Le gouvernement algérien émet des réserves sur la déclaration de Rabat adoptée lors d'une conférence mondiale au Maroc

L'Algérie recule sur la protection des droits de ses réfugiés

Campamento de refugiados saharauis en Tinduf, al sur de Argelia - REUTERS/ZOHRA BENSEMR
REUTERS/ZOHRA BENSEMR - Camp de réfugiés à Tindouf, dans le sud de l'Algérie

Le Maroc a accueilli la "Troisième consultation mondiale sur la santé des réfugiés et des migrants", un événement organisé par le ministère marocain de la Santé en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les participants à la conférence ont salué le rôle du Maroc en tant que "promoteur et protecteur des droits des réfugiés et des migrants en adoptant un Cadre Politique pour les Etats et sa volonté d'améliorer la santé des réfugiés en partenariat avec les différents gouvernements, les organisations internationales et régionales, le secteur privé...".  

L'objectif de cette consultation mondiale était d'obtenir un soutien politique pour faire progresser les engagements mondiaux et l'élaboration de politiques visant à améliorer la santé et le bien-être des réfugiés et des migrants accueillis dans les pays, et d'identifier, de discuter et d'établir des environnements sûrs et de mettre en œuvre des actions aux niveaux local, national et régional.  

Au cours de cette réunion de haut niveau, à laquelle ont participé 48 États membres des Nations unies, des observateurs, des organisations de réfugiés et d'aide humanitaire et des agences des Nations unies, la "Déclaration de Rabat sur la santé des réfugiés et des migrants" a été adoptée. L'objectif de la Déclaration est d'inclure les migrants et les réfugiés dans les systèmes de santé nationaux afin de prévenir les causes qui influencent négativement leur santé et d'inclure des considérations de santé et de protection sociale dans les politiques nationales relatives aux réfugiés et aux migrants sur la base de leur droit fondamental "de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d'être atteint". 

Les consultations organisées par la conférence ont abouti à la conclusion que "les pays accueillant des réfugiés devraient assurer leur protection en autorisant le HCR à les compter et à les enregistrer". L'Algérie l'a d'abord accepté, mais elle est ensuite devenue le seul Etat à émettre une réserve sur le recensement des réfugiés accueillis sur son territoire comme principe supérieur de protection de leurs droits, ce qui constitue une violation d'une norme de droit international dite "jus cogens", c'est-à-dire une norme acceptée par l'ensemble de la communauté internationale qui n'admet pas d'accord contraire et qui ne peut donc être modifiée que par une norme internationale de même nature.  

FOTO/FILE - ONU
FOTO/FILE - UN

Les violations par l'Algérie de ses engagements internationaux ne sont pas nouvelles si l'on tient compte des appels constants des Nations unies l'exhortant à "donner la priorité à ses efforts pour améliorer la promotion et la protection des droits de l'homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf..." comme le stipule la résolution 2654 du Conseil de sécurité de 2022. Depuis 2011, l'ONU demande à Alger de recenser les habitants des camps de réfugiés de Tindouf, soupçonnant que les chiffres et les indicateurs sont manipulés après que les Algériens ont refusé de les identifier et de les enregistrer. Le Programme alimentaire mondial a également exprimé son inquiétude et ses soupçons quant à la vente et au transfert de l'aide humanitaire hors des camps et vers les pays voisins.

Le HCR rapporte qu'environ 170 000 réfugiés sahraouis vivent dans les camps de Tindouf, où beaucoup vivent depuis plus de 40 ans au milieu du désert dans des conditions climatiques difficiles qui rendent la production agricole difficile, les obligeant à dépendre de l'aide humanitaire pour survivre. De son côté, l'Algérie maintient ses réfugiés dans les camps, les empêchant de se déplacer librement comme le leur permet la carte de réfugié du HCR.  

Le représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU considère que cette fraude de la part de l'Algérie est due au manque d'identification et surtout d'enregistrement des migrants et des réfugiés dans les camps, ce qui est dû au fait que le gouvernement algérien a déjà donné des chiffres erronés en exagérant le nombre de personnes hébergées dans les camps, selon des experts marocains.