Le département d'État américain a mis à jour sa liste de surveillance spéciale des pays qui "commettent ou tolèrent de graves violations de la liberté de religion"

L'Algérie réintègre la liste des pays qui autorisent les violations de la liberté religieuse

PHOTO/FILE - Bandera de Argelia
PHOTO/FILE - Drapeau de l'Algérie

L'Algérie est à nouveau dans le collimateur de Washington pour ses violations de la liberté religieuse. Le Département d'Etat américain a de nouveau placé le pays dirigé par Abdelmajdid Tebboune sur sa liste de surveillance spéciale. Le secrétaire d'État Antony Blinken a lui-même sévèrement critiqué l'Algérie pour ses "graves violations" de la liberté religieuse, ce qui n'a pas été bien perçu à Alger.

  1. L'Algérie s'indigne des accusations de manque de liberté religieuse
  2. Qui figure sur la liste de surveillance spéciale ?
  3. Nouveau revers pour l'image de l'Algérie à l'étranger

L'Algérie s'indigne des accusations de manque de liberté religieuse

De hauts responsables du gouvernement Tebboune n'ont pas tardé à réagir à ce qu'ils considèrent comme des informations "fausses et inexactes", en référence aux propos de M. Blinken. Le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a même appelé le secrétaire d'Etat américain pour reprocher à Washington "d'omettre les efforts consentis par l'Algérie pour consacrer le principe de la liberté de croyance et de pratique religieuse".

AFP/ODD ANDERSEN - Ahmed Attaf, ministro de Asuntos Exteriores de Argelia
AFP/ODD ANDERSEN - Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères

En effet, Attaf a souligné la disponibilité de son pays à recevoir "l'ambassadeur itinérant des Etats-Unis pour la liberté religieuse dans le monde afin de clarifier les faits et l'engagement effectif de l'Algérie". Cependant, cela n'élude pas la réalité algérienne, qui a conduit les Etats-Unis à renvoyer le pays sur une liste où il figurait déjà en décembre 2022.

Les rapports 2020 sur la liberté religieuse ont placé Alger sur la liste de surveillance spéciale il y a un peu plus d'un an, une situation similaire à celle d'aujourd'hui. Le rapport de l'ONG Portes Ouvertes s'est montré très préoccupé par le traitement des chrétiens en Algérie. Selon Portes Ouvertes, les chrétiens sont "limités" dans la manière dont ils peuvent exercer leur foi et subissent des niveaux élevés de "harcèlement et de discrimination".

AFP/ANGELA WEISS - El presidente argelino Abdelmadjid Tebboune se dirige a la 78ª Asamblea General de las Naciones Unidas en la sede de la ONU en Nueva York el 19 de septiembre de 2023
AFP/ANGELA WEISS - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'adresse à la 78e Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2023

Qui figure sur la liste de surveillance spéciale ?

Outre l'Algérie, le département d'État américain a ajouté quatre nouveaux pays à la liste. L'Azerbaïdjan, la République centrafricaine, les Comores et le Viêt Nam rejoignent la liste croissante des pays qui "commettent ou tolèrent de graves violations de la liberté de religion".

La liste complète comprend la Birmanie, la République populaire de Chine, Cuba, la République populaire démocratique de Corée (RPDC), l'Érythrée, l'Iran, le Nicaragua, le Pakistan, la Russie, l'Arabie saoudite, le Tadjikistan et le Turkménistan. Tous ces pays, selon les États-Unis, "sont particulièrement préoccupants" en termes de liberté religieuse.

La dernière déclaration publiée par le département d'État affirme que l'objectif est de parvenir à "un monde où tous les peuples vivent dans la dignité et l'égalité". Les États-Unis affirment par ailleurs avoir un engagement historique en faveur de la liberté de pensée : "La promotion de la liberté de religion ou de conviction a été un objectif fondamental de la politique étrangère des États-Unis depuis que le Congrès a adopté et promulgué la loi sur la liberté religieuse internationale en 1998".

PHOTO/FILE - Argelia y Marruecos
PHOTO/FILE - Algérie et Maroc

Nouveau revers pour l'image de l'Algérie à l'étranger

La désignation de l'Algérie sur cette liste a suscité un vif mécontentement au sein de son exécutif, conscient du préjudice qu'elle pourrait causer à l'image du pays. Surtout à un moment où l'Algérie cherche à rivaliser avec le Maroc pour le leadership régional, ce qui devient de plus en plus compliqué au fur et à mesure que les échecs d'Alger se multiplient.

La situation actuelle du gouvernement Tebboune n'est pas optimiste à cet égard. Aux différents fronts dans lesquels l'Algérie se trouve plongée, s'ajoutent la position de plus en plus forte de son rival marocain et sa proximité avec les Etats-Unis. Alors que l'Algérie est de plus en plus fragilisée par, dans des cas comme celui-ci, ses attitudes anti liberté religieuse, Rabat est plus proche de la Maison Blanche et donc plus proche de renforcer son leadership en Afrique du Nord et au Maghreb.