khan a dénoncé la motion de censure comme une intrusion étrangère aux motifs obscurs, dans l'intention de renforcer les sentiments et le soutien des nationalistes pakistanais. 

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