L'Algérie lance un avertissement à la France pour des manœuvres militaires avec le Maroc près de sa frontière

Abdelmadjid Tebboune, président de l'Algérie, et Ahmed Fattah, ministre algérien des Affaires étrangères, lors du 38e sommet du Conseil africain de paix et de sécurité de la région MENA - PHOTO/ MINISTÈRE DE LA COMMUNICATION DE L'ALGÉRIE
Alger qualifie ces manœuvres d'action « provocatrice »

Les tensions diplomatiques entre l'Algérie et la France se sont à nouveau intensifiées après l'annonce des exercices militaires conjoints « Sharki 2025 » entre la France et le Maroc, prévus en septembre dans la région de Rachidia, près de la frontière algérienne. L'Algérie a qualifié ces manœuvres de « provocation » qui pourrait encore aggraver les relations avec la France et affecter la stabilité régionale.

Le gouvernement algérien, par l'intermédiaire du ministère des Affaires étrangères, a exprimé son inquiétude face à ces exercices militaires. Le secrétaire général du ministère, Lounes Magramane, a rencontré l'ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, pour aborder la question. Au cours de la rencontre, M. Magramane a souligné le risque que ces manœuvres représentent pour la stabilité de la région et a averti qu'elles pourraient exacerber la crise diplomatique existant entre les deux pays.


Magramane a demandé à la France de clarifier officiellement sa position concernant « Sharki 2025 » et a demandé à l'ambassadeur de transmettre les préoccupations algériennes à son gouvernement. Il a souligné que ces actions pourraient avoir des conséquences plus dangereuses dans un contexte déjà tendu.

Un contexte de relations fragiles

Les tensions entre l'Algérie et la France ne sont pas nouvelles et ont été alimentées par de multiples facteurs, notamment l'accord migratoire de 1968, les récentes déclarations de responsables français sur l'Algérie et le refus du régime algérien de coopérer sur des questions consulaires clés. La planification de « Sharki 2025 » s'ajoute à cette série de désaccords, ce qui a suscité une vive réaction de la part du gouvernement algérien.

Emmanuel Macron (à droite) avec le prince Moulay Hassan (au centre) du Maroc et le roi Mohamed VI (à gauche) du Maroc - REUTERS/ YVES HERMAN 

L'exercice « Sharki 2025 », qui est le deuxième du genre, devrait débuter le 22 septembre 2025 dans la région de Rachidia, à moins de 100 kilomètres de Béchar, à la frontière sud-ouest de l'Algérie. L'initiative a été coordonnée lors d'une réunion au siège de l'inspection militaire française à Salé, au Maroc, les 22 et 23 mai 2024, dans le but de synchroniser les ressources et les équipements des deux nations. La formation se déroulera dans des installations spécifiques, telles que le Centre de formation d'artillerie (CTM) « Rahmat Allah » et « Afrido ».

Le gouvernement algérien considère que la proximité de ces exercices avec sa frontière constitue une menace directe pour sa sécurité et un facteur de déstabilisation pour la région. En ce sens, l'avertissement adressé à la France souligne la gravité avec laquelle l'Algérie perçoit ce manœuvre militaire et son impact potentiel sur les relations bilatérales déjà délicates.