Moscou accueillera un sommet entre la Syrie, la Turquie et l'Iran afin de rétablir les liens entre Damas et Ankara

La Russie veut servir de médiateur pour la réconciliation entre la Turquie et la Syrie

photo_camera AFP PHOTO/HO/SYRIAN PRESIDENCY TELEGRAM PAGE - Le président syrien Bachar al-Assad serre la main de son homologue russe Vladimir Poutine au quartier général des forces russes à Damas

La Syrie redéfinit son avenir. Le gouvernement de Bachar al-Assad, en plus de remanier son cabinet en y ajoutant jusqu'à quatre portefeuilles, repense ses relations avec Ankara à l'occasion d'une réunion prévue à Moscou entre les vice-ministres des affaires étrangères de la Syrie, de l'Iran et de la Turquie. L'insistance du président russe Vladimir Poutine à négocier la fin de la guerre en Syrie prend aujourd'hui un nouvel élan

Deux semaines à peine se sont écoulées depuis que le président syrien a débarqué dans la capitale russe avec une importante délégation ministérielle pour redéfinir de nouvelles positions dans la région, profitant du climat de réconciliation parrainé par la Chine à la suite des accords entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Après des préliminaires flatteurs entre les partenaires Al Assad et Poutine, la visite s'est concentrée sur la fin effective de la guerre syrienne lors d'une réunion quadripartite entre les vice-ministres des Affaires étrangères de Syrie, d'Iran, de Turquie et de Russie. Cette même réunion devrait se répéter les 3 et 4 avril, sous le prétexte d'une rencontre directe entre Al Assad et Erdogan. 

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Les avantages pour les trois pays sont évidents. Pour la Russie, la fin du conflit permettrait de retrouver un rôle international plus pressant - désormais porté par Xi Jinping - et de renforcer, entre autres, les seules bases militaires russes en Méditerranée dont s'accommode le régime d'Al Assad. Pour la Turquie, ou plutôt pour Erdogan, c'est une bouée de sauvetage avant les élections présidentielles de mai, et un affaiblissement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui profite des gisements de pétrole en territoire syrien. Mais le grand bénéficiaire sera le successeur d'Hafez el-Assad. 

La guerre qui fait rage en Syrie depuis 2011 a coûté à Assad une grande partie de sa production pétrolière et une crise économique quasi perpétuelle. Une situation que le président veut inverser en remaniant, comme il l'a déjà fait, quatre portefeuilles de son cabinet : de nouveaux ministres du Pétrole, du Commerce, de l'Industrie et des Affaires sociales. Le plus grand remaniement depuis qu'il a été élu pour un nouveau mandat de sept ans en 2021. 

Si les efforts pour minimiser l'impact ont jusqu'à il y a quelques mois été avortés, depuis le tremblement de terre de février dernier, Damas en est curieusement sorti renforcé. Outre le fait que le séisme a frappé de plein fouet la zone contrôlée par les opposants au régime, plusieurs pays arabes qui maintenaient jusqu'alors un boycott ont décidé de reprendre leurs relations diplomatiques.  

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Pour la première fois depuis 2011, un avion saoudien transportant des tonnes d'aide pour le tremblement de terre a atterri sur le territoire syrien, à Alep. Pour la première fois également, un ministre jordanien des Affaires étrangères s'est rendu à Damas, après un ministre émirati. Oman et l'Egypte avaient déjà fait un pas en avant. 

Quoi qu'il en soit, Assad exclut toute rencontre avec Erdogan tant que la Turquie n'aura pas mis fin à son "occupation illégale" de la Syrie, comme il l'a déclaré à Sputnik lors de sa récente interview à Moscou. Bien qu'Ankara réitère son "soutien à la souveraineté et à l'intégrité de la Syrie", elle occupe de vastes zones dans le nord et le nord-ouest du pays, comme Idlib, où elle soutient les opposants au régime syrien. 

Quoi qu'il en soit, la prochaine réunion quadripartite organisée par le Kremlin et présidée par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, donnera un nouvel élan à la normalisation des relations entre Ankara et Damas. Mais ce à quoi aucune réunion ne peut remédier, c'est à l'opposition intérieure à Al-Assad. 

Le 15 mars, 12 ans seulement après le début des manifestations antigouvernementales contre le président syrien qui se sont soldées par une guerre, des centaines de manifestants ont protesté contre le régime de Bachar el-Assad dans la province d'Idlib, tenue par l'opposition. Le conflit a fait jusqu'à présent plus de 600 000 morts, 13 millions de réfugiés et a déclenché une alerte à la famine à grande échelle.