Le Premier ministre soudanais subit une tentative d'assassinat

Le Premier ministre du Soudan, Abdallah Hamdok, a été victime d'une tentative d'assassinat lundi dans la capitale du pays, Khartoum. Selon l'agence de presse d'État SUNA, une explosion a eu lieu à 9 heures du matin, heure locale, à l'entrée du pont Kober, situé au nord de la capitale, au moment où le Chef du gouvernement se rendait à son bureau dans un véhicule officiel.
Abdallah Hamdok « est bien, en bonne santé et exerce ses fonctions comme d'habitude », selon la SUNA, et il n'y a eu aucun décès, bien que des dégâts matériels aient été signalés. Plusieurs voitures ont été endommagées par l'explosion. Jusqu'à présent, aucun groupe n'a revendiqué l'attaque.
Le Premier ministre lui-même a posté sur son compte Twitter qu'il est « en bonne santé » et que ce qui s'est passé « n'empêchera pas la révolution soudanaise d'aller de l'avant » car « c'est une révolution protégée par sa tranquillité ». « Nous avons déjà payé un prix élevé pour réussir, avec beaucoup de sang, à assurer un avenir meilleur et une paix durable », a déclaré M. Hamdok.

La Déclaration des forces de liberté et de changement (DFCF/FCC), la coalition civile qui est entrée dans la gouvernance du pays africain après des mois de protestations et de négociations ultérieures, a publié une déclaration condamnant la tentative d'assassinat du premier ministre civil dans l'histoire récente du pays : « Cette attaque terroriste est une extension des forces d'apostasie pour attaquer et faire avorter la révolution soudanaise, et ces tentatives ont été brisées une par une pour sauver le pouvoir de notre grand et indomptable peuple [...] En ce moment critique de l'histoire, nous confirmons que seule la force du peuple fera avorter les tentatives de vaincre la révolution », a rapporté l'agence de presse de l'Etat.
La note se termine en appelant les Soudanais à descendre dans la rue pour « faire preuve d'unité et de cohésion » et à « protéger l'autorité de transition afin que les tâches de la révolution puissent être menées à bien ». « Notre révolution est passée et gagnera », conclut le communiqué.

M. Hamdok a été nommé Premier ministre en août dernier, un mois après la signature de l'accord entre le Conseil militaire - l'organe au pouvoir après le coup d'État qui a forcé l'ancien président Omar al-Bachir à quitter le pouvoir en avril - et la DFCF. Le pacte prévoyait la création d'un Conseil souverain, actuellement dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhan, d'un Conseil législatif, encore en cours de composition, et d'un Conseil des ministres, présidé par M. Hamdok à la tête de l'exécutif. Cependant, le nouveau cours politique a commencé le 1er septembre 2019.
Au cours de ces presque sept mois, le Soudan a réalisé des progrès qui semblaient inimaginables jusqu'alors : la signature de pactes avec les principaux groupes rebelles, notamment dans la région du Darfour, pour ouvrir la voie à la paix ; les projets visant à retirer le Soudan de la liste des commanditaires du terrorisme et à retrouver ainsi l'accès aux financements internationaux ; ou encore les politiques successives qui ont été adoptées pour éradiquer la présence et l'influence de l'organisation des Frères musulmans, apparue en Égypte, dans le pays.
Sur ce dernier point, il convient de noter que ce samedi, M. Al-Burhan et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi ont eu une conversation téléphonique au cours de laquelle les deux dirigeants ont convenu de poursuivre la « coordination conjointe » sur toutes les questions régionales et celles d'intérêt commun, comme le rapporte le Daily News Egypt local. Le chef du conseil souverain soudanais a, pour sa part, salué « le soutien sans faille de l'Égypte pour préserver la sécurité et la stabilité du Soudan, ainsi que son appui au succès de la période de transition actuelle et aux efforts mutuels pour renforcer les liens de coopération conjointe entre les deux pays ».

Entre-temps, le dirigeant égyptien a réaffirmé « la position stratégique qui soutient la sécurité et la stabilité du Soudan et l'enthousiasme à poursuivre la coopération et la coordination dans toutes les archives d'intérêt mutuel, à la lumière des liens éternels qui unissent les peuples de la vallée du Nil ».