La France va auditer tous les accords qu'elle a conclus avec l'Algérie

- Révision de l'accord de 1968
- Une insulte à l'Algérie
- La France et son influence au sein de l'Union européenne
Le Premier ministre français, François Bayrou, a confirmé, après la réunion du Comité interministériel sur le contrôle de l'immigration convoquée mercredi dernier, que « tous les accords entre Alger et Paris seront audités », après que des informations sur une éventuelle révision de ces résolutions aient été révélées.
🥛🇫🇷 INSOLITE - François Bayrou interrompt son discours sur l’Algérie pour chercher son verre d’eau… qui était pourtant juste devant lui. pic.twitter.com/DlmFp467Kn
— AlertesInfos (@AlertesInfos) February 26, 2025
Les relations entre les deux pays sont rompues. Cependant, l'attentat survenu à Mulhouse, vraisemblablement perpétré par un citoyen algérien résidant en France, a marqué un tournant et a servi de déclencheur à Bayrou pour affirmer catégoriquement qu'il demanderait au gouvernement algérien de revoir tous les accords signés et leur application.
En outre, une liste « urgente » des personnes qui doivent retourner dans leur pays sera présentée à l'exécutif algérien.
« Le drame de Mulhouse a été possible parce que cet Algérien avait un ordre d'expulsion et a été présenté pour son rapatriement à 14 reprises et à chaque fois, il a été rejeté par les autorités algériennes », François Bayrou.
De même, Bayrou a rappelé les nouvelles mesures générales qui renforceront le contrôle de l'immigration irrégulière par un déploiement accru de la surveillance aux frontières de l'archipel de Mayotte.
Révision de l'accord de 1968
Plusieurs mois se sont écoulés depuis que le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a demandé aux autorités algériennes de renforcer leur coopération en matière d'immigration. Ces demandes ont trouvé un écho particulier après l'emprisonnement de l'écrivain algérien Boualem Sansal.
Selon le traité de 1968, les citoyens algériens bénéficient d'un statut privilégié. Cependant, ces derniers mois, l'état des relations entre les deux pays a conduit les autorités françaises à qualifier cet accord d'« obsolète et préjudiciable » aux intérêts français.

Signé le 27 décembre 1968, l'accord avait pour avantage de faciliter l'octroi d'un permis de séjour de 10 ans aux citoyens algériens par rapport aux personnes de toute autre nationalité. À cet égard, Retailleau a précisé que l'état des relations franco-algériennes affecte pleinement la dignité française.
Une insulte à l'Algérie
De l'autre côté des rives de la Méditerranée, ces décisions unilatérales prises par la France ont été considérées comme une insulte par des sources proches du gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune, et font partie des prétendues « provocations » françaises.
À tel point que le ministère des Affaires étrangères a exprimé sa surprise face à la décision du Comité interministériel d'auditer tous les types d'accords entre les deux pays. La principale revendication de l'Algérie est que les autorités françaises n'ont pas communiqué la décision à l'Algérie, comme le stipule l'article 8 de l'accord franco-algérien sur l'exemption de visa qui a été renouvelé en 2013. Selon le ministère lui-même, ces actes visent à « tendre les relations entre les deux pays jusqu'à un point de non-retour ».

En conséquence, le Conseil de la nation a annoncé la suspension immédiate de ses relations diplomatiques avec les chambres parlementaires françaises, en particulier avec le Sénat français, après la visite du président Gérard Larcher dans la ville de Laayoune dans le Sahara occidental.
La France et son influence au sein de l'Union européenne
La fermeté dans la gestion des flux migratoires en Europe a gagné du terrain dans les débats du Parlement européen au cours des derniers mois.
L'intensification des actes criminels commis par des ressortissants de pays tiers dont la situation n'était pas claire en raison de problèmes de retour dans leur pays d'origine a conduit la France à utiliser son influence au sein de l'Union pour exhorter, dans ce cas, l'Algérie à accepter ses propositions dans le cadre de leurs relations bilatérales.

Bien que l'Union ne mentionne aucun pays en particulier, plusieurs pays ont évoqué un durcissement des politiques de libre circulation et d'asile. C'est dans ce contexte que les déclarations du Premier ministre français démontrent l'intention de l'exécutif français de se rapprocher de ses partenaires de l'Union.